Tu es partie

14.

2 avril 2001

Maman,

J'ai une si mauvaise nouvelle à t'annoncer...
Je viens d'arriver, l'endroit est génial, je suis avec Benoît et je me suis déjà fait des amies !
Mais par contre, on va avoir un emploi du temps très chargé et je n'aurais plus le temps de t'envoyer des lettres.

Je suis tellement tellement tellement désolée ! Tu ne peux pas savoir...

Je ne t'oublierai jamais, ne t'inquiète pas.
Pour que tu te souvienne de moi, je vais te décrire ce que sera ma vie ici. Au moins tu pourra m'imaginer en train d'étudier quand tu t'ennuiras.

Nos professeurs nous ont déjà dit que nous n'allons pas avoir beaucoup de temps pour nous, enfin, ça tu le sais déjà !
Ce sont les meilleurs de toute la France, avec eux, on est sûr de réussir !
On va devoir pratiqué une activité sportive ou culturelle le mercredi après midi. Moi, j'ai choisi le violon. Il paraît que c'est très dur mais je vais tous faire pour réussir !
Notre vie sociale va être extrêmement réduite. On aura le droit de voir  nos proches uniquement le dimanche.

En fin de comptes, nos camarades vont devenir notre seul et unique famille. Je pense qu'on sera très unis, et qu'on le restera longtemps.

Tu sais, maman, ça me fait vraiment beaucoup de peine de savoir que je ne verrais plus aussi souvent que je l'aimerais papa et mamie, que je ne vais plus pouvoir t'envoyer des lettres.
J'ai l'impression qu'on m'enlève une partie de moi mais que je ne peux pas y remédier.
Je ne pense pas revoir souvent mamie, je ne sais pas si l'hôpital va lui permettre de se déplacer. Parce que je ne t'ai pas dit mais depuis hier, elle est hospitalisée pour une longue durée encore indéterminée. Ses résultats sont en chute libre, comme disent les médecins.

Heureusement que Benoît va rester avec moi. Nos chambres sont côte à côte et je sais que je pourrais toujours compter sur lui si rien ne va plus.

Bon, il est temps que j'y aille, Maman.
Ça me fait mal au coeur d'écrire ces derniers mots.
Je ne t'oublierai jamais, promis.

Je t'aime pour toujours

Ta Marie