Avant le commencement
« Amachahou rebbi ats iselhou ats ighzif anechth ousarou ». Ce que Far, vous traduira de cette façon : "Que je vous conte une histoire. Dieu fasse qu'elle soit belle, longue et se déroule comme un long fil ..."
"Celui qui passe à côté de la plus belle histoire de sa vie n'aura que l'âge de ses regrets
et tous les soupirs du monde ne sauraient bercer son âme"
Yasmina Khadra
C'est de l'une de ces belles histoires dont il va être question dans ces pages. Une histoire vécue et à poursuivre pour qu'ils ne connaissent pas les regrets, pour bercer leurs âmes ...
Sans l'existence de nos deux protagonistes, sans une intervention divine pour mettre au monde ces deux êtres, tout ceci n'aurait jamais vu le jour.
Au-delà du fait que se rencontrer alors que l'on naît, un jour, sur cette terre, à une centaine de kilomètres l'un de l'autre, il est tout aussi improbable de se découvrir alors que les chemins respectifs, ne permettent pratiquement pas cette rencontre. Mais le divin détient des informations que nous n'avons pas en notre possession et le destin sait comment faire évoluer nos parcours et nos expériences de vie pour nous amener, là où nous devons être à l'instant "t" où nous devons nous trouver. C'est ainsi que les êtres connectés finissent par entrer en contact. C'est ainsi qu'ils sont mis en présence par, ce que beaucoup appellent, le hasard. Mais ce n'est à l'évidence rien d'autre qu'une succession de moments qui vous amène à celui-là parce que vous devez le vivre, parce que vous êtes prêt.
C'est ainsi, après plus d'une quarantaine d'années sans jamais avoir entendu parler de l'autre, que le marabout fit une très belle rencontre, une rencontre qui allait changer sa vie mais aussi celle de cette fille avec qui il allait commencer à partager une ou plusieurs nouvelles pages de son existence, sa sorcière.
Issus de milieux situés aux antipodes l'un de l'autre, issus de cultures, à priori, en parfaites oppositions, ayant des expériences complètements différentes, ils allaient se rencontrer et ne plus trop se quitter. Ils allaient ouvrir un nouveau chapitre du livre de leur vie et le vivre ensemble celui-là. Ils allaient enrichir leurs expériences propres en partageant leurs différences, en associant leurs ressemblances.
Pour mieux les cerner, je vais vous parler un peu de ces deux-là.
Elle, pour commencer, lui, ensuite et parfois les deux en parallèle, parce que pour les comprendre et les découvrir et s'y attacher il est nécessaire de les connaître un peu plus. Il est important de les percevoir dans quelques moments clefs.
Je ne détaillerai pas ici l'intégralité de leur vie, ce serait trop long mais en exposer certains passages permettra d'y voir plus clair.
Elle est née une après-midi de mars, à la fin de l'hiver. Il faisait encore froid à cette époque mais ses parents ressentirent une chaleur équivalente à celle de l'été en la découvrant. Lui naquit un jour d'été justement, en août. Elle, le seul enfant qu'ils n'auraient jamais. Lui, un petit gars entrant dans une famille où ils seraient quatre, lui, son frère et ses deux sœurs. Elle, elle n'eut pas la chance de connaître ce bonheur. Ses parents firent au mieux mais n'eurent qu'elle. Quelle lourde tâche que celle-là. Elle le découvrirait avec le temps. Petite, cela n'eut que très peu d'importance. Issue, malgré tout, d'une grande famille, par ses parents, elle fut très entourée. Elle vécut comme tous les enfants, provenant de grandes familles, envahie de ses 8 cousins et cousines. Ils vivaient quasiment ensemble, à quelques mètres les uns des autres. Quatre d'entre eux vivaient à moins de 20 mètres. Ils passaient leur temps à dormir dans une maison ou une autre mais jamais seul. Les quatre autres se situaient à 2,5 km et s'imposaient tout autant au grand bonheur de ces jeunes bambins qui grandirent, devinrent des adolescents et continuèrent à envahir les maisons de ces parents très conciliants qui acceptèrent ces petits manèges pour le bien commun. C'était le temps où les valeurs humaines avaient encore de l'importance, c'était le temps où la planète internet n'existait pas pour le commun des mortels, c'était le temps des moments de partages simples. C'était le temps où la grand-mère, qui vivait dans la maison située au milieu de cette équipée, préparait des repas qui humaient si agréablement, dont les fumets envahissaient l'atmosphère environnante et tentaient les petits gourmands qui gambadaient çà et là sur les terres de ces trois maisons. C'était un très grand terrain qui avait été partagé par les grands-parents pour leurs deux enfants. Un garçon et une fille. Ils avaient construits leur maison respective de part et d'autres de la maison familiale. Em était née de cette fille et avait grandi aux côtés de ses grands-parents maternels et de ses cousins, enfants du frère de sa mère. Chaque mercredi après l'école était prétexte à déguster les repas composés par sa grand-mère. Elle vous faisait des espèces de crêpes très épaisses qu'elle pliait en deux et qui prenaient la forme de demi-lunes. Dieu qu'elles étaient bonnes ces crêpes. Elle appelait cela un soufflé. Em ne sut jamais comment elle les préparait et c'est dans la tombe que sa grand-mère emmena le secret. La petite sorcière eut beau tenter d'en retrouver la recette, personne de la famille ni même son grand père ne put la lui donner. Encore aujourd'hui, cela reste un regret.
VOUS LISEZ
La sorcière et le marabout
SpiritualLa sorcière et le marabout Partis d'une rencontre fortuite, Far et Em ont entrepris, à deux, un parcours spirituel fait d'échanges, de découvertes de l'autre et du monde. Ils ont appris à se connaître, à découvrir l'autre avec ses similitudes pertur...