3. Fragmentée

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Cela ne lui servait à rien de courir
Elle revenait sans cesse à son point de départ
Se perdant à nouveau dans son trou noir
Irrémédiablement attirée vers ces profondeurs
Où ne règne que les pleurs et la terreur
Et où vivre devenait synonyme de souffrir

Cette noirceur l'enveloppait
Et l'isolait
L'enserrait de ses griffes acérées
L'étouffant
Et L'atteignant
Au plus profond de son âme déjà brisé
L'enfermant à jamais parmis les condamnés
De cet enfer que crée la vie
Pour tous ceux que le mal a séduit

Son corps se laissait emporter
Lâche et sans défense
Se noyant dans sa propre démence
Sans tenter de résister
Aux prémices des flammes de l'enfer
Qui lui brûlait avec acharnement les paupières
A chaque goutte de larmes versé
Dans la confidence de son oreiller

Les nuits s'étiraient au son étouffé de ses pleurs
Et chaque jour le ciel se parait de splendeur
Semblant dédaigner sa douleur
Et rire de ses frayeurs
Mais d'autre fois les nuages pleuraient aussi
Semblant partager sa mélancolie
En répondant en harmonie
Aux échos
De ses innombrables sanglots

Et lorsque cette pauvre petite chose fragmentée
Se retrouvait noyée par ce flot d'obscurité
Elle ne pouvait cesser de se demander :
" Est-ce que quelqu'un écoutait ailleurs ?
Est-ce qu'un jour enfin elle n'aurait plus peur
De voir le soleil continuer de se lever
Et elle de se préparer
A affronter une nouvelle journée ?

Est-ce qu'il lui fallait s'ouvrir les veines
Et teindre en rouge à l'image de sa haine
Les murs si blancs
De sa chambre d'enfant
Petite forteresse la retenant prisonnière
Tel une cellule pénitencière
Pour qu'enfin ils comprennent
L'étendu de la peine
Qu'ils ont causé
A son cœur ravagé ? "

Elle aimerait pouvoir les faire souffrir
Au point où eux aussi l'ont martyriser
Elle aimerait toucher leur cœur et le leur arracher
A ses pieds les regarder agoniser
Crier, gémir et supplier
Tandis que de son rire
Elle se délecterait
De leurs pitoyables reflets

Ils quémanderaient les yeux noyés de sang
Un espoir de pardon
Une poussière de rédemption
Ils deviendraient à ses yeux des chiens errants
Traînant la peau de leurs os
Comme l'un des plus lourds fardeaux

Ils goûteraient eux aussi au gout salé des pleurs
Ils expérimenteraient eux aussi sa douleur
Décuplée en millier
Réduisant leur corps déjà frêle
Comme ils lui ont brisé les ailes
En de simples fragments éparpillés
Dans tous les recoins de la voie lactée

Une histoire de plus inachevée
Dans le grimmoire infernale de l'humanité
[...]

*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*

May Robin

J'entendais toujours l'écho de ses cris en bas. Je savais qu'elle ne disait rien de glorieux à mon sujet alors je m'empêchais juste d'écouter. Mais j'avais beau essayer mon esprit parvenait tout de même à filtrer les mots familiers qu'elle me balançait à longeur de journée. J'avais beau me recroquevillé mais mon corps n'était qu'un bien piètre bouclier fasse à la crudité de ses mots. Et mes mains gelaient sur mes oreilles à force de les tenir presser empêchant à sa voix cinglante de s'immiscer. Mais l'effort fournis étaient bien vain puisqu'elle parvenait à m'atteindre, elle parvenait toujours à m'atteindre.

J'aurais peut-être dû m'y habituer avec le temps. Peut-être. Mais la douleur causé par ses paroles venaient à chaque fois differemment. Il y a certains jours où ça me passait au-dessus car ses refrains commençaient à devenir lassant mais la plupart du temps ils me tenaient à la gorge et me suffoquaient parce que je n'avais pas le courage de répliquer. Et les rares fois où j'essayais, elle me faisait bien passer l'envie de recommencer. Je sentais mes doigts commencer à trembler et le cris entre mes lèvres menacer de m'étrangler si je ne le laissais pas s'évader. Mais je ne laissai rien échapper car je n'avais même pas la force de pleurer. Je n'avais plus la force de rien du tout en fait, si bien que même respirer devenait laborieux.

J'entendais toujours l'écho de ses cris en bas et je priais juste pour qu'elle ne monte pas. Ma poitrigne saignait rien qu'à l'anticipation du bruit de ses pas sur les marches. Mes yeux refusaient délibérément de fixer la poignée car je savais que dès l'instant où cette porte s'ouvrirait, le cris que je retenais à grand peine fuserait.

Alors j'ai fermé encore plus mes yeux et tenté du mieux que j'ai pu de m'évader vers des univers inconnu où sa voix ne serait qu'un chant lointain que je laisserais en arrière afin d'avancer vers la lumière. J'ai fermé les yeux et tenté de caresser mes rêves les plus fous et les plus secrets et parmis les dédales de mon imagination, une pair d'yeux gris et des cheuveux blonds sont venus s'y loger.

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C'est un peu court mais c'est  voulu :)
J'attends vos avis ! xx

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