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Sa phrase resta en suspend. La porte venait d'émettre un nouveau tintement. Qui pouvait bien venir à cette heure ? Théo et moi restâmes sans bouger, face à face, les yeux dans les yeux. Pas un scillement, pas un bruit. Nous tournâmes la tête simultanément. Au même instant nos visages se décomposèrent. Le courant d'air qui avait envahi la pièce s'était dissipé et dès lors, nos visages s'étaient empourprés. Ashley était encore une fois de la partie. Cette fois ci, son sourire mesquin avait laissé place à de la stupeur. Théo n'était qu'à quelques centimètres de moi seulement et elle nous dévisageait à tour de rôle. J'arrivais à lire au fond de ses yeux de la peur. Théo, lui, avait cessé de me regarder. Il fuyait les yeux d'Ashley, tantôt retraçant les rayonnages, tantôt regardant ses pieds. Malgré ce jeu incompréhensible je voyais en lui beaucoup de colère et d'exaspération. En soit, j'étais perdue.
Pourquoi Ashley était-elle dans un tel état? Pourquoi Théo était-il soudain si distant? Pourquoi étais-je la seule dans l'incompréhension totale?
Je me souvint alors que Théo allait justement me faire des aveux. Qu'avait-il de si important à me dire?
Il y avait trop de questions sans réponse dans ma tête.
Tout-à-coup, Ashley pris la parole d'un ton décisif.
Ashley : Pourquoi tu lui parles toi? Tu m'avais juré de ne pas l'approcher. Et là quoi? Je vous trouve en train de flirter!
Elle assasinait Théo du regard, sa colère lui montant jusqu'aux joues.
Théo : On ne flirtait pas! Et puis merde, si j'ai envie de lui parler je fais ce que je veux. T'as pas à me commander !
Ashley : Tu crois pouvoir me faire croire que vous étiez seulement en train de discuter là ?
Théo : Je te signale que c'est ma meilleure amie. Donc si je veux lui parler je le fais!
Ashley : Arrête de me prendre pour une conne! Je sais très bien qu'elle est plus que ça! J'ai bien vu la dernière fois que ta copine n'était pas venue au cinéma en tant que tel! Et toi, si tu avais vu comment tu la dévisageais tout-à-l'heure!
J'étais coincée, totalement bloquée au milieu de leur dispute. J'aurai voulu fuir mais c'était impossible. Je ne pouvais pas non plus intervenir. En bref, je n'avais aucune issue.
Théo : Arrête de raconter n'importe quoi!
Ashley: Je dis seulement la vérité.
Théo : Putain, j'étais en train de discuter tranquille et toi tu te ramènes et tu fou la merde!
Ashley: Faut croire qu'on ne peut pas te faire confiance. Je croyais que tu resterais loin d'elle, je croyais que tu m'aimais mais apparemment non!
Théo : Non! Non je ne t'aime pas! Voilà tu es contente?
La bouche d'Ashley dessina un o, et ses yeux s'écarquillèrent.
Ashley : Tu rigoles j'espère ?
Des larmes se mirent à perler au coin de ses yeux. Face à la scène, je ne savais pas quoi faire.
Théo : Non, je ne rigole pas. J'en peux plus de toi, tu es sans arrêt sur mon dos depuis deux ans. Deux ans putain! Je ne te supporte plus toi et ta jalousie!
Ashley: Comment tu peux me dire une chose pareille! On s'aime depuis deux ans et tout est fini du jour au lendemain?
Théo : Ça fait longtemps que c'est fini pour moi.
Ashley : Je t'en supplie, ne me quitte pas!
Théo: Mais tu comprends pas que j'en peux plus de toi? Je me casse!
Il saisissa mon poignet avec rudesse. Les yeux d'Ashley bondirent sur moi impuissante. Il me tira hors du magasin et l'on s'éloigna. Il me conduisit jusqu'à son appartement, sans un mot. Le jour était tombé, laissant place au ciel nuptial pailleté d'étoiles. Le téléphone de Théo bourdonnait continuellement. Il ne s'en préoccupait pas, à quoi bon, ce devait être encore Ashley. Je me laissais porter dans les ruelles étroites. Caressée par la fraîcheur de la nuit qui rendait son dernier souffle, je m'évadais. Théo était irrésistiblement beau ce soir. Ses cheveux désordonnés lui donnaient un air fougueux. Ses yeux bruns s'illuminaient sous les lampadaires. Sa peau de bronze était désormais reflétée d'or.
Nous sommes arrivés au pied de l'immeuble, sur l'ascenseur était écrit "en panne". On parcouru donc les étages interminables aux nombreuses marches raides. Soixante, soixante et un, soixante deux. Enfin on y était. La clé ouvrit la porte et on traversa le couloir. On pris place sur le canapé d'angle qui meublait la moitié de son salon. Tout se fit sans un mot.
Théo apporta à boire. Il but une gorgée de coca et, semblant hésiter, reposa son verre. Il baissa longuement son regard sur ses mains, perturbé par un sentiment inavouable. Il releva enfin ses yeux sur moi. Des frissons me par coururent le dos quand nos yeux se rencontrèrent. Son regard franc en disait long. Il allait me le dire, cette chose qui le tour mentait. Il allait me le dire, après maintes et maintes tentatives. Il allait me le dire, je ne pouvais plus attendre. Ses lèvres se séparèrent et il prononça dans un souffle :
-Je t'aime
Mon coeur, il avait battu fort puis s'était arrêté. Je n'avais plus d'air dans mes poumons, je ne pouvais plus bouger. C'était la tempête, j'avais chaud, j'avais froid. Puis soudain, les battements de mon coeur reprirent à un rythme éfreiné. L'air s'engouffra dans mes poumons et je repris vie. N'y tenant plus, je fondis sur lui et l'embrassai. Il m'embrassa langoureusement à son tour et notre étreinte fut longue et douce. J'étais exténuée. Il me pris chaleureusement dans ses bras et je m'y endormi.

Toi et moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant