Cola

Partie 5

Un bruit sourd me tire de mon sommeil. Le téléphone. Je me précipite sur lui. Ce n'est pas un appel, seulement une alarme. A peine l'alarme terminée, le téléphone s'éteint. Je sens une forte odeur de chocolat, je me dirige vers la table et j'y vois un énorme bol de lait chaud, un morceau de pain et trois barres de chocolat. Quelqu'un est entré pendant que je dormais. Mais je ne cherche pas plus à savoir qui c'est. Une autre mission m'attend. Je remarque une petite armoire dans la chambre. Peut-être y-a-t-il des affaires propres qui pourront m'aller. Effectivement, un jean, un pull, un manteau y sont correctement pliés. De ma taille en plus, quelle coïncidence.J'enfile les vêtements, pose le baluchon sur mon dos et je pars de la maison. Cinquante pas. Cinquante pas. Cinquante pas. Je ne trouve pas la pierre blanche. Je cherche partout autour de moi, je ne vois que le colza. Je m'assoies par terre. Je me sens si impuissante. Si je ne trouve pas cette fichue pierre, je vais tout, vraiment tout perdre. Au bout de quelques minutes, je décide de me ressaisir et de scruter l'horizon. Puis je vois une chose étrange qui brille, au loin. Je m'en approche. La pierre. Je me jette dessus et la retourne.Les indications sont bien là, sur un petit papier jaune. « Au Nord, tu trouveras ce qu'il te faut. A l'Ouest, tu trouveras ce que tu cherches ». Mais où est le Nord ? L'Ouest ? Le Sud ? Je suis au milieu de nul part et je n'ai rien pour me repérer dans l'espace. Ce fameux JJC a sûrement dû dissimuler un objet quelque part pour m'aider. J'en suis même sûre. Je cherche, je cherche. Il n'est pas loin, je le sens. En basculant mon pieds, j'effleure quelque chose de dur, mais qui ne ressemble pas un vulgaire caillou. Je me penche et voilà ce que je cherchais. Une boussole ! Dans un premier temps, je prends la direction du Nord. Je ne quitte pas la boussole des yeux.Je marche sans même m'arrêter. Malgré la fatigue, le vent, le froid. Je vois que l'objet me dirige vers une forêt. Elle a l'air si grande. Je commence à ralentir le pas. Je n'ai jamais aimé rentrer dans des bois, seule. Moi, qui suis une personne du genre solitaire,ces endroits m'ont toujours repoussés. J'ai certainement peur des hauts arbres, d'avoir l'impression qu'ils m'encerclent, qu'ils me retiennent prisonnière. Mais je prends mon courage à deux mains et je pénètre dans les entrailles de cette monstrueuse forêt. Voilà déjà une bonne demie-heure que je marche. Je ne sais pas où je vais, je ne sais même pas sur quoi je vais tomber. Je m'impatiente.Il n'y a rien à part des amas de feuilles mortes et des brindilles.Mais à même pas cinq mètres de moi, je remarque trois tas de feuilles les uns à côté des autres, de taille égal. Leur disposition est tellement parfaite que je trouve cela intriguant et je m'en approche. Je chute dans les tas, simultanément. Et, en effet, des objets ont été correctement déposé en dessous. Sous le premier amas se trouve une lampe torche, sous le deuxième, de l'eau et de la nourriture et sous le troisième, une clef et une feuille de papier. Je saisie la lettre et la lis : « La lampe servira à éclairer les profondeurs les plus noires de ton âme ; les vivres permettront à ton corps de ne pas se relâcher ; la clef ouvrira la porte d'un monde nouveau. Maintenant, dirige toi vers l'Ouest. Bonne chance à toi. J.J.C ».Je range toutes les fournitures dans mon baluchon et je fais cap vers l'Ouest. Qu'entend-t-il par « monde nouveau », est-ce en bien, en mal ? J'espère que cette clef me permettra de retrouver Cola. Il doit être perdu sans moi. Il n'a plus aucun repère. Personne pour le consoler ou même le serrer dans les bras.Il est si petit, si fragile. C'est pour ça que je dois être forte.Forte pour arriver au bout de ces épreuves sans queue ni tête. Je n'arrive toujours pas saisir le but de tout ça, mais je pense que je ne vais pas tarder à comprendre. Il commence à faire très sombre dans la forêt, j'allume la lampe torche. Je suis de moins en moins rassurer. La boussole est en train de me lâcher, les aiguilles commencent à partir dans tous les sens. Énervée, je la balance parterre et la brise en plusieurs morceaux. Je m'écroule par terre, je ne peux retenir mes larmes. Je viens de détruire la seule chose qui pouvait me guider. Je suis perdue au milieu d'un endroit que je ne connais même pas, je n'ai rien pour me repérer. Il fait noir, je n'ai qu'une simple lampe torche pour m'éclairer. Soudain, deux grosses lumières jaunes m'aveuglent et me sortent de mon désespoir. Elles n'ont pas l'air très loin. Je cours. Sans réfléchir. Sans souffler. J'aperçois une très grande maison en bois, complètement isolée. Je ralentis. J'arrive devant la porte et la clenche. Elle est fermée. Je sors alors la clef. Ça marche, j'ai réussi. Je me précipite à l'intérieur de la bâtisse.