3. 2• La septième nuit

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Je regardais ma mère. Elle me fit un sourire ou plutôt un étirement de lèvres...
Je regardais mon père il avait le regard vide, sa tempe battait nerveusement comme les rares fois où il était très énervé.
Tous deux avaient le visage creusé par d'énormes sillons.
Moi j'étais dans tous mes états. Mais alors tous! De rassurée à alarmée. C'est vrai quoi ça aurait pu être pire -vu mes antécédents- mais le pire pouvait aussi survenir à chaque instant.

Nous nous étions réfugiés dans notre maison de vacances. Oui réfugié. On y allait en été. Il y faisait beau. À quelques mètres se trouvait un ruisseau, il avait élu domicile très vite au prix de fréquentes pluies. Comme quoi, l'érosion a du bon!
J'allais souvent y piquer une tête avec Maya... Ah! Maya. Tu hanteras à jamais mes pensées. Oui c'était la belle époque!
Mais non, c'était juste l'été dernier. Et pourtant on dirait un siècle.

Je montais les escaliers menant à ma chambre qui se trouvait au deuxième. À intervalle régulier, je pouvais entendre les soupirs prononcés de ma mère et les râles exacerbés de mon père.

Mon père s'était sûrement déjà lancé dans toutes sortes de statistiques sur les frais de rénovation de la maison. Et ma mère essayait tant bien que mal de nous préparer quelque chose à manger avec les quelques vivres qu'elle avait marchandées en route.

Ça ne pouvait pas mieux tomber. J'avais comme une boule au ventre depuis que nous sommes arrivés. Au début je me suis dit que c'était la peur, le stress, l'anxiété bref tout ça à la fois. Mais je crois