Chapitre 0.1: Humaine

191 19 6
                                    

Depuis toute jeune, Hélora vivait dans le déni des horreurs qui se produisaient à l'extérieur de son petit village. Elle était persuadée que tout irait toujours pour le mieux. Elle se trompait. En effet, à ses 18 ans, son monde s'écroula et la bulle dans laquelle ses parents l'avaient abrité, explosa, l'exposant ainsi à la triste réalité de sa vie.

La première personne à mourir devant elle, fût son père. À ce moment là, toutes les illusions qui avaient bercées son enfance jusque là, disparurent en même temps.

Les humains n'avaient jamais été appréciés des autres races de la terre de Rasentia. Pendant des décennies, les Hommes avaient régné en maître sur les autres peuples. Un règne entaché par la cruauté que les humains manifestaient envers les autres êtres vivants du monde. La haine qu'ils inspirèrent à leur adversaires entraîna leur déclin. Ils furent vaincu et devinrent la race la plus détestée d'entre toute.

À la suite de leur chute, le monde de Rasentia subit une division sans pareil. Chaque peuple formant eux-même leur royaume, ils se regroupèrent tout de même afin de lutter activement à l'extermination des humains. Comme de la vermine, ils furent pourchassés et chaque peuplade s'évertua à les faire disparaître de leur terre. Ils devaient être éradiqués, coûte que coûte.

Les races instaurés en maîtres, s'appellant eux même les Pures Sang, prirent toutes les dispositions pour en venir à bout. Cependant, les humains ne se laisseraient pas éliminer aussi facilement. Ils se regroupèrent un peu partout dans les différents royaumes et réussirent à former de petits villages afin de survivre. Ils surent alors résister aux nombreuses tentatives d'éradication des autres peuples malgré les nombreux sacrifices que cela engendra.

C'est dans ses conditions de vie exécrable que Hélora, à l'âge de 21 ans, se retrouva à lutter seule pour survivre. Ayant perdu sa mère et son petit frère dans une épidémie de peste noire quelques années plus tôt, elle était maintenant seule pour subvenir à ses besoins.

Hélora n'avait aucun nom de famille, car depuis longtemps déjà, les humains s'en étaient fait dépossédés, la perte de leur patronyme impliquant par la même occasion l'humiliation assurée. Si un seul d'entre eux osait afficher un patronyme, une sentence sans appel devait être appliquée. Soit une condamnation à subir d'atroce souffrance pour l'insolence manifestée.

Ayant appris un peu de la médecine de sa mère, Hélora était devenue une excellente apothicaire et confectionnait des onguents avec les plantes à proximité. Elle survivait grâce aux ventes de ses pommades sur le marché noir. Ses principaux clients étaient les hybrides, qui toléraient l'existence des humains un peu plus que les autres races, puisqu'ils étaient en effet des sang mêlés ayant comme génétique une parcelle d'humanité.

Hélora menait une vie difficile, mais simple et elle aimait cela. Ce n'était cependant qu'un semblant de paix dans ce monde bouleversé.

Malheureusement cette nuit là, la cruauté de la vie la ratrapa et elle fut prise au dépourvu. Tout se passa trop vite. Elle n'eut même pas le temps de s'enfuir contrairement aux autres fois.

Alors que le soleil venait à peine de se coucher, les mercenaires débarquèrent à l'improviste dans son village et entrèrent dans les maisons, dévalisant toutes les maigres récoltes que les humains avaient pu ramasser avec de nombreux efforts. Sans remord, ils tuèrent les hommes qui essayaient de défendre leur foyer délabré et enlevèrent les femmes pour les revendre à bon prix.

Elles étaient plus facile à contrôler, contrairement aux hommes qui avaient une plus forte tendance à se venger ou à se rebeller. Les mercenaires ne gardaient que très peu d'entre eux. C'était seulement sur commande de leur client qu'ils prennaient aussi les hommes comme esclave. Ils étaient surtout utilisés pour les travaux plus difficile que les femmes ne pouvaient pas accomplir.

Étant fermiers ou paysans, les hommes du village n'étaient pas de taille à se battre contre les créatures de pures races ou encore hybrides.

Hélora fut l'une des femmes kidnappées par les mercenaires. À l'intérieur de sa petite maisonnette, elle avait assisté au massacre sans pouvoir aider qui que ce soit. Elle ne savait aucunement comment se défendre et elle n'avait aucune arme. Les mercenaires entrèrent dans sa maison, comme dans toutes les autres, à la recherche d'être vivant et rentable, et aperçurent immédiatement la jeune femme aux yeux ambrés, cachées dans uns des recoins de sa maison. Ils la firent sortir sous la pluie et la jetèrent dans la boue aux pieds de l'un de leur acolyte.

- Regardez ce que j'ai trouvé ! ricana un des mâles au visage recouvert d'écailles rouges .

Il lui prit violemment le menton.

- Une jolie nana toute fraîche. Lança-t-il, un rictus pervers suspendu aux lèvres.

Hélora se figea aux paroles de l'homme et fit son possible pour ne pas trembler. Elle déglutit difficilement, les lèvres sèches, une boule contractant son estomac. Les pires scénarios défilaient devant ses yeux engourdissant par la même occasion son esprit.

- Ça suffit ! hurla un autre homme vêtu de noir, qui venait d'arriver à dos d'un cheval à trois cornes. Ne les abîment pas ! Si tu le fais, on va perdre de l'argent et je vais le retirer de ton salaire !

- On est pas payé ! cracha celui qui tenait le menton de l'humaine.

- Ah oui ? Et les primes qu'on reçoit, abruti ?

Le mercenaire grogna et relâcha le visage de la jeune femme avant de lui attacher les mains à une barre d'acier où d'autres, comme elle, étaient aussi attachées.

- T'es chanceuse ma petite, mais fait gaffe à ne pas vouloir t'enfuir. Sinon là, je vais vraiment m'amuser avec toi ! La menaça t-il en montant à son tour sur son cheval.

Elle déglutit à nouveau et chassa rapidement ses cheveux rouges boueux de son visage en secouant la tête. Celui qui l'avait ''sauvé'' siffla, rassemblant ainsi tous les autres encore en train de saccager les maisons. Les mercenaires encerclèrent les femmes et leur ordonnèrent de se lever. On les emmenaient vers un endroit, dont elles avaient peur de ne jamais revenir vivante ou du moins intacte mentalement. Hélora regarda derrière elle et observa pour une dernière fois son minuscule village en cendre. 

Les chroniques de Rasentia, Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant