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Cette matinée ne fut pas meilleure que les précédentes. J'étais toujours plongée dans un désespoir profond, vertigineux, qui me rapprochait chaque jour un peu plus de la chute. Malgré cela, je redoublais d'efforts pour que mon moral ne déteigne pas sur mon apparence physique. Je me levais tôt,  me préparais et me maquillais avec soin. Je m'efforçais de répondre de jolis messages,  tout cela pour me convaincre à moi-même de l'oublier. Cependant, tout mes efforts étaient vains.
Dans l'après midi ensoleillé, je sorti prendre l'air. Je me rendis dans un parc voisin;  cela faisait longtemps que je ne m'y étais pas baladée. Le vent frais d'automne me caressait délicatement le visage. J'étais bercée par le chant mélodieux des oiseaux. Il y avait peu de monde de sortie, seulement quelques passant que je pouvais compter sur mes doigts. Une jeune mère et son fils déposaient des bateaux en papier sur l'eau. Un vieux monsieur assis sur un banc lisait silencieusement son journal. Et ci et là,  des coureurs au visage rougi et à la respiration saccadée défilaient sous mes yeux. Un havre de paix et de sérénité s'ouvraient à moi. Cette balade me fis beaucoup réfléchir sur mes sentiments. Je ne pouvais pas nier que j'étais attirée par Théo, mais pour autant, je lui en voulais de plus en plus. J'étais toujours sans nouvelle de sa part, et ça depuis presque une semaine. Je savais bien que si il me demandais pardon je refuserais. Néanmoins, je ne pouvais cesser de m'impatienter devant l'écran de mon téléphone.
Je trouvai un banc et m'y posai.  Je regrettais de ne pas avoir apporté un livre, l'endroit était idéal. J'étais seule, régnant dans la tranquillité absolue. Seule avec le bruit des feuilles se détachant délibérément des arbres et volant sur les sentiers en un ruisseau crépusculaire. J'étais tellement absorbée par le paysage que je ne remarquai à peine quand quelqu'un vint s'asseoir à côté de moi. Je restais dans ma bulle, ne me souciant guère de mon voisin. Mais d'une voit tranchante, il rompu le silence.
-Tania, il faut qu'on parle.
Ma tête se tourna brusquement dans sa direction au son de mon prénom. Mon coeur bondit sous ma poitrine. Je n'arrivais pas à voir la réalité en face, j'essayais de reprendre conscience de ce qu'il se passait. J'étais totalement chamboulée, je n'avais pas envie de le voir, d'entendre sa voix,  ni de le sentir près de moi. Il m'avait fait trop de mal. J'avais enfin pu le sortir de ma tête et il fallait qu'il réapparaisse!
Moi: Je n'ai pas envie de parler.
Théo:  Je sais que j'ai été un peu absent, je suis désolé.
Moi: Quoi? Tu n'as pas été un peu absent,  tu m'as totalement ignorée pendant plusieurs jours ! Tu as même laissé cette co... cette fille l'insulter sans réagir. Et maintenant tu crois sérieusement que je vais accepter tes excuses à deux balles?
Théo:  C'était pas fait exprès,  je te le jure.
Moi: Je n'en ai rien à faire!  Dégage! Je ne veux plus te parler,  t'entends ?
Théo:  Mais je...
Moi:  J'ai dit dégage !
Il s'est levé du banc dans un soupir. Il est parti,  tête baissée, les mains dans les poches et la mine rabougrie.
J'étais encore sous le choc de notre dispute et je commençais déjà à regretter mes mots. Toujours  assise sur le banc, je décidai d'appeler Lucie. J'étais de nouveau perdue. Je mis le téléphone à mon oreille et j'attendis. La sonnerie retentit à plusieures reprises,  dans le vide. Je tombai sur son répondeur.  Je l'appelai de retour ; cette fois la sonnerie ne tomba pas dans le vide. Lucie décrocha.
Lucie:  Oui allô ?
Moi: Salut c'est Tania.
Lucie:  Salut.  J'ai vu que t'avais essayé de m'appeler,  qu'est ce qu'il t'arrive ?
Moi: Théo est venu me parler.
Lucie:  Quoi?
Moi: Théo est venu pour me parler de la situation.
Lucie:  Ouah!  Et alors, il t'a dit quoi ?
Moi: Bah...je ne l'ai pas vraiment laissé parler.
Lucie:  C'est une blague ? Tu n'a quand même pas fait ça ?
Moi: Euh...si. J'étais énervée et il m'a juste dit "désolé d'avoir été absent " . Du coup ça m'a mis les nerfs en boule et je lui ait dit de partir.
Lucie: Je rêve ! Comment on va rattraper ça maintenant ?
Moi:  Je ne sais pas. En plus je lui ai parlé comme de la merde, ça va être compliqué.
Lucie:  Franchement bravo !
Je me suis levée du banc. Je marchai sur le chemin,  concentrée, j'écrasais les feuilles mortes.
Moi: Je rentre chez moi. Il faut vraiment que je me change les idées. Je pense que je vais retourner travailler demain.
Lucie:  Ouais,  c'est une bonne idée. Je passerai peut-être dans la soirée.
Moi: D'accord, à tout à l'heure.
Lucie: A tout à  l'heure.
Elle raccrocha. Je continuai mon chemin pour rentrer jusqu'à l'appartement. Deux possibilités s'offraient alors à moi. Deux chemins, l'un à gauche vers la ville,  l'autre à droite vers le lac. Celui vers la ville était plus court mais me faisait sortir de la tranquillité du parc. Celui de droite, plus long, contournait le lac du parc et me faisait faire le chemin inverse. Je choisi la première option ; je tournai à gauche. En réalité j'étais pressée et j'avais peur de recroiser Théo dans le parc. Je parcouru les trottoir des rues vides. Je marchais vite, j'étais pressée. Je tournai à gauche en direction de mon immeuble, il était à quelques pas désormais. Dans le virage, je fus prise d'un sursaut. Je tombai nez à nez avec Ashley.
Ashley: Salut toi !
Je poursuivi mon chemin en la contournant elle, et son sourire mesquin.
Ashley: Tu es vraiment mal polie ! Je ne sais pas comment Théo va faire pour te supporter à l'épicerie.
Moi: Pardon ?
Je fus stoppée net et fis volte face.
Ashley: Tu n'es pas au courant? Théo vient de décrocher un CDI à l'épicerie où tu travailles.
J'étais sidérée par ce que je venais d'apprendre. Comment Théo avait-il pu faite une chose pareille ?
Ashley me regardait, toujours accompagnée de son sourire victorieux. Je fis demi-tour vers l'épicerie. Je devais voir ma patrone, j'avais besoin de savoir ce qu'il s'était passé.  Je pressai le pas, heureusement,  j'avais pris la bonne direction quelques temps plus tôt. J'arrivai à l'épicerie le souffle court et le  coeur battant à tout rompre. La porte émis un tintement à mon arrivée. La patrone était au comptoir, occupée avec une pile de papiers. À ma vue, elle se redressa et rengea son activité. Elle eût l'air étonnée de ma présence.
Mme Ronchard: Bonjour Tania. Vous n'êtes plus malade à ce que je vois?
Moi: Bonjour madame. Non je vais mieux et je compte reprendre le travail,  je venais vous en informer.
Mme Ronchard: Très bien! Il y a des boîtes de conserve dans le carton là-bas, je vous laisse vous en charger.
Je fis un demi tour sur moi même  en suivant son index du regard. En effet, il y avait un gros carton dans le coin,  au fond du magasin. Je ne comptais pas reprendre le travail maintenant, mais j'avais été prise à mon propre piège. Elle avait sans doute cru que j'étais revenue pour travailler, c'était même évident, comment autait-elle pu savoir. Elle ne me parla d'aucun nouvel employé. J'espérais que ce n'était qu'une mauvaise blague d'Ashley. Je me dirgeai vers le fond et j'ouvris le carton en question. Soudain, Mme Ronchard m'appela.
Mme Ronchard: Tania, j'ai oublié de vous informer de quelque chose. J'ai employé récemment un jeune homme. Il aidera à décharger les cartons et il pourra vous aider pour la mise en rayon des produits. Vous savez, cela devient de plus en plus dur pour moi. Désormais je ne m'occuperai plus que de la paperasse.
Moi: D'accord,  mais je pense pouvoir m'en charger si vous voulez. Je n'ai pas besoin d'aide et puis les cartons ne me font pas peur.
Mme Ronchard: Ne vous inquiétez pas, je ne compte pas vous remplacer ! Mais je dois vous avouer que la gente masculine est un peu absente ici. Le jeune homme en question fera merveilleusement bien l'affaire. Il ne risque pas de vous déplaire, vous allez voir, il l'a est très charmant !
Je lui fit un sourire forcé et me remis au travail. Je n'allais pas perdre  mon job, c'étais déjà une bonne chose. Mais le pire restait à venir. Comment allais-je pouvoir réussir à supporter Théo plusieures heures par jour? Et puis quelle idée avait-il eu de venir travailler dans mon épicerie?
J'entendis la patrone me chuchoter du fond du magasin.
Mme Ronchard: Il arrive!
Effectivement, la porte s'ouvrit suivi du tintement habituel. Je les entendis vaguement discuter.
Ce qu'il se passait avec Théo,  même dans mes pires cauchemars, je n'aurais jamais imaginé un tel scénario. Dès que Lucie serait au courant elle m'obligerait à lui parler et je redoutais ce moment. Oui, je refoutais la vérité, j'avais peur. La porte tinta à nouveau. C'était la patrone qui venait de quitter l'épicerie. Voilà que je me retrouvais seule avec Théo. Je l'aperçu au fond du rayon. Il rangeait les croquettes pour chien, ce que je détestais le plus faire. De temps en temps, entre deux boîtes de conserve, je me retournais discrètement pour voir où il était. Cette fois ci, quand je me suis retournée, j'ai sursauté. Il était juste derrière moi en train et m'observer. Je me demandais depuis combien de temps il était là. Je restai face à mes boîtes de conserves, soigneusement alignées. J'ai passé ma main dans mes cheveux et j'ai mis une mèche derrière mon oreille.
Théo:  Je sais que tu ne veux pas me parler et que tu m'en veux, mais s'il te plait, il faut que tu m'écoutes.
Je ne savais pas quoi faire ni comment, la situation était très embarrassante. Pourtant, c'était le moment rêvé de savoir la vérité. Quelques temps plus tôt, je lui avais mal parlé et il ne m'en avait pas voulu. Et voilà qu'il revenait me parler, c'était inespéré. Il fallait que je l'écoute, que je prenne sur moi.
Il m'interrogea du regard comme pour me demander la permission. J'hochai la tête en signe de réponse. Il commença  en se balançant nerveusement d'avant en arrière sur ses pieds, les mains enfoncés au fond de ses poches.
Théo:  Alors...

Toi et moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant