La seconde menace

Expériences

Le jeune démon rentrait chez lui. La nuit tombante, il avait passé une autre journée tendue - comme toutes les autres -, en compagnie de ses camarades. Des rumeurs circulaient de plus en plus dans les couloirs, et il soupçonnait son frère d'en savoir plus que ce qu'il prétendait savoir à ce sujet.

Il sentit une chose humide sur son crâne. Curieux, il leva la tête vers le ciel assombri. De grands et épais nuages formaient un dôme gigantesque, cachant la lune et sa lumière. Une seconde pointe mouillée sur tomba sur le nez, puis trois et quatre. Bientôt, une averse s'abattit sur l'Académie. Haaaaaan... ! La poisse ! Il se protégea comme il le put avec sa veste et courra vers les anciens dortoirs pour s'abriter de la pluie torrentielle.

Une fois au sec, sur le palier du vieil immeuble, il regarda les gouttes d'eau s'éclater violemment contre le béton de la rue. Il ôta temporairement sa veste trempée. Yukio va me tuer si je rentre avec ça dans la chambre... Il essaya d'essorer au mieux qu'il put son vêtement imbibé d'eau froide, et pénétra dans le bâtiment.

Son jumeau était dans l'entrée, occuper à ranger et à fouiller son sac de professeur. Rin le salua et il lui rendit.

« Il tombe des cordes, dit simplement l'aîné. Quel temps... »

Yukio ne semblait pas faire attention aux remarques de celui-ci. Il en déduit qu'il devait être plus que stressé mais... qui ne l'était pas par les temps qui couraient ? Rin se racla la gorge avant de poser la question dangereuse qui lui trottait dans la tête depuis son arrivée :

« Et l'enquête, je veux dire, le virus tout ça... ç'en est où ? »

Simple curiosité.

« Nulle part. Comme tous les jours. »

Il est énervé...

« Mais... il n'était pas prévu que le Vatican gère des opérations et trouve un remède ?

- Rin... as-tu juste idée des dégâts qu'a fait cette maladie ?

- Comment ça ? »

Son frère sortit de son sac une enveloppe blanche. Cette dernière contenait manifestement des photos que Yukio retira et montra à son frère en les étalant sur une table. L'aîné les observa, une expression grave.

« C'est bien le magasin des Moriyama ?

- Juste. Tu as vu ce qu'il en reste ?

- Il ne reste rien... que des morceaux de bois... mais attend une minute, et le jardin ? Il n'a pas été attaqué, au moins ? » s'inquiéta-t-il.

Pour toute réponse, le professeur poussa vers lui une photographie majoritairement couverte de verdure.

« Le jardin ! Il a été dévasté ! Shiemi doit être traumatisée à l'heure qu'il est !

- C'est peu dire...

- Elles ne sont pas blessées, au moins ?

- Non... on peut dite qu'elles ont eu beaucoup de chance de ce côté-là.

- Une seconde, elles logent où avec sa mère, vu que...

- Dans les nouveaux dortoirs. »

Chanceux, les gars... Rin se retint de faire ce commentaire à voix haute, ce n'était certainement pas le bon moment pour penser à de telles choses. Une situation où même Renzô n'oserait pas placer une remarque si charmante, comme il en avait l'habitude.