Chapitre quatre

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Besoin d'aide, princesse ? - Justin

L'aube venait de se lever. Le quartier était endormi et une brise légère berçait les rives du canal délimitant les habitations. Je marchais dans les rues, les pieds dénudés. Ma tête me faisait mal et mes yeux rendaient l'horizon vague. Mes pieds, mon ventre et mes bras saignaient. J'étais dans une sorte de transe. Mon cerveau n'analysait pas mes mouvements, j'étais comme un robot. Où étais-je ? Que fais-je maintenant ? Je ne sais pas. Je suis une fille effrayée  et perdue. Je sens une présence dans mon dos, une personne me suit. Elle est juste derrière moi, je peux sentir son souffle chaud dans mon cou. J'accélérai le pas, encore et encore jusqu'à me voir courir. Mes blessures me brûlaient et je tombais à nombreuses reprises. Et à nombreuses reprises, je sentais cette même présence dans mon dos, m'emboîtant le pas avec une facilité hallucinante. J'avais peur et une boule d'anxiété me bloquait la gorge. Soudain, une main vint se poser sur mon épaule et je ne pus m'empêcher de hurler.
Je me réveillai en sursaut. Encore une fois. Pourtant, c'était la première fois que cela se produisait en plein cours. Je voyais des pairs d'yeux me scrutaient avec embarras.

– Un problème Mlle Andrews ? Me demanda mon professeur de littérature.

– Non, aucun monsieur. M'excusais-je.

Je me faufilai sous un manuel afin que personne ne puisse remarquer mon état de frayeur. Je posai une main à mon cœur, inspirant puis expirant calmement. Je m'ordonnais de me calmer. Ces cauchemars revenaient  fréquemment. J'ai cru que c'était un rêve, un cauchemar. Je me souviens des mots que j'avais prononcé dans le cimetière, je me souviens, pourtant, tout ce qui s'est passé après me semble irréel. C'était sous le coup du choc. La réalité, la vérité avait encore fait son apparition. Pourtant, après tout ça, je pensais qu'il avait changé et qu'il allait mieux. Mensonge. Encore et toujours, ce sont des mensonges qui me font me sentir heureuse. Lorsque vous êtes face à une telle réalité, la seule chose que vous trouviez à faire et de vous plier face à cette force supérieure. J'avais cru en Justin. Ce garçon que j'admirais depuis si longtemps. Puis sa soeur est morte et tout à changer. Tous mes plans pour tenter quelque chose avec lui se sont envolés, comme des oiseaux après avoir entendu un bruit suspect dans la forêt. C'était juste le choc après tout. Le choc qui m'a poussé à pleurer, à hurler, à sentir la douleur.
Mon séjour à l'hôpital avait été un vrai cal vert. Moi qui déteste l'hôpital... Lorsque, samedi, Justin avait laissé la porte ouverte, je me suis enfuie et je suis immédiatement rentrée chez moi. Le seul endroit où je pensais être en sécurité. Une fois rentrée, mon frère s'est jeté sur moi, il était inquiet, j'avais disparu de toute la journée et je ne répondais pas aux messages. Sa réaction m'avait étonné. Il n'avait jamais réagi de cette manière. Il m'avait examiné et découvert mes nombreuses blessures. Il m'a emmené à l'hôpital sans dire un mot à notre mère. J'avais passé la nuit à l'hôpital, et le lendemain, mes camarades de classes avaient déjà colporté des ragots à mon sujet.
Ceux-ci se sont fait un plaisir d'annoncer que j'ai passé la journée de la veille dans un hôpital, car j'ai reçu de nombreux coups. Les commentaires n'étaient pas gentils, mais peut importe, rien ne changera leur nature, ils sont seulement humains après tout. Ils ne veulent qu'un bouc émissaire, une personne sur qui se défoulait en permanence lorsqu'eux-mêmes ne vont pas bien. C'est navrant, mais voilà à quoi ce résume la nature humaine.
Le cours se finit rapidement et je pus rejoindre les toilettes. Plus je marchais et plus je pensais. Tout le monde fait ça. On a cette capacité à penser, tout le temps, à se souvenir, à souffrir. Parfois, j'aimerais juste que la voix dans ma tête cesse de parler, juste appuyer sur un bouton et pendant quelques heures la faire taire. Je me pressai dans les toilettes, pénétra une cabine et ferma le loquet. Je le trouvais tagué d'injure, toujours les mêmes. Les toilettes sont devenues ma nouvelle planque si je peux dire cela ainsi. La vérité c'est que j'ai peur de le voir, de le croiser dans un couloir ou à la cantine. Désormais, il me terrifie et je vois vraiment qui il est...

La journée avait été habituellement mauvaise. Je sortis de cours à la fin de la journée et décidais d'aller dans un parc près de chez moi.
La lune était haute dans le ciel maintenant, pourtant, je ne connaissais toujours pas l'heure exacte. Et je ne voulais pas la connaître. J'attendais patiemment le lever du soleil, lorsque le crépuscule creuse des reflets orangé dans le ciel. Je m'évadais dans les rues, flânais dans le parc. Je sais que ce n'est pas bien de disparaitre de cette manière dans la nuit, dans l'obscurité, dans la ville où la violence est omnie présente. Surtout à la suite des évènements récents, comme mon enlèvement. Peut-être mon frère s'inquiète t-il ? J'ai éteins mon téléphone, je ne le serais pas. On m'a toujours dit de me méfier du noir, dans le noir tout peut arriver, n'importe quand, n'importe où. Pourtant, je n'ai pas peur. Cette petite excursion nocturne me rappelle celles que je faisais avec mon frère ainé. Lorsqu'il ne s'occupait pas de ces hommes, il trouvait parfois quelques heures à me consacrer, souvent la nuit. Nous nous promenions et nous parlions de ce que nous avions fait durant la journée. Je lui parlais des cours et de mes amies. Il me parlait de ces affaires, sans rien me cacher, j'étais habituée à tout avec lui. Il voulait que je m'occupe de l'affaire s'il disparaissait, mais j'ai toujours refusé. Je n'étais pas assez forte. Lui-même le savait, mais il n'avait confiance qu'en moi. Mon frère n'était pas le chef, mais c'était comme si, il était respecté, par tous. Il me parlait rarement de la famille Bieber et jamais je ne me serais jamais doutée de ce qu'il aurait été capable de faire, juste pour un ordre. Je balayais la larme qui tombait de mon œil droit et m'installa sur un banc de manière à admirait la lune, traversée par quelques branches d'arbres.
La nuit était fraîche. Les étoiles étaient absentes, surement camouflées par les sombres nuages. Il est dur de retenir mes larmes quand je pense à tout cela. Ma vie n'aura pas été facile jusqu'à présent. Cette phrase a sonné sous un ton sarcastique dans ma tête. La vérité est dure.
Quelques passants passaient de temps à autre. Mais, il y avait ce gars qui passait et passait sans cesse devant moi. Il faisait des vas et viens, m'examinant du coin de l'œil. Je ne m'alertais pas, aux premiers instants, mais plus il passait devant moi et plus je commençais à me poser des questions. Je me levais du banc dans un mouvement naturel, bien que la nervosité trahisse mes pas. Je marchais tranquillement dans les carrefours, passait devant les boutiques aux vitrines faites en miroir, où je remarquais que l'homme me suivait toujours. Mon rêve ? A ce moment, je pris peur et accéléra le pas jusqu'à atteindre le pas de course m'enfonçant dans des ruelles inconnues. Il me rattrapa à un moment et je sentis une lame frôlait mon avant-bras, à ce contact s'accéléra de plus belle de façon à laisser une certaine distante entre l'homme et moi. Pourtant, il réussit à me courser jusqu'à atteindre ce cul-de-sac. Merde ! Criais-je intérieurement.
Il était à quelques mètres de moi, je le savais, je le sentais. Son regard me fixait intensément, il attendait le moment où je ferais une erreur, il attendait le moment où je perdrais patience. Il était armé et moi non. Je revoyais les chances que je possédais pour m'évader de cette ruelle, et il n'y en a pas. Le stress et le désespoir m'envahissent soudain. Et ma famille ? Si ce gars allait me tuer, et je sais qu'il le fera, qui s'occupera d'eux ? De ma mère et de mon frère. Sûrement personne. Je ne connaissais même pas l'identité de mon agresseur. J'aurais pu penser à Justin. Qui d'autre aurait voulu me tirer dessus au beau milieu de la nuit de cette manière ? Pourtant, le tireur n'était pas Justin, je le savais, car même s'il faisait nuit à ce moment, les quelques lumières éclairant la ruelle m'informaient que l'homme ne possédait pas les mêmes tatouages.  Peut-être un de ses hommes ? Impossible, Justin travaille seul.
Bang. Un tir. Il est en possession d'une arme à feu, en plus. Il a donc vraiment l'intention de me tuer. Il a tiré dans ma direction, mais ne m'a pas touché, pas encore. Je suis camouflée derrière une des nombreuses poubelles décoratives, recroquevillée sur moi-même, me mordillant les lèvres devenues rouge sang, désormais. Bang, un autre. Encore et encore un autre. Je finis par me boucher les oreilles à l'aide de mes mains, abasourdi par ce son si désagréable. Pourtant, au bout de quelques minutes, plus rien, aucun son. Juste des bruits de pas, dans ma direction. Il s'approche. J'ai peur. Je ferme les yeux brusquement. Je respire bruyamment, je ne suis pas discrète, j'en ai conscience, pourtant j'ai peur et rien ne peut calmer les battements de mon cœur irrégulier. Les pas s'arrêtèrent, et je sentis cette mystérieuse présence. Un bras m'effleura l'épaule, je sursautais, et je me mis à crier. Les nerfs avaient lâché. Lorsque j'ouvris les yeux, il me dévisageait, je crois que je lui ai cassé les tympans, oups.

– Besoin d'aide, princesse ? me demanda-t-il en esquissant un sourire en coin.

Encore lui, toujours lui ; Justin Bieber.

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