Chapitre huit

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Ce que nous ne savons pas, ne peux pas nous blesser. - Jaily

Qu'avons-nous fait la nuit passée ? Je m'étais posé cette question un milliard de fois depuis mon réveil. Qu'est-ce qu'on a fait ? Je ne me souviens de rien du tout et cela m'agace. Après mettre douché et avoir revêtu une chemise en coton blanc, je cherchais toujours à comprendre. Même si je me doutais bien de ce qu'il avait pu se passer, je refusais de me l'avouer. J'arpentais la pièce de droite à gauche, me rongeant les ongles d'incompréhension. Soudain, Justin se mit à bouger et je savais qu'il allait se réveiller d'une minute à l'autre. Prise par mes émotions, j'attrapai une paire de ciseaux sur mon bureau et couru jusqu'au lit, m'asseyant à califourchon sur lui, maintenant le bout de l'ustensile sur sa gorge. Lorsqu'il ouvrit  les yeux, il les écarquilla.

- Bonjour à toi aussi, amour.

- Amour ? Qu'est-ce qui s'est passé la nuit dernière ?

- Tu ne te souviens pas ? Rit-il. C'est dommage.

- Raconte-moi !

- Lâche ce ciseaux, alors.

Je le lâchai. De toute manière je savais que j'aurais été incapable de l'égorger quoi qu'il eut fait. Je l'aimais trop...
Il me conta que lorsqu'il m'avait ramené chez moi, la nuit passée, il n'y avait personne à la maison. Et que j'étais vraiment en colère parce que personne ne s'était inquiété pour moi. Chose que j'aurais fait, c'était certain. Puis, j'étais vraiment déprimée et j'ai commencé à sortir les bouteilles d'alcool qui se cachaient dans les placards de la cuisine. Il a dit que j'avais commencé par le whisky, parce que c'était le meilleur selon moi. Mais, je ne bois pas d'alcool à l'ordinaire ! Il a dit qu'il avait essayé de me calmer, mais qu'il a échoué lamentablement se retrouvant à boire avec moi.

- Puis, de fil en aiguille, tu t'es jetée sur moi et je n'ai pas pu te résister, tu étais si mignonne ! M'expliqua-t-il.

- Tu veux dire que l'on a... heu... Bredouillais-je.

- Couché ensemble ? Ouais complètement ! S'exclama-t-il.

- Oh mon dieu, dis-je en me cachant le visage avec mes mains. Raconte-moi ce qu'on a fait exactement...

- Tu ne veux quand même pas que je te raconte nos ébats ? Insista-t-il.

- Et pourquoi pas ? Raconte-moi, s'il te plait. Le suppliais-je.

(Eclipse de quelques mois.)

Deux mois sont passés, deux longs mois. Mon bonheur et mon sourire sont revenus, je me sens enfin libre. Justin et moi, cela me choque de dire cela, nous sommes en couple depuis quelques semaines. On se voit tous les jours et c'est un homme formidable, attentionné et aimant. Chaque jour, je me réveille avec un sourire aux lèvres et avec l'envie de vivre. Cette envie que j'avais perdu depuis si longtemps. Ma mère va mieux, disons qu'elle ne boit plus autant qu'auparavant et cela fait le bonheur de mon frère et de moi. Elle adore Justin, elle dit, qu'elle n'avait entendu que des mauvaises choses à son sujet et que finalement, il ne fallait pas se fier aux histoires. Mon frère a quitté sa copine... Enfin, c'est elle qui l'a quitté.
Et plus les mois passaient et plus je la voyais partout. Partout où j'allais, elle était là, dans un coin de la rue. Quand j'étais avec Justin, surtout. Je sentais son regard sur moi, comme si elle me fusillait et, ça m'effrayait. J'ai souvent pensé que ce n'était que le fruit de mon imagination, mais lorsque je l'apercevais je la fixais du regard et nous échangions un regard commun. Alors j'ai fini par penser qu'elle me suivait et j'en étais persuadée. La question que je me posais sans cesse était : pourquoi ? Aucune idée, alors parfois, je l'oublie et je pense à autre chose.
Mes notes à l'école vont beaucoup mieux et les professeurs me félicitent. Ils n'auraient jamais cru que je puisse augmenter autant dans ma moyenne. Et je suis assez fière de moi. Je préfère largement la Jaily heureuse que la Jaily maussade. Je ne pourrais pas dire que tout va mieux, que je vais bien, car ce serait mentir et je n'aime pas cela. Car, je repense souvent au passé, à mon frère, à l'état de ma mère et à moi. A ma tristesse et à la rancœur qui m'abritait et ensuite je me dis que ces proverbes que je trouvais idiots sont maintenant véritables. J'ai compris que mon bonheur ne dépendait que de moi et de mes actes. Si je veux que quelque chose change, c'est à moi de le faire changer.
J'ai aussi repris l'écriture de mon journal intime, celui que j'avais abandonné lorsque mon frère a été emprisonné. Cela me fait beaucoup de bien d'extérioriser ce que je ressens. De donner des mots à mes sentiments et à ma vie. J'ai aussi compris, longtemps après, que ce que nous ne savons pas, ne peux pas nous blesser. Cela peut paraître évident ou complètement stupide, mais je n'en avais pas connaissance. Et je me dis que j'aurais préféré ne rien savoir.
J'aurais préféré ne pas savoir que Justin me cacher quelque chose. J'ai toujours voulu avoir une vie calme, paisible. Et pourtant lorsque tout va mieux il y a toujours un détail, une personne qui gâche mon bonheur. Et ce détail et bien, c'est Justin, mon petit-ami qui m'aime. Du moins c'est ce qu'il dit, car même après deux mois passés ensemble, j'ai l'impression qu'il me ment et qu'il a un secret qui lui pèse au cœur. Un secret qu'il ne souhaite pas partager. Et pourtant, moi, je suis sincère. Je lui donne tout, lui dit tout. Je le laisse lire mon journal lorsque j'ai fini de rédiger une nouvelle page, je le laisse découvrir mes petits secrets, ce que je pense comme je me sens. Je le laisse me prendre dans ses bras lorsqu'il comprend que je suis triste et que je repense au passé. Il a été là pour me défendre face aux regards moqueurs et jaloux des lycéens qui ne croyaient pas en notre couple. Il sait que je lui ai pardonné ce qui s'était passé entre nous avant que l'on se mette ensemble, que l'on forme un couple. Il sait que j'ai oublié qu'il avait été violent, qu'il m'avait kidnappé puis torturer. Je lui ai tout donné parce que je lui fais confiance. Encore et toujours, je l'aime et ce malgré moi.
Alors, un soir j'ai pris la décision d'espionner Justin. Je suis allée sonner chez lui, par chance il était seul. Il m'accueillit chaleureusement, me proposant un café.

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