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Cela faisait maintenant deux jours que je n'avais plus de nouvelles de Théo. Deux jours que je guettais le moindre signe de sa part. Deux jours que je commençais à me morphondre dans mon appartement qui était en sale état, tout comme moi d'ailleurs. Je passais mes journées emmitouflée sous mes draps sans voir personne. Deux jours plus tôt, j'avais appelé l'épicerie pour les prévenir de mon absence. La patrone n'était pas du tout contente et elle avait refusé de croire que je sois malade. En réalité ce n'était qu'un mensonge. Je ne voulais tout simplement pas retourner travailler. Je me sentais faible et quand je me levais de mon lit, j'étais prise de vertiges. Alors, je retournais m'allonger. Aujourd'hui c'était toujours ce même désespoir qui régnait en moi.
Des vêtements jonchaient le sol de la porte jusqu'à mon lit. Pensive, adossée au mur, je voyais mon reflet dans le miroir un peu plus loin. Je n'étais pas belle à voir, mon maquillage avait coulé et mon teint blanc me faisait ressembler à un vampire. Des cernes creusaient de jour en jour un peu plus mon visage. Mon téléphone se mit à vibrer. Je me mis à le chercher. Tout d'abord, je soulevait mes piles de vêtements. Ne le trouvant pas, j'entrepris de fouiller sous mes couvertures. Là non plus je n'en vis pas la trace. Je fis le tour de la chambre, passant les moindres recoins au crible, tout, mais pas l'ombre de mon téléphone. Le bruit cessa. Je m'assis sur le bord de mon lit et poussai un soupir. Et si c'était Théo? pensais-je. Je me relevai et me remis à chercher mon téléphone avec, cette fois, plus d'entrain. Les vibrations reprirent. Quelques secondes plus tard, je le trouvai sous mon tapis. Je décrochai en vitesse sans même regarder qui m'appelai.
- Allô ?
- Bonjour ma puce, comment vas-tu ?
- Maman ?
- Oui, c'est moi. Ça va?
- Oui...
J'acquiesçai d'un ton peu convaincant, déçue que ce ne soit que ma mère.
- Tu es sûre ?
- Oui, oui.
Je repondis hâtivement, pressée de clore cette conversation embarrassante. Je n'avais pas envie de m'étendre sur mes problèmes de coeur avec ma mère.
- Ton amie Lucie m'a appelée pour me dire que tu ne répondais pas au téléphone.
En effet, j'avais quatre appels manqués de sa part. J'en déduisit que devais dormir lorsqu'elle avait cherché à me joindre. Donc je decidais de lui mentir.
- Oh, mais c'est parce que je n'avais plus de batterie et que j'avais perdu mon chargeur. Heureusement, je venais de le retrouver quand tu m'as appelée.
- D'accord, dans ce cas je ne vais pas t'embêter plus longtemps. Tu dois sans doute partir travailler.
- C'est ça ! Je t'embrasse, à bientôt.
- À bientôt ma chérie !
J'ai raccroché. Deux mensonges d'un coup, je faisais fort. Je parcouru mes messages. Aucun de Théo, mauvaise nouvelle. Par contre, un nouveau message de Lucie: "Je viens te voir, j'arrive vers 11 heures, bisous". Il était exactement 10h56. Inutile de m'habiller ou de me faire belle, je finirais par tout lui dire. Quelqu'un tambourina à la porte. C'était bien elle. Je lui ouvris.
Elle s'était faite une longue tresse qui lui tombait sur l'épaule. Elle portait une robe noire très élégante avec des escarpins. Je me sentie ridicule à côté. Les jolis traits de son visage s'étaient affaissés à ma vue. Elle semblait inquiète.
Moi: Salut
Lucie: Salut ma belle, qu'est-ce qui t'arrive ?
Je baissai les yeux, gênée par la question. Je la fis entrer.
Moi: C'est assez compliqué...
Lucie: Je parie que c'est à cause d'un mec!
Moi: Oui.
Lucie: Et tu l'as trouvé avec une autre fille, c'est ça ?
Moi: Comment tu sais ?
Lucie: C'est toujours pareil avec eux. Tu t'attaches et juste après tu le trouve au bras d'une autre !
Moi: Sauf qu'on était pas ensemble et il semblait vouloir qu'on se rapproche.
Lucie: C'est qui?
Moi: Théo...
Lucie: Ah...c'est bizarre. C'est pas son genre.
Moi: Faut croire que si.
Lucie: Tu connais la fille?
Moi: Non, je sais juste qu'elle s'appelle Ashley et qu'elle ne m'aime pas.
Lucie: Attends, raconte moi tout depuis le début.
Je lui ai tout raconté, n'oubliant aucun détail. Elle est restée m'écouter sans dire un mot, très attentive, son expression changeante au cours de mon récit.
Lucie: Théo avait une copine à un moment. En y réfléchissant bien, c'est possible que Ashley soit son ex.
Moi: Je ne sais pas. Elle l'a quand même embrassé et il ne l'a pas repoussée!
Lucie: Ouais, mais c'est louche. Je vais mener ma petite enquête.
Moi: Non, laisse tomber.
