Elle réfléchit encore à propos de la manière par laquelle elle va procéder. Elle veut que ce soit le plus beau moment de sa vie, un point d'honneur à son accomplissement. Le grand final doit être grandiose, si grandiose que les plus fous doivent l'admirer pour cette acte.
Elle pense à la blanche Ophélie, le corps flasque flottant mollement dans les eaux claires et enchantées par son âme. Ce n'est qu'un repos, elle a les yeux doucement clos, sa chevelure la suit et son visage pâlit alors que les autres vivent. Elle se fait doucement bercer par le courant l'emportant avec quelques fleurs, nénuphars, poissons et autres carcasses.
La nature saura-t-elle sauvegarder cette beauté? Oui cette image d'enfant innocente perdurera, mais son corps lui dépérira. La pense se gonflera, le limon l'entourera, elle remontera les fesses en arrière, quelle image grotesque ! C'est de cela qu'on de souviendra, un postérieur flottant et un corps dégoulinant.Bon, d'accord, Amy a fini par flancher, mais elle était déjà morte. Et puis elle avait déjà tenté. Si elle se prenait des Jack Daniels? Des Jim Beam's? De la vodka, du champagne, du vin, du pastis, du cidre, de la bière, si elle buvait jusqu'à en s'ennivrer dans l'eau delà? Si elle s'avalait tout les vers d'alcools imaginables, si elle fumait assez de pèt' pour que ses yeux sortent de son corps, assez de codéine pour qu'elle s'endorme? Un peu trop d'Lsd pour rêver à tout jamais.
Non. Son corps serai imbibé et puerai, il suinterai par tout ses pores. Et puis ce n'est pas assez clinquant. Elle veut que ça scintille, que ça pétille. N'importe qui peut être une pauvre alcoolique buvant un verre de trop.Oh Ian, comme elle te regrette. Tu brilles encore sur scène à ses yeux. Mais toi aussi tu n'as pas pu goûter au bonheur. Tu t'es simplement muni de ce que tu avais, un crochet de sèche linge et une corde et le tour est joué. Mais avant cela tu t'es diverti, tu as même souffert, une dernière fois, ce n'est pas grand chose. Tu étais là dans la cuisine, les pieds balants, le corps sursautant, tu ne pouvais pas crier (tant mieux) tu te mordais sûrement la langue en suffoquant. Hélas tu nous laisses un corps qui se balance, une langue violette, rien de bien spectaculaire comme ce que tu as pu nous chanter. Tu nous a laissé de bon morceaux, de quoi vibrer.
Ou bien elle s'imagine, dans sa baignoire encore toute habillée, trempée. Le contact froid de l'eau sur sa peau soulageant son corps bouillant. Elle pose sa tête à l'arrière de la baignoire, respire un grand coup et saisi la lame. Elle commence par une petite entaille afin de vérifier l'efficacité du mouvement. Puis c'est l'extase, elle se libère tout comme le sang qui coule de ses bras. Il coule à profusion, l'eau devient rouge, c'est un paradis vermeil. C'en est hilarant, hypnotique, quelques rires s'évadent dans ses larmes qui s'écrasent dans le bain sanglant. Et voilà, peu à peu son corps s'allourdi, ses yeux se ferment, elle a mal, elle ne distingue plus très bien ce qui se passe.
Non. Ça ne lui plait pas assez, elle voit cela comme trop adolescent. Pas assez concret.Elle pourrait prendre un doux poison, c'est ce qu'elle se dit. Mais cette idée s'efface vite. Un poison se partage à deux, il lui aurai fallu un Roméo, elle ne préfère plus y penser à cette chose douloureuse qu'est l'amour.
Ou bien elle pourrait simplement prendre tout ses antidépresseurs, tous les avaler, s'étendre dans le lit et regarder le plafond puis doucement s'en aller. Elle pourrait dormir. Elle dormirai sans jamais se réveiller. Elle serai là dans le lit, dans le silence tandis que le monde s'affole autour d'elle. Loin de la souffrance, elle serai déjà parti, au delà du triste horizon d'ici. Finir avec des produits chimiques ? Où sont les éclaboussures? Les relents dégoûtants de cette vie ?
Non, elle a désormais choisi.
Elle fait comme Kurt. Elle se munie d'une arme, ni belle, ni lourde, aucunes particularités. Elle est juste le pont, le passage tant attendu d'un monde fou et perdu à un rêve inavoué. Un peu de drame et d'horreur dans le sang et les éclaboussures. Elle laisse sa lettre sur le lit à ses pieds, s'allonge calmement et pense une dernière fois. Est-elle prête? Oh oui. Prête pour la grande aventure, la découverte de nouvelles terres. Le fantasme de quelques fantasmagories s'offrant à elle dans un dernier rêve. Comment en arrive-t-on là? Peut importe les raisons de chacun. Le geste est le même. Il demande du courage.
Elle respire pour la dernière fois et la folie se finit ici. La douleur s'endort. Aucun larme n'est venu perlé ses joues, aucun sourire n'a embelli son visage. Le sang scintille sur le mur comme des confettis qu'on aurait jeté au nouvel an. Ses yeux sont tranquillement fermés et c'est avec le coeur paisible qu'elle s'est envolée.~°~
Bonjour, tout d'abord l'illustration est d'Egon Shiele (désolée je ne sais pas de quelle oeuvre ils s'agit mais je reconnais juste le trait x) ).
Merci d'avoir lu mon texte n'hésitez pas à vous exprimer en commentaire.Ps : écoutez “Asleep” d'Emilie Autumn ou Emilie Browning ou des Smiths. Non, les trois !
J'aime les humains moroses amoureux des maux de l'âme.
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[ G E N E S I S ]
RandomC'est le commencement. Celui de tout et de rien, d'un être, de cellules, de minimes particules. Un éveil. Un développement progressif et perpétuel. Une naissance sans fin. Sans mort. C'est le réveil, la renaissance ou la naissance, après la mort ou...