Chapitre 3

2.5K 333 45
                                    

Octave embrassait bien, mieux que tous les autres garçons qui avaient conquis mes lèvres avant lui. Pressée contre lui, je ne pensais plus à rien. Je flottais dans une bulle où régnait la paix qui me manquait depuis le début du semestre.

Ont suivi d'autres embrassades, d'autres effleurements... Je désirais Octave, pleinement. Je le connaissais à peine, mais je ne ressentais pas la moindre gêne avec lui. Il avait un véritable talent pour me mettre en confiance.

Nous nous sommes soudain rendu compte que la nuit était tombée ; d'un coup, je me suis souvenue que j'avais froid. Nous nous sommes relevés, et Octave m'a emmenée dans un petit restaurant non loin de là, pour que je puisse me réchauffer.

Pendant le repas, mon cœur a fondu comme la cire de la bougie posée au centre de notre table, tandis qu'Octave me caressait doucement le dos de la main entre les plats. Son attention était constamment focalisée sur moi ; je l'ai même vu éteindre son téléphone afin que nous soyons plus tranquilles.

Une fois sortis du restaurant (qu'il a payé, à mon soulagement un peu coupable d'étudiante aux revenus limités), il ne m'a pas pressée pour que nous allions plus loin dès ce soir-là. Cela m'a plu. Il m'a chastement raccompagnée au métro le plus proche, et m'a embrassée une dernière fois avant de me laisser partir.

Devais-je déjà nous considérer comme un couple ? Dans les mêmes circonstances, avec n'importe quel autre homme, cette question m'aurait taraudée. Pas avec Octave. Même si je n'avais pas de réponse convenue explicitement entre nous, ce n'était pas grave. Il était le seul que j'avais envie de voir : tous les individus masculins que je côtoyais me semblaient désormais bien ternes à côté de son éclatante barbe bleue.

Dans la soirée, après nous être quittés, nous avons échangé d'autres messages ; j'ai pensé à lui pendant toute la journée du lendemain ; et dès le samedi, nous nous retrouvions à nouveau. Tout allait vite, trop vite pour que cela soit raisonnable, mais je me disais que l'amour ne l'est jamais. Oui, trois jours après notre rencontre, j'avais déjà des sentiments pour Octave...

En deux semaines, nous avons avalé les étapes d'une relation qui s'étalent normalement plutôt sur deux mois : première visite chez lui (il vivait seul dans un deux pièces lumineux et moderne), première visite chez moi (Coralie, ma colocataire, s'est ensuite moquée de moi pendant des jours à cause de la barbe bleue de mon nouveau copain ; je lui en ai beaucoup voulu), première fois (elle s'est aussi bien passée que je l'espérais), premier selfie à deux (aux Buttes-Chaumont)... Jusqu'à son premier « Je t'aime », un soir où nous étions blottis l'un contre l'autre dans son canapé après avoir regardé un film ensemble.

Intérieurement, je baignais dans la félicité, mais je ne pouvais empêcher l'inquiétude de me ronger. Tout ce temps passé avec Octave alourdissait encore plus mes semaines déjà bien trop chargées : c'étaient les meilleures heures de mes journées, mais aussi celles qui me forçaient à enchaîner toutes mes obligations à un rythme exténuant si je voulais venir à bout de tout ce que j'avais à faire. Je me souviens d'un dimanche matin où je me suis levée à cinq heures pour avancer un maximum mes devoirs pour la fac avant de le retrouver pour déjeuner le midi...

J'ai tenté de le dissimuler à Octave aussi longtemps que possible. Je ne voulais pas qu'il se sente coupable, ou qu'il décide « pour mon bien » de trouver des prétextes pour limiter nos rendez-vous. Il était la bouffée d'air frais dans mon quotidien. J'avais le sentiment que privée de lui, je sombrerais. Déjà, quand il devait annuler une soirée avec moi parce que son meilleur ami Henry l'avait invité à sortir, ou quand il s'éclipsait tôt le dimanche matin parce qu'il avait déjà un engagement, je sentais mon cœur se serrer. Je m'en voulais d'être devenue... dépendante aussi vite, mais c'était la stricte vérité.

Tu ne me briseras pas [Sous contrat d'édition]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant