Et si..

Deux êtres, deux filles, deux mode de vie, deux caractères, un amour hors du commun, une union parfaite. C'est ainsi que leur couple se définissait. Une union parfaite. Audrey et Marine étaient le petit couple modèle par ici, le petit couple qui donnait envie d'aimer, aimer pour toujours. L'amour qu'elles éprouvaient l'une pour l'autre était tellement fort, qu'il était impossible pour elles d'expliquer ce qu'elles ressentaient. Aucun mots n'était apte à décrire cette chose intense, et indestructible, qui allait jusqu'à leur saigner le cœur. C'était quelque chose qu'il fallait vivre, pour pouvoir comprendre.

Les sentiments naquirent très vite entre les deux jeunes filles. Mais leur mise en couple fut pour le moins compliquée, à cause d'une autre, jalouse, posséssive et manipulatrice. Cette fille aura tout tenté pour séparer Audrey et Marine. Seulement, leur union était inévitable, et ce qui devait se passer, se passa. A présent, elles ne s'imaginent plus l'une sans l'autre. Elles se sont construit de nombreux projets, se sont faites de nombreuses promesses, qu'elles comptent bien tenir. Elles y croient. Tout le monde y croit. Rien qu'en les regardant dans les yeux, on peut y voir tout ce que l'avenir leur réserve. Il n'y a rien de plus beau.

Tout comme leur amour, leur rencontre ne fut pas banale. Et c'est le moins que l'ont puisse dire. C'est Fiona, qui a pu le leur permettre. Une jeune demoiselle métalleuse, qui était encore clean il y a quelques temps. A présent, elle se morfond dans la drogue, le sexe, et l'alcool. Et cette fille, n'est autre que la dernière petite-amie de Marine, et l'amie d'enfance d'Audrey.

Mais, et si Fiona n'avait pas rencontrée Marine ?

Et si Fiona n'avait pas pousser Audrey à aller parler à Marine ?

Et si Fiona n'avait pas existée, tout simplement ?

- J'ai faim.

Se balançant d'une jambe sur l'autre, Marieke regardait la file devant nous avancer dans une extrême lenteur. Un énième soupir sortit d'entre ses lèvres, alors qu'elle se tournait en ma direction, l'air faussement étonné par mon silence, et mon calme pertinent.

- T'as pas faim toi peut-être ? Pourtant t'as même pas manger ce matin. Tu dois crever la dalle. Rien que pour ça, tu devrais passer prioritaire. Et je devrais t'accompagner. On sait jamais, tu pourrais faire une chute de tension, ou quoi !

J'haussais les sourcils, en lui adressant simplement un demi-sourire. Son impatience m'avait toujours amusée. Dans ces moments là, un rien pouvait l'énerver. Elle pouvait répondre sèchement, et rigoler dans la seconde qui suit. Ou alors elle se plaignait de tout et n'importe quoi, et lorsqu'elle remarquait que personne ne l'écoutait, elle soupirait et se mettait à bouder, en rongeant l'un des coins de sa carte de cantine.

- J'en ai marre d'attendre. Viens, on va manger dehors, tant pis.

J'eus à peine le temps de répliquer, qu'elle m'entraînait déjà hors de la file d'attente, en me tirant par le bras. Ça finissait toujours comme ça. On allait faire la queue, on attendait cinq à dix minutes, puis on s'en allait pour finalement aller s'acheter des sandwichs infâmes, une canette d'Oasis, et un paquet de chips à Carrefour. Et comme d'habitude, on se promettra d'aller manger à la cantine du lycée le jour suivant. Et ainsi de suite.

***

- Devine qui c'est !

Une voix grave. Et deux grandes mains qui venaient me cacher les yeux. Aucun doute possible, c'était Wilfried. De surnom Willie. Comme la baleine.

- Willie !

Je retirais ses mains, et me tournais face à lui. Je redécouvrais alors son habituel grand sourire, ses jolies boucles blondes et ses petits yeux bleu encadrés par une paire de lunettes noires rectangulaires. Lunettes qui lui donnaient des airs d'enfant sage, et pure. Alors qu'il était tout le contraire.