Rewound Love ~ Des Ombres À L'âme ( Tome 2 )

CHAPITRE 5 ~ Sale Journée ! ( Alana ) 2/2

Mes pensées m'ont fait perdre le cours du temps et si je ne me dépêche pas un peu, je vais arriver en retard pour ma rencontre avec les trois victimes du docteur Laurent. Je leur ai donné rendez-vous devant le parc de l'Indochine, un simple petit coin de verdure pour pouvoir parler sans crainte tout en nous promenant tranquillement à travers les rues. Je trouvais cette solution beaucoup plus prompte à l'intimité qu'un simple café bondé de monde. Heureusement, malgré le petit vent frais, le temps est clément. Je ne sais pas si c'est une bonne idée de les rassembler, mais je ne me voyais pas tenir le même discours trois fois de suite. Je n'en ai tout simplement pas la force.

Après quelques difficultés à trouver la bonne ligne de bus qui me conduirait jusque là-bas, me voilà sur place avec seulement cinq minutes d'avance. Nous ne nous sommes jamais vues, je n'ai pas eu l'autorisation d'accéder à leurs photos. Ce n'est pas qu'il y ait grand monde dans les rues, mais, pour être certaine de n'en louper aucune, je leur envoie un message groupé leur décrivant ma tenue.

Je n'ai pas eu besoin d'attendre longtemps pour les voir me rejoindre une à une. En me levant ce matin, je n'étais pas sûre de les avoir suffisamment convaincu et je m'attendais à n'en voir qu'une répondre présent, la seule qui me paraissait assez en confiance pour accepter de me parler de vive voix.

Avançant doucement en direction de l'hôpital L'Archet où je dois me rendre juste après, je leur raconte mon expérience et les circonstances qui m'ont amené à croiser la route de docteur l'immoral, comme nous le surnommons à présent. Ensuite, elles prennent chacune le relais pour me donner leur version de l'histoire, approfondissant pour me permettre de mieux comprendre ce que je connaissais déjà en ayant lu les comptes rendus dans le dossier.

Virginie et Alexandra, tout comme Candice, suivaient un programme personnalisé de traitement de l'épilepsie. Quant à Axelle, elle le consultait pour un cas de migraine chronique. C'est son histoire qui a le plus de points communs avec la mienne.

Durant mon coma, il me surveillait régulièrement en me faisant passer de nombreux examens pour s'assurer qu'il n'y ait aucun problème. À mon réveil, il a continué à me suivre pour un mal de tête persistant. Les méthodes sont les mêmes, des massages de crâne très approfondis pour soulager la douleur, des gestes très tactiles un peu insistants sur la tête et le haut du corps pour essayer de trouver l'origine du problème.

Il utilisait aussi, avec toutes, un langage apaisant et subtil pour nous faire comprendre que notre environnement était responsable de nos maux, l'attitude parfaite pour nous amener doucement à nous couper de tout et n'avoir confiance qu'en lui. À bien y réfléchir, ce ne sont pas les méthodes classiques d'un neurologue digne de ce nom et le fait que j'étais déjà seule m'a certainement amené à me méfier un peu plus, par habitude surement. Comme quoi ne pouvoir compter que sur soi-même peut sauver !

Arrivées devant l'hôpital, elles s'en vont chacune de leur côté en me promettant de me recontacter par mail pour me faire part de leurs décisions. Je les ai senti réticentes à l'idée de s'exposer. C'est un procès qui risque d'être médiatisé au moins sur un plan régional. Mais j'espère qu'avec un peu de persistance et de travail au corps, je réussirai à leur faire voir les choses autrement.

Pour l'heure, j'attends patiemment dans la salle d'attente du gynécologue de l'hôpital. Il a tenu à me voir pour me faire ses dernières recommandations avant que je m'en aille. Quand enfin je m'assois en face de lui, c'est un visage ferme et déterminé qui me jauge avec insistance.

— Mademoiselle Carson, ravi de vous revoir. Alors, dites-moi, comment vous sentez-vous ?

— Plutôt bien. Je n'ai aucune douleur si c'est ça qui vous inquiète. Ce n'est pas comme si j'avais dû subir un curetage. D'ailleurs, je ne comprends pas ce que je fais ici. J'aurais très bien pu me faire suivre à Miami