Chapitre 13

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- Il a vraiment fait ça ?

Je hoche la tête, tandis que Lucas s'énerve sur son fauteuil. Confortablement installée sur son lit, la tête posée contre le mur, je réfléchis à Matthieu. Je n'arrive pas à croire que je l'ai réellement revu aujourd'hui.Je jette un coup d'oeil à mon ami, à qui j'ai évidemment tout raconté.

- Il t'as abandonné ? Comme ça ? C'est dégueulasse ! s'écrie-t-il en frappant son poing sur son bureau.

Je souris, amusée par le fait qu'il semble plus énervé que moi sur la situation. Tandis que Lucas continue de grommeler, je regarde distraitement par la fenêtre. Le soleil commence à se coucher, ce qui donne au ciel une teinte rosée.

- Je vais le dégommer, déclare alors mon ami.

Je me retourne vers lui. Il arbore un visage énervé.

- Laisse tomber Lucas ... Je peux me débrouiller toute seule. (Je contracte mes biceps). Je suis une grande fille !

Il garde son visage fermé, puis finit par sourire.

- Même moi j'ai plus de muscles que toi ..., me dit-il avec un rictus.

A peine a-t-il finit sa phrase, qu'il se prend un oreiller dans la tête. "Aïe" je l'entends marmonner.

- On ne rigole pas de mes muscles ! je m'écrie en sautant au bas du lit.

Et avec ma force de fourmi, je commence à le taper. Il continue de rigoler en se protégeant maladroitement le visage. Enervée, je le laisse et sort de la pièce, sous ses rires.

- Méchant Lucas ! je crie en claquant la porte derrière moi.

*

Les larmes coulaient inlassablement sur mes joues. Sans gêne, je poussais de gros sanglots.  Mon coeur était détruit. J'agrippai mon oreiller trempé de mes larmes et le serrai fort contre moi. Plus loin dans l'appartement, j'entendais ma mère pleurer également. Rien ne pouvais me consoler en ce moment. Chialer, voilà ce qu'il me fallait. Chialer jusqu'à la mort. Jusqu'à ce que  je n'ai plus aucune force. Papa est mort ...

Je me retourne dans mon lit. Des gouttes de sueur perlent de mon front. Nan, je ne veux pas rêver de ça. Mais je n'ai pas le choix et mes souvenirs me reviennent tels un boomerang.

Nan, je ne pouvais pas me laisser dépérir comme ça. Je devais me ressaisir. J'avais besoin d'une voix rassurante. Matthieu ... En reniflant, je pris mon téléphone et appuyai sur "appeler".  J'écoutais en sanglotant les bip. Puis il décrocha.

"Allô ? Lizzie ?

- Salut Matthieu, sanglotai-je.

- Qu'est-ce qu'il y a ? s'affola-t-il en entendant ma voix. Tu vas bien ?

- Nan ... je ... mon père est mort. Une bombe a explosé ... mon père est mort en Afghanistan Matthieu ! Il est mort !

Mes larmes se remirent à couler. Papa ...

- Viens s'il te plaît, murmurai-je en tremblant. J'ai besoin de toi ...

Il ne répondis pas.

- Matthieu ... s'il te plaît.

- Je ne peux pas Lizzie.

Sa voix était ferme. Mes larmes redoublèrent. Qu'est-ce qu'il avait ...

- Matthieu ...

- Je suis en Allemagne.

Mon coeur manqua un battement. Mon corps se mit à trembler davantage.

- Qu... quoi ? je lui demandai, la voix brisée.

- Je suis en Allemagne, avec ma nouvelle copine.

Mes larmes s'arrêtèrent de couler. Le choc de la nouvelle avait loqué net mes émotions.

- Ta ... nouvelle ... copine. Tu ... tu rigoles là ? Hein ? Tu te fous de ma gueule c'est ça ?

Ma gorge, mes yeux me brûlaient. Tant de sentiments se mélangeaient dans ma tête : la tristesse, la souffrance, la colère, la rage, l'incompréhension, la peur ....

- Non Lizzie, je ne rigole pas. Je suis avec Jennifer maintenant, elle au moins elle est pas compliquée. Désolé pour ton père. Au revoir Lizzie.

Et il a raccroché. Pendant quelques minutes, je restais là, immobile, mon téléphone dans ma main qui continuait d'émettre de longs bips. Mon copain, avec qui j'étais de puis près de 6 mois, s'était barré en Allemagne avec sa nouvelle copine. Sa copine Jennifer, par-dessus le marché. La blonde parfaite, à la peau bronzé, à la grosse poitrine. L'horreur. En une journée, j'avais perdu mon père, mon copain, et ma dignité. Aucun mot ne décrivait ma souffrance. Des larmes obstruèrent ma vue, mes hurlements firent siffler mes oreilles, et je m'effondrai.

Un hurlement déchirant se fit entendre. Le mien. J'aurais pu le contenir, mais trop d'horribles souvenirs me sont revenus en une seule nuit. Trop de souvenir de ce jour atroce, qui a sûrement été le pire de mon existence. Le jour où mon monde s'est effondré, tel un château de sable englouti par une vague. Je pose ma tête, qui semble peser cent kilos, sur mes genoux. Et mes larmes se mettent à couler.

Le temps semble passe. Cela peut faire 2 comme 20 minutes que je n'ai pas bougé. Tout ce que je sais, c'est que mes larmes ont cessé de couler. Et qu'un bruit de porte qui claque se fait entendre dans l'appartement. Je ne réagis pas, trop perdue dans mes pensées pour bouger de ne serait-ce qu'un millimètre. Mais mon coeur accélère malgré tout, quand c'est la porte de ma chambre qui s'ouvre. Un flot de lumière déboule dans la pièce et des bruits de pas se font entendre. Un petit crissement se fait entendre : quelqu'un s'est assis sur mon lit. Je ne relève pas la tête, mais par peur cette fois-ci. Une odeur familière s'incruste dans mes narines, et je me détends aussitôt.

- Ca va Lizzie, me demande Lucas d'une voix douce. Je t'ai entendu crier, alors je me suis inquiété. Etonnant que ta mère ne se soit pas réveillée, rajoute-t-il en rigolant.

Je sors ma tête de mes genoux en souriant. Même dans ce genre de moment, il n'arrive pas à garder son sérieux. Mais bon, on fait avec.

- Ca va t'inquiètes pas. C'est juste un cauchemar, c'est rien, je lui réponds en frottant mes yeux.

- Tu es sûre ?

- Oui, ne t'en fais pas. Tu peux aller te recoucher. Désolé que tu te soir déplacé pour rien.

- Bon, comme tu veux. Essaie de te rendormir, tu as cours demain n'oublie pas.

Je souris devant tant de gentillesse. Mon ami se lève, avant de déposer un baiser sur mon front. Je frissonne à ce contact très agréable. Mais ce n'est que de courte durée. Lucas se détache de moi et sort de la pièce. La porte de ma chambre se referme, me laissant dans le noir. En soupirant, je me rallonge sur mon lit. Je suis vidée, vidée de toute émotion. J'ai trop pleuré, trop hurlé, trop ... trop. Je ferme les yeux, laissant mon esprit dériver. Mais soudain, l'image de mon père, explosant d'un coup, s'impose à mon esprit, et je hurle :

"PAPA !!"

La porte s'ouvre d'un coup. Je n'y fais pas attention. Je suis trop occupée à pleurer toutes les larmes de mon corps. On m'enlace violemment, ce qui me coupe brusquement dans mes sanglots.

- Tu ne vas pas bien Lizzie, je vois bien que tu ne vas pas bien.

Je pousse un soupir. Lucas. Je pose ma tête contre son torse, tandis qu'il me berce doucement. Je sens mon coeur se calmer, mes larmes se stopper, et finalement, je tombe dans les bras de Morphée.

__________

Hello ! Désolé pour le retard :) Voilà, juste un petit chapitre pour expliquer la situation avec Matthieu, et le père de Lizzie. J'espère que ça vous a plu, et si oui, hésitez pas à voter ou commenter ça fait vraiment plaisir. Ciao :)



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⏰ Dernière mise à jour : Nov 10, 2016 ⏰

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