Hier soir, dans nos forêts

Chapitre 1a : Chez Rachel

Je viens tout juste de sortir de chez la coiffeuse et je me dirige vers le café de l'autre côté de la rue pour aller rencontrer ma meilleure amie, Milane. On pourrait dire que c'est impensable d'aller voir une amie en face à face de nos jours à cause de la technologie, pourtant, c'est mon cas. Je crois que je suis une des seules personnes à vouloir vivre la vie de mes ancêtres, ceux qui vivaient à l'époque contemporaine, ce lointain passé où les rues étaient habitées, joyeuses et entretenues. De nos jours, il n'y a presque aucun piétons. Les trottoirs sont déserts ; la grande majorité de la population est occupée à conduire leurs voitures volantes sur l'autoroute 400, vers les Caraïbes, où le jeu vidéo Mario 5000 vient tout juste de paraître. Encore et toujours cette fameuse technologie. C'est comme si un grand voile opaque s'était posé sur nous, dissimulant le monde réel derrière celle-ci. Ce qu'on appelait Terre a muté. Même moi, je ne sais pas comment c'était avant cette révolution, mais je suis persuadée que c'était mieux.

Enfin arrivée de l'autre côté de la rue, j'entre dans le café et m'assois en face de Milane. On discute de nos examens de fin de session avec un frappuccino au caramel et une brioche à la cannelle tout en nous dirigeant vers la maison de Rachel. Une fois rendues, on s'installe pour regarder un film de science fiction en attendant 7h30, heure à laquelle nous nous rendrons au fameux party.

La projection 4D commence, les images du générique défilent au son d'une musique calme et une odeur de popcorn se répand dans la pièce. Le film me plonge dans un univers fictif où les rues sont parsemées de grands cylindres bruns jonchés d'une matière semblable à des bouts de tissus verts. Nous avançons le long de ces colonnes étranges et nous arrivons sur une avenue bondée de piétons avec des immenses sacs de plastique dans leurs mains. Je reconnais les bâtiments qui m'entourent; nous sommes à Times Square, un quartier très connu de Manhattan. Les piétons ne semblent pas remarquer ces objets étranges dont je m'intriguait tant mais j'ai surpris un couple en parler, ils les nommaient ; arbres.