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Après les semaines de représentation, j'en avais profité pour arrêter un peu de travailler, ce qui me permettait de voir les habitudes d'Antonio.
Je savais à quelle heure il venait au Palais, à quelle heure il prenait sa pause déjeuner et retournait dans son bureau.
Pour l'instant, je n'avais pas tenté d'aller dans son bureau…ça me semblait trop…impressionnant et impoli.
Tout à coup, de petits coups furent frappés à ma porte et je dis d'entrer.
Un grand homme en perruque blanche entra dans la pièce et il me salua en disant.

-Bonjour, Maestro Mozart. Je me présente, je suis Lorenzo Da Ponte.

-Ho ! Vous êtes celui qui travaille avec Anto…maestro Salieri ! Je suis bien ravi de vous voir ici…

-Et je suis ravi de pouvoir venir. Je voudrais travailler avec vous sur un livret et j'aimerais vous en proposer un.

-J'ai déjà une idée, Lorenzo. Les noces de Figaro, qu'en pensez-vous ? Demandai-je.

-Wolfgang…si je puis me permettre, cela est contraire aux usages. Un valet qui ridiculise un compte…

-Mais je ne montrerai point les parties ainsi ! Ce qui m'importe, c'est de montrer les vraies valeurs de l'amour avec une véritable musique…

-Bien…j'accepte !

-Merci Lorenzo, vous êtes un ange !

La collaboration avec Lorenzo fut extrêmement facile.
Lorenzo fit le livret des Noces de Figaro en l'espace de seulement six semaines, en étant bien sûr toutes les parts politiques comme je le souhaitais.
Grâce à mon travail et au sien, l'empereur accepta bien vite nos idées, ravi.
Lorenzo et moi reçûmes une belle somme pour notre travail, ce qui m'arrangeait un peu car je devais éteindre certaines dettes…
La première représentation me stressai, une fois de plus j'avais peur qu'Antonio n'apprécie pas.
Je le vis encore dans le public, comme j'avais le plaisir de le voir à chacune de mes représentations.
Les actes furent cette fois-ci longs, j'entendais les courtisans qui ne savaient pas se taire, ils répandaient leurs paroles assassines, ne comprenant pas le but de mon Opéra.
Mes noces de Figaro furent moyennement applaudies…même Salieri n'applaudissait pas. Cependant, une lueur de fascination brillait dans ses yeux chocolat, comme à chaque fois qu'il écoutait ma musique. Il était là à chacune de mes représentations, et je n'avais pas manqué ce détail…
Mais ça ne se passa pas aussi bien…
Après seulement quelques représentations (neufs ! ), mon opéra fut retiré de l'affiche pour insultes de la noblesse et mauvais succès. J'étais certain que Rosenberg m'avait bien poignardé dans le dos…
Ça me rendait tellement en colère que j'en pleurais.
C'était horrible de ne jamais être considéré comme on devrait l'être, de devoir se laisser faire comme un vulgaire pantin.

Ta musique, c'est toi- OS MolieriOù les histoires vivent. Découvrez maintenant