Une étriquée.

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Sauvagement attaqué. Blessures, morsures, griffures, saignement. Mais sa peau était pourtant si belle. C'est ce que l'on pouvait se dire, lorsque son âme était mise à nue devant nous. Un morceau par-ci. Un autre par là. Jamais un être n'avait été aussi amoché. Par les autres. Par les « méchants ». Les dégantés. Les fous. Les détraqués. Mais qu'avaient donc t-ils laissés derrière eux ? Après le massacre, les cris de la nuit c'étaient tous tus. Laissant place à cette douloureuse souffrance. Silencieuse. Elle était là, sans aucune défense, sans aucune estime pour elle. Sa vie était vide de tout. Et pourtant qu'est-ce qu'elle en avait des choses pour être heureuse, elle aurait dû l'être. Et pourquoi ne l'était-elle donc pas ? Elle s'en voulait. Pour eux. Pour son amour. Pour elle. Qu'avait-elle de si affreuse, pour la dégoûter à ce point, sa vie ? A vrai dire, c'était un mélange honteux de choses futiles. Des banalités, qui avaient crevés l'abcès. Des mots qui avaient trop d'importances. Trop d'impact comparé à leur réel sens. Elles n'avaient pas de sens ces choses. Mais à force de les entendre, on finit par les croire. Le diable était un ange avant d'être ce qu'il est devenu. Et elle était également déchue. Echouant dans chacune de ses tentatives. Elle essayait d'être relative. La mort n'était pas une si mauvaise option après tout. Ils auraient fini par la tuer de toute façon, avec comme arme non plus leurs bâtons, mais leurs mots mis bout à bout. Elle aurait cédé à la colère et aurait fini comme ils l'avaient voulu. Ce n'est qu'un destin tragique, que celui de l'enfant qui se laisse faire.

Torturée.

D'abord par les actes. Puis par les mots. Les gens sont sadiques lorsqu'il s'agit de rabaisser les autres. Et très fort au jeu du plus faible. Mais n'ont-ils pas joué pour rien ? Elle l'était déjà tellement lorsqu'ils ont commencé la partie. Elle baissait les armes par avance. Trahissant son courage et sa patience. Des réflexes, elle a apprit à ne plus en avoir. Et lorsqu'ils arrivaient, sa seule arme était le silence. Elle s'armait de ses larmes, sans cri, sans plainte. Seule. Elle a comprit que s'ils ne l'avaient pas achevé. C'est car elle l'avait déjà fait avant eux. Ne plus crier pour ne pas se faire frapper plus fort. Ne plus regarder pour ne pas se souvenir des images tard le soir. Et une fois rentrée chez soi, mettre des vêtements trop grands, des pantalons même s'il fait chaud, garder ses chaussures. Aucun bleus ne devait être vus. Un an. Cela avait duré un an.  A mentir quand on rentre tard parce qu'on cherche à semer quelqu'un qui nous suit. A mentir parce qu'on part plus tôt pour éviter de passer devant tout le monde. A mentir quand la cantine appelle pour dire qu'on n'y a pas mangé parce qu'on aurait été seul. A tous ces secrets, ces non-dits, ces choses qui le soir nous serrent la gorge et nous obligent à pleurer. A ces mots, ces actes, qui nous ont détruit et rendus pourtant plus fort.

Les loups mordentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant