CHAPITRE 2 ~ Dure Réalité ( Pharell ) 2/2

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En ce qui concerne mon moral, c’est une autre affaire. Être réduit au monde du silence n’a fait qu’exacerber mes réflexions. Un tas de questions se bousculent concernant aussi bien ma vie professionnelle que ma vie privée. Me mettre debout et marcher, même avec peine, ne sera envisageable que dans un mois. C’est d’ailleurs ce que m’a conseillé le médecin, faire de l’exercice au plus vite dès qu’il me sera possible de poser le pied. Mais si reposer ma jambe en m’asseyant de temps à autre est tout à fait concevable, manipuler mes platines restera impossible pendant plusieurs mois car une seule main valide n’est pas suffisant.

Entre le plâtre que je dois garder soixante jours et la rééducation des muscles, je ne suis pas prêt de retrouver la dextérité dont mes mains doivent faire preuve pour mixer. Je suis complètement coincé d’un côté comme de l’autre et je risque de perdre mon job d’ingénieur du son. Je sais que Phil, lui, gardera ma place au chaud au Double Beat, mais je ne serai pas payé durant toute ma convalescence. Même ma passion pour la guitare sera impraticable. Je risque de devenir fou à rester sans rien faire. Pourquoi a-t-il fallu que je ne m'intéresse qu’à des activités où les deux mains sont essentielles ?

Je ne peux en aucun cas compter sur Pax pour nous faire vivre, lui qui est incapable de garder un travail plus de trois semaines d’affilée. Surtout, en le ramenant avec moi de Durham, je lui avais promis de prendre soin de lui et de l’aider à s’en sortir. Vingt-quatre heures plus tard, je suis devenu un assisté, un handicapé pour un temps qui me semble bien trop long.

Qui suis-je pour lui faire des reproches alors que je ne peux plus jouer au football avec mon fils ? C’est vrai, je viens à peine d’établir un lien avec lui et nous ne pourrons plus partager d’activités physiques tant que je serrai dans cet état. Rien que de penser à ça me déchire le cœur alors que je ne sais pas si Alana m’aurait laissé l’opportunité de le voir après ce que je lui ai fait.

Cette fille, bon sang ! Quand je disais qu’un jour elle finirait par causer ma perte, j’étais bien loin du compte. Depuis qu’elle est réapparue dans ma vie, elle m’a fait ressentir tout un tas d’émotions, bonnes comme mauvaises. J’ai éprouvé de la colère, de la tristesse, de la déception, de la jalousie, mais aussi de la joie, de la passion, du désir, de la fougue et surtout de l’amour. C’est d’ailleurs pour toutes ces choses et son caractère de feu que je l’aime tant.

Pourtant, aujourd’hui, j’ai comme une aigreur à l’estomac quand je pense à elle, un mélange d’amertume et de rancœur. J’ai beau essayer de les chasser, ça ne fonctionne pas. Je n’arrive tout simplement pas à en faire abstraction. Je ne cesse de me dire que si j’en suis là c’est à cause d’elle. Je sais que c’est égoïste, elle n’a pas demandé à ce que je la rejoigne en France. Mais s’il n’y avait pas eu tous ces malentendus, je n’aurais pas eu besoin de faire ça. Pire, si elle n’avait pas refait surface, je vivrais encore ma petite vie tranquille d’homme à femmes d’une nuit, sans problèmes, ni tensions.

Je me sens minable de penser ça, surtout après avoir tout fait pour la reconquérir. Je l’aime, c’est indéniable, mais je la déteste aussi de m’avoir rendu si dépendant d’elle, c’est plus fort que moi. D’ailleurs, où est-elle pendant que je m’apitoie sur mon sort et que je fais le bilan de tout ce que je viens de perdre ? Elle n’est pas venue une seule fois prendre de mes nouvelles, pas une en deux jours. Ou peut-être bien que, finalement, elle l’a fait pendant que je dormais. C’est surement ma tête de monstre bouffi et la profusion de bandages en tous genres qui l’ont rebuté. Elle a dû s’enfuir pour ne pas avoir à supporter ce spectacle affligeant.

Je peux entendre que mon apparence de schtroumpf boursouflé puisse faire peur. Je ne me suis pas encore vu dans un miroir, mais ce que j’aperçois sur la partie droite de mon corps me dégoute, ma peau marbrée de bleu, de jaune et de noir et toutes ces plaies et coupures provoquées par ma glissade sur l’asphalte sont assez impressionnantes. Je pense également qu’elle doit être occupée à étudier le dossier du procès avec cet avocat, mais ça ne justifie en rien son indifférence totale. Je ne demande pas grand-chose, juste qu’elle m’accorde dix minutes de son temps pour me prouver qu’elle tient à moi. Alors quoi, ce qu’elle me confie dans cette lettre ne voulait rien dire pour elle ?

Rewound Love ~ Des Ombres À L'âme ( Tome 2 )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant