Première peur

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Une série de balles de revolver tombèrent une à une sur le sol. Dans un bruit fracassant, les armes se rechargeaient. Les Chevalier tranchaient les démons un à un. Des cris de douleur surgissaient des ténèbres. L'exorciste tourna la tête. Il était en sueur. Ce ne sont que des Naîades ! Pourquoi on a autant de mal ?! ...Si ça continue, toute l'équipe va y passer ! Il regarda à gauche, elles étaient toute près ! Il vida les deux pistolets sur chacune d'entre elles. Mais déjà, d'autres arrivaient et encerclaient la troupe. Épuisé, un des Aria s'effondra au sol. La barrière magique qui assurait la protection Est disparut et un amas de Naîades s'avança vers la brigade. Pourquoi elles sont si résistantes ? songea-t-il en inclinant un de ses canons vers la droite pour retarder un des démons de l'eau.

Un deuxième homme tomba. Puis un troisième. Ça n'en finit pas ! Elles ne sont pas normales !

« Monsieur Okumura ! appela un des Dragon, trois des Aria sont à terre ! Nous devons battre en retraite !

— J-Je sais ! » cria-t-il pour que sa voix couvre le bruit des coups de feu.

Le quatrième tomba à genoux. S'ils continuaient ainsi, ils allaient y laisser leur peau. Les Soigneurs récupérèrent en vitesse les blessés et Yukio ordonna :

« On se replie ! Je répète, on se replie ! »

Pourquoi cette mission était si difficile ? Ce n'étaient que de simples Naîades !

O ~ O ~ O

Yukio n'en croyait pas ses yeux. Les salles d'infirmerie étaient quasiment pleines ! Elles s'étaient remplies de blessés en une semaine à peine, du jamais vu depuis la bataille contre le Fujô-ô ! À la différence cette fois-ci que les blessures avaient été infligées par des démons de rang moyen voire même inférieur ! Jamais une telle chose ne s'était produite auparavant... Des dizaines de corps affaiblis, en sang, bandés au mieux possible pour assurer leur guérison. C'était une vision que Yukio ne voudrait plus jamais revoir. Une femme cracha du sang dans une quinte de toux. Deux Soigneur accoururent pour l'aider à respirer. Mais qu'on-t-ils affronté pour être dans cet état... ? Le jeune professeur grogna. L'Académie n'allait tout de même pas être entièrement décimée ! Il sentit quelque chose dans son dos, il se retourna.

« Certains membres du Conseil parlent d'une maladie, intervint le directeur Pheles.

— Une maladie ? Que les démons transmettraient aux hommes ?

— Non, pas exactement. Ils pensent que cette maladie infecterait directement les démons, les rendant de rang supérieur.

— D-De rang supérieur ?! Que voulez-vous dire ?

— Leur puissance serait presque décuplée, rendant le plus petit des Greenman dangereux. C'est un cas unique. Les scientifiques du Vatican ont émit l'hypothèse que ce virus serait alimenté par la Géhenne elle-même.

— La Géhenne ! s'écria Yukio, mais comment est-ce possible ? L-La porte ne s'est plus ouverte depuis que... !

— Vous oubliez quelque chose, les démons ont des liens directs avec la Géhenne, cette chose n'aurait par conséquent pas besoin de passer par la porte.

— Comment allons-nous en débarrasser... ? lança le garçon plus qu'inquiet. Même les meilleurs d'entre nous ne peuvent plus assurer la protection nécessaire...

— Le plus inquiétant reste à venir... quand le bouclier de l'Académie sera menacé... L'heure est grave.

— Est-ce qu'un antidote est déjà en phase de recherche ?

— Bien sûr, tous nos hommes y sont sollicités. »

C'est déjà ça... se rassura difficilement Yukio. Il quitta l'infirmerie pour se diriger vers les anciens dortoirs. Le soir tombait, plongeant l'Académie dans une atmosphère tranquille malgré les récents évènements. Le jeune exorciste ne parvenait pas à se changer les idées, si ce n'est que quelques minutes. Son esprit se reportait toujours vers les blessés, et les Naîades qu'il avait affronté l'autre soir. Même si l'équipe avait été remise sur pied depuis, sa peur ne faisait que grandir au fur et à mesure du temps, au fil des heures et des jours, il redoutait le moment où le bouclier de l'Académie serait en péril. Il soupira lourdement, s'efforçant de réguler un minimum son rythme cardiaque qui commençait à s'affoler sous toutes ses affreuses pensées.

Il poussa la porte de son dortoir. La lumière était déjà allumée, son frère avait dû rentrer depuis quelque temps avant lui. Sans un mot, il referma la porte d'entrée et se dirigea vers la salle de bains où il retira sa tenue de travail et enfila un vêtement plus décontracté. Il ouvrit le robinet d'où le liquide transparent et frais coula dans le creux de ses mains. Il se les passa sur le visage. Le froid lui fit un bien fou, même si ses idées n'étaient pas devenues claires pour autant. Vers quoi Assiah courrait, aussi lente soit sa course ?

Il rejoint son frère dans la chambre, celui-ci était occupé à jouer avec Kuro, son Caith Sith. Il s'arrêta lorsque son cadet franchit l'encadrement de la porte. Il le regarda tirer sa chaise pour s'attabler à son bureau et lire un livre – sûrement un livre d'étude. Rin vit que son frère n'était pas d'humeur à faire quoi que ce soit, cependant, il tenta sa chance.

« Euh... si tu as faim, j'ai préparé quelques trucs si tu...

— Je n'ai pas faim » coupa-t-il d'une voix grave.

« Qu'est-ce qui arrive à Yukio, à ton avis ? » demanda Kuro à son maître.

Il le regarda avec une expression sérieuse, le démon sut que c'était plus grave qu'il ne l'aurait cru. Rin se leva et mit une main amicale sur l'épaule de son frère. Celui-ci leva les yeux de sa lecture et replaça ses lunettes correctement sur son nez.

« Tu as vu les blessés, hein ? commença l'aîné.

— Rin... tu as vu ce carnage ? Tu as vu tous ses corps couverts de cicatrices qui ne s'en iront jamais... ? Je ne te cache pas que cela m'inquiète de plus en plus.

— Mais les scientifiques ont un remède, hein ? Ils l'ont affirmé... !

— Ils ne l'ont pas mis au point ! Ils viennent à peine de débuter les recherches ! L-Le temps qu'ils le mettent au point, le bouclier de l'Académie sera détruit ! Je...

— Hé ! Yukio ! Reprend-toi ! Tu vas pas laisser tomber, hein ? On est là nous ! On va tout faire pour que ça n'arrive pas, OK ? »

Rin prit son frère par les épaules et le regarda par-dessus celles-ci, un air déterminé inscrit sur son visage et un air totalement sérieux ornait ses iris bleus. Yukio sourit faiblement, il n'avait pas l'habitude de voir son frangin comme ça. Rin leva un pouce avec un sourire qui dévoilait ses canines anormalement grandes. Yukio se leva : finalement, il accepterait bien d'avaler quelque chose. Malgré la phrase de son frère qui l'avait radoucit, il ne lui demandait qu'une chose :

« Fais attention, on ne sait pas si la maladie peut infecter Kuro, il faut rester prudents de ce côté-là. »

Toujours le mot pour rire lui... ironisa Rin. Mais il a peut-être raison pour une fois... Le jeune homme jeta un œil vers le Caith Sith qui s'était roulé en boule sur son lit pour dormir. Il ne fut pas longtemps aux jumeaux pour en faire de même.

Mais lorsque Yukio retira ses lunettes pour se coucher, les pensées de la journée se mêlèrent à ses rêves pour venir lui gâcher sa nuit.

La seconde menaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant