Chapitre 1 : « Il » vous salue ! Ou l'art d'offenser les mauvaises personnes

83 13 3
                                    

Un premier flash. Un G. Un second flash . Trois H. Si seulement il n'y avait pas ce putain de sifflement ! Concentre-toi Angèle, c'est pourtant pas si compliqué ! Je m'inffligeai un coup sur la joue pour me tenir éveillée.

-Olivier je vais balancer ton oreillette par terre !

Je l'entendis rire derrière son micro.

-Il va falloir que tu fasses avec, je te rappelle qu'il ne reste plus que nous deux.

-Merci de me le rappeler, c'est très encourageant, non vraiment j'insiste !

-Tais-toi et laisse-moi faire mon travail. Si on n'a pas ceux là c'est la catastrophe.

-Tu sais, je pense pas que ça va nous tuer si on n'arrive pas à voler une paire d'écumeurs.

-On ne vole pas, je préfère dire « emprunter sans perspective de retour ».

-Ouais, enfin je vois pas trop l'intérêt de risquer encore une fois de se faire chopper par les Gesturiens, je sais pas si tu te souviens de ce qu'ils ont fait à Emylie.

-Tu dramatises tout le temps !

-Elle s'est quand même fait couper trois doigts avant de mourir des suites de l'infection.

-C'était pas une grande perte...

-Olivier !

-Elle était odieuse avec tout le monde !

Je soufflai un grand coup afin de me concentrer à nouveau.

-Et je sais pas si tu te souviens mais Emyl...

-Mais ferme-la !

Je retirai mon oreillette avec violence avant de la fourrer dans la poche de mon manteau gris. Je reposai ma main contre le mur froid des stocks du magasin d'électronique. Un dernier flash, deux I. Je récapitulai mentalement : un G, trois H et deux I. Le G était plutôt proche de l'entrée et ronflait comme un bot, les H, pas bien malins, étaient en train de discuter vers la droite et les deux I étaient dans un bureau en hauteur. Les doigts dans le nez !Je soulevai doucement la porte en métal avant de me glisser dans le local. Je vérifiai que mon G était bel et bien endormi et commençai à m'avancer entre les blocs de projecteurs holographiques. Je m'appliquai à faire le moins de bruit possible pour ne pas attirer l'attention de ces crétins de H, ces gros bras étaient rapides malgré la masse de muscle dont ils étaient affublés.

Je remontai dans les rangées de l'entrepôt sombre en suivant les panneaux rangés par ordre alphabétique : « Hologrammes ; Graphiques; Fluctueurs ; Ecumeurs » Je m'arrêtai devant ce dernier rayon. J'avais devant moi les modèles les plus récents. Je promenai mon regard sur les boites que j'avais en face de moi et l'une d'entre elles attira mon attention de part sa taille. Je posai ma main dessus et un petit écran situé sur le haut de cette boite s'alluma. La boite en question était froide et imprégnée de l'humidité ambiante, je frissonnai et remis mon oreillette en place.

-Olivier ?

-Angèle ! J'ai cru qu'il t'était arrivé quelque chose, ne coupe plus jamais la connexion comme ça , cria-t-il dans son micro. Bon, qu'est ce qu'il se passe ?

-Je suis devant la boite de tes stupides écumeurs, il y a un détecteur d'empreintes, je peux pas l'ouvrir !

-Je ne vois qu'une seule solution. Il faut que tu me fasses confiance sur ce coup là.

-Tu sais que je déteste quand tu dis ça.

-Tu vas devoir couper les fils d'alimentation derrière la boite. Vas-y doucement, si tu te rates tu pourrais te faire électrocuter et l'alarme pourrait même se déclencher !

-Tu as un sens des priorités éblouissant. Je retournai la fameuse boite et mis les fils à nu. Je fais quoi avec ça moi maintenant ?

-Bon, normalement il y a six fils, il faut que tu coupes le premier, le troisième et le quatrième en moins de cinq secondes sinon l'alarme va se déclencher.

Je me saisis du premier fil et le coupai d'un coup sec l'aide de mon couteau de poche. En ce moment précis les secondes se mirent à défiler sous mes yeux. Tout, absolument tout autour de moi était ralenti.

« 5 »

Je m'emparai du deuxième fil.

« 4 »

J'effectuai une pression avec la lame que je tenais entre mes doigts.

« 3 »

Le fil céda enfin.

« 2 »

J'attrapai le dernier fil.

« 1 »

-Mais coupe-toi saloperie !

Le bruit retentissant de l'alarme se fit entendre durant une fraction de seconde. Je baissai la tête et vis que le fil était sectionné. Je lâchai un soupir de soulagement avant d'ouvrir la boite noire avec hâte. Je pris les écumeurs et les fourrai dans ma poche sans ménagement.

-Angèle ? Ça va ?

-Oui tout va bien, j'ai récupéré tes stupides écouteurs !

-Je te l'ai déjà expliqué, c'est des écumeurs, pas de simples écouteurs ! Tu es sûre que tu n'as alerté personne ?

-Oui, au moins à quatre-vingt-dix-neuf pourcents.

Des bruits de pas et des voix résonnèrent dans l'entrepôt. Je me figeai soudainement.

-Angie, c'était quoi ça ?

-Le pourcent restant.

-Mais bon sang tire-toi de là !

Je détallai vers la sortie comme un lapin surpris par des coups de fusil. La porte se verrouilla sous mes yeux. J'essayai de m'arrêter vainement, dérapai sur quelques mètres et la pris de plein fouet dans la figure. Paniquée et étourdie, je levai alors la tête vers les fenêtres situées à cinq mètres au dessus du sol, sous le toit de l'entrepôt. Ignorant par quel miracle l'une d'elles était ouverte, je me lançai dans l'ascension des étagères qui servaient de support à des caisses. Une fois arrivée en haut, non sans mal, je jetai un coup d'œil vers le bas. Les gardes, ou mes « H » comme je les appelle, s'étaient tous retrouvés devant la porte.

-Je comprends pas comment il a pu nous échapper, il était là il y a à peine trente secondes !

Il ? Non, sérieusement ? Bon aussi dans le pénombre et avec une capuche une confusion était vite arrivée. Je me redressai alors et retirai ma capuche, laissant mes cheveux noirs retomber sur mes épaules et m'exclamai d'une voix forte :

- « Il » vous salue ! Ils eurent à peine le temps de voir le doigt d'honneur triomphant que je leur adressai avant que je ne saute du haut de la fenêtre entrouverte. J'atterris trois mètres plus bas dans l'herbe haute qui entourait l'entrepôt et courus vers la camionnette d'Olivier qui m'attendait non-loin.

FacelessOù les histoires vivent. Découvrez maintenant