Chien et Chat

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Chien et chat vivait comme frère et sœur, tellement ils étaient amis. Ils avaient la même marraine, et la coutume veut que les filleuls d’une même marraine soient frères.
Aussi quand arriva le jour de l’An, Chien et Chat, comme chaque année, partirent-ils ensemble pour aller souhaiter la bonne année à leur marraine.
Cette année là, le temps étaient beau, le soleil brillait dans le ciel, et cependant leur marraine était triste.
Sur la table, il n’y avait pas, comme d’habitude, de petits paquets attachés avec de jolis rubans.
Néanmoins, en bons filleuls, Chien et Chat ne laissèrent pas paraître leur déception.
Ils coururent l’embrasser avec beaucoup de tendresse en lui disant :
- Bonjour Marraine, nous sommes venus te souhaiter une bonne année ! Que le Bon Dieu te donne la santé, la prospérité, enfin tous ce que tu désires…
- Merci, mes chers « doudou », répondit la marraine ! A mon tour, je souhaite que vous grandissiez en beauté, en, sagesse comme vous l’aviez toujours fait !
- Merci Marraine !!!
- Mes zenfants reprit marraine, ma situation cette année est très précaire, et les étrennes seront un peu justes. Je vous ais tout de même gardé deux bouts de boudin : un pour chacun.
Elle alla à la cuisine et leur rapporta à chacun dans un petit bout de papier de soie, un bout de boudin.
Ils la remercièrent en lui renouvelant tous leurs vœux de bonheur pour l’année commencée et prirent congé.
En chemin, ils réfléchirent au sort de leur marraine. A leurs avis, elle avait eu tort de ne pas mettre pour le jour de l’an une robe à pois ce qui lui aurait fait avoir de l’argent. Mais elle avait mis une robe bleue. Selon Chien et Chat, c’est pour cela qu’une misère noire était tombée sur elle.
A t-on idée de faire une chose semblable.
Nous l’avons dit, ce jour de l’An était particulièrement beau, un vrai temps de fête. Un vent frais soufflait, et les oiseaux chantaient de tos les côtés. Des papillons de toutes les couleurs voleraient de fleur en fleur, l’air était parfumé et les feuilles bruissaient doucement sous les caresses du vent.
En somme, il n’était point besoin de consulter le calendrier pour savoir que c’était le jour de l’An, un jour de liesse et de bonheur…Chien éprouva le désir de courir, de japper, de sauter afin s’exprimer toute l’euphorie qu’il ressentait…
Il dit a chat :
- Veux-tu jouer avec moi ?
- Pas du tout, répondit Chat ! Moi, j’aime être tranquille…
- On n’a pas idée quand il fait si beau !
On a plutôt envie de courir, de se dégourdir les jambes, de se rouler dans l’herbe !... Viens donc !
- Fais ce que tu veux, mais laisse moi en Paix, repartit Chat.
- Bon ! dit Chien, alors tiens moi mon boudin, s’il te plaît…Je ne peux résister au désir d’aller jouer un peu.
Le malheureux confia au Chat sa part de boudin et partit comme un fou gambader, se wouler dans les herbes, japper après une mangouste, ou même un nuage, sauter et cabrioler….Cependant, après bien des ébats, la faim lui vint.
Il retourna vers le lieu où il avait laissé Chat mais ne le vit pas. Affolé, il se mit à l’appeler :
- Chat, mon frère, ou es-tu ? Chat où es-tu ? Chat ou tu caches-tu ? Dis le moi….Chat !...
Il entendit une petite voix lui répondre :
- Je suis là !
- Mais où donc, je t’entends à peine !
- Je suis sur l’amandier…Lève la tête.
Chien leva la tête et vit Chat, tranquillement allongé sur la branche d’un arbre.
Il fut content de le retrouver et lui dit :
- Ah tu es là, mon frère ! Je suis heureux de te voir….Et puis j’ai tant couru que ça m’a mis en appétit, apporte-moi mon boudin, s’il te plaît.
- Tu veux rire ! Je suis trop bien sur mon arbre : je n’en bougerai pas !
- Alors envoie-moi mon boudin !...
- D’accord, ouvre la bouche et attrape-le !
C’est alors que Chat, ce faux frère, cet hypocrite, qui avait déjà mangé la part de boudin de Chien, lui envoya… DEVINEZ QUOI ?
Il lâcha dans la bouche de Chien, une chose que vous ne devinerez jamais. Une chose qui sentait horriblement mauvais.
Le pauvre Chien l’avala. Quand il comprit ce qui lui arrivait, il faillit mourir de rage, il essaya de vomir, cracha, souffla, s’essuya le nez dans l’herbe, tenta de monter à l’arbre….
Mais hélas, les chiens ne savent pas grimper aux arbres. Alors quand il put se ressaisir un peu, il dit à Chat :
- Chat, tu m’as eu, mais à charge de revanche…Si je peux, je te réduirai en bouillie, j’emploierai même des sortilèges pour me venger de toi. Tiens-toi sur tes gardes, car je ne te manquerais pas…
C’est depuis ce jour là que Chat, prévenu des intentions de Chien, cache ses excréments pour ne pas être « quimboisé » par lui. Et c’est aussi pour cette raison qu’ils ne peuvent plus se voir. Que le Chien donne de la chasse au Chat, dès qu’il l’aperçoit, il cherche à l’étrangler.
C’est depuis ce temps-là que, lorsque deux personnes s’entendent mal, on dit qu’ils sont comme Chien et Chat.

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