Samedi II

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Cela faisait plus d'un quart d'heure que la jeune femme frappait l'épaisse porte d'entrée. D'un mouvement de tête, elle poussa une mèche qui lui tombait sur le visage.

Finalement, elle dut se résoudre à entrer seule. Elle essuya les semelles de ses chaussures sur le paillasson brun et déposa son sac en cuir rouge sur la table à manger.
La jeune femme croisa ses bras et regarda autour d'elle.

« Quel dépotoir...» soupira-t-elle en apercevant le reste de vaisselles sales trainant dans le lavabo et sur le plan de travail.

La mère d'Aelys appela à voix forte le nom de son ex-mari, puis de son enfant. Mais aucune réponse. Brigitte s'énerva de plus en plus puis alla dans la pièce la plus proche, mais personne.

Son regard se bloqua vers le sol, le sol en sang. Les épaisses tâches menaient vers la chambre de la petite.

« Qu'est-ce-que c'est que ce bordel...»Soupira-t-elle, la mâchoire crispé. Elle ne supportait pas le sang.

Elle arriva devant la chambre, la porte entre-ouverte. Brigitte posa sa fine main sur celle-ci, et la poussa doucement.

« Aelys ?»

Le cri qui sortit de sa bouche était sûrement le pire son qui puisse exister. Un mélange d'horreur, de surprise, de tristesse et de peur.
Qu'est-ce-qui peut être plus pire que de découvrir son enfant chéri depuis sa naissance, assise là, les vêtements rouge et le visage méconnaissable ? La petite étendue inerte sur le parquet, se vidait de son sang.

Sa mère tremblait de partout, elle n'arrivait plus à articuler ne serait-ce un mot. Elle avança d'un pas, son talon écrasa quelque chose de mou. Un oeil, celui de sa petite rouquine.

Brigitte cria une fois de plus, sortit de la chambre précipitamment et dévala les marches de l'escalier. Ses jambes tremblant, elle se tordit maladroitement la cheville sur les dernières marches et s'écroula sur le sol.

Elle se redressa lentement, le crâne en sang, les bras tremblants. Elle renifla, essuya avec son bras ses lourdes larmes et se releva agrippée à la rampe d'escalier. La femme se dirigea vers le téléphone fixe, le pas hésitant. Mais soudain elle stoppa tous gestes. Elle semblait entendre des coups, elle ne saurait dire des coups de quoi, mais d'après son ouï, cela venait du salon.

Brigitte s'y rendit alors hésitante, interpellant d'une voix rauque le nom de son ex-mari.

Elle trouva celui-ci assis en tailleur devant la télévision, le regard dans le vague. Sven donnait des coups machinalement à l'écran complètement éclaté. L'homme avait le poing en sang, mais la douleur ne l'arrêtait pas.

Il tourna alors son regard vers la femme en larmes, la regarda quelques instants puis retourna son attention vers sa première occupation.

« Tout est de ma faute. Aelys, tu as vu son état ? Dit-il finalement d'une voix faible. Il laissa échapper un effrayant rire, puis il continua dans sa lancée. Il ne manque plus que nous, maintenant. On doit la rejoindre.

Sven se mit debout puis attrapa son fusil, qu'il gardait habituellement caché sous son lit au cas où. La femme recula d'un pas, terrorisée par cet enchaînement d'évènements.

L'homme chargea l'arme puis s'approcha de Brigitte, un sourire aux lèvres. Celle-ci prit panique et se précipita vers la porte d'entrée.

Elle tenta de l'ouvrir mais la serrure semblait bloquer, elle essaya donc de passer par une fenêtre.

« Pourquoi essayes-tu de fuir ? »

Sven l'attrapa par les cheveux et la jeta violemment par terre. Mais celle-ci riposta en fracassant une bouteille en verre qu'elle attrapa par hasard, contre le crâne de l'homme.

Elle profita de son moment d'inattention pour lui prendre le trousseau de clefs que gardait Sven accroché à sa ceinture. Elle se précipita ensuite vers la porte d'entrée et glissa l'une des clefs dans la serrure.

Un coup de feu retentit, personne ne sortit de cette maison.

Finalement ce n'était pas un mauvais rêve, mais bel et bien la réalité.

La petite aux yeux mort
Små Øyne Død

La petite aux yeux mortSmå Øyne Død

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d'après une histoire vraie 

Små Øyne DødOù les histoires vivent. Découvrez maintenant