Lucie: Je ne t'ai pas demandé ton avis. D'ailleurs lève toi, va te laver et t'habiller. C'est pas comme ça que tu vas arriver à le récupérer !
Moi: C'est déjà foutu de toute manière. Il n'a même pas essayé de me joindre, il s'en fou de moi!
Lucie: Et alors? Ça veut dire qu'il attend ton appel. Allez, bouge toi!
Je me levai péniblement. Je marchai jusqu'à la salle de bain en trainant des pieds. Face au grand miroir, j'avais du mal à soutenir mon regard. Je faisais vraiment honte à voir. Je pris une douche qui me fit beaucoup de bien. Après m'être maquillée avec du mascara et un trait d'eyeliner, je parti m'habiller. J'optai pour un Jean, un pull loose et des basket blanches. Quelque chose de simple mais passe-partout. Je reprenais un peu plus confiance en moi. Une flamme s'était rallumée au fond de mon coeur. Je rejoignis Lucie dans le salon.
Lucie: C'est beaucoup mieux comme ça! Bon, on y va, on a pas de temps à perdre.
Elle avait déjà franchi le seuil de la porte avant même que je lui demande où elle m'emmenait. Je la suivi dans l'ascenseur. Je lui posai enfin la question.
Moi: Tu peux me dire où l'on va?
Lucie: On va faire du shopping. Si tu veux l'avoir il va falloir que tu t'en donnes les moyens chérie !
Heureusement, j'avais pris mon sac en partant. On pris sa voiture pour se rendre au centre ville. A cette heure il était quasiment impossible de circuler. Une demi-heure plus tard, on trouva enfin une place dans un souterrain. Nous dûmes gravir plusieurs étages d'escaliers pour atteindre la surface.
Je la suivi pendant une heure. Entrant, sortant des magasins toujours plus insatisfaite. Lucie voulais que j'achète des robes et des jupes, ce que je ne portais jamais. Elle réussi à me convaincre d'en essayer quelques unes. Je n'aurais jamais imaginé que cela puisse m'aller, avant de me voir. Finalement, je me mise à n'essayer plus que ça. Quand je quittai mon cinquième magasin, je me retrouvai les bras chargés de sacs remplis de robes et de jupes. Lucie était ravie de mes achats et elle ne cachait pas sa joie. Elle disait que j'étais magnifique et que les robes m'allaient mieux qu'à elle. Je n'en cru pas un mot même si cela me mit du beaume au cœur. J'arrivais difficilement à croire que je puisse récupérer Théo, elle, en était persuadée. Il était midi. Nous allâmes déjeuner dans un fastfood branché, puis, nous nous arrêtâmes à un Starbucks. Lucie raffolait des cafés de la célèbre enseigne américaine. Enfin, notre café terminé, nous regagnâmes le parking. Nous fîmes la course en descendant les escaliers. Essoufflée, j'arrivai en première sur les lieux. Je l'avais largement devancée avec mes baskets, elle portait des escarpins. Le parking était désert, seules quelques voitures remplissaient les allées. Je parcouru mes messages sur mon téléphone, puis je le remis dans ma poche. J'entendis ses talons claquer derrière mon dos. Elle me rejoignit, peu essoufflée.
Lucie: Tu faisais quoi?
Moi: Rien, je t'attendais.
Lucie: Tu croyais quand même pas que j'allais te rattrapper avec mes talons?
Nous avançâmes jusqu'à la voiture.
Moi: Non, c'est juste que...
Une voiture déboula en trombe dans le parking. Cela nous fit sursauter. C'était une grosse voiture noire aux vitres teintées. Elle s'approcha de nous puis freina brusquement. Je me dépêchai de mettre mes sacs dans le coffre. Lucie monta au volant de la voiture. Je m'apprêtais à ouvrir la portière quand j'entendis une vitre électrique se baisser derrière moi. Je me retournai.
- Mais qui voilà? Mais c'est Tania, la copine à Théo! Comme on se retrouve!
Je ne fus pas étonnée de reconnaître Ashley. Je lui lançai un regard noir. Elle était du côté passager. A ses côtés il y avait quelqu'un, quelqu'un que je connais si bien. Théo. La colère m'envahie alors. Il avait le regard fixe mais pas dans ma direction. Je sentais sur moi le regard fier de Ashley, qui m'agassait profondément.Je montai rapidement dans la voiture de Lucie. Celle-ci me regarda étonnée. Puis, lisant la haine sur mon visage, elle me questionna.
Lucie: C'était A...
Moi: Ashley, oui.
Lucie: Quelle peste en effet !
Moi: C'est pas le pire, c'est Théo qui conduisait.
Lucie: Et il t'a regardé ?
Moi: Non, il détournait le regard, comme par hasard !
Elle ne répondit rien. Elle démarra la voiture et quitta le parking. On ne croisa pas leur voiture et c'était tant mieux car je ne souhaitais pas les revoir. Je voulais qu'ils disparaissent de ma mémoire, de ma vie. Cependant, je ne pouvais cesser de me remémorer l'insulte que j'avais reçue. J'en voulais beaucoup à Théo.

Toi et moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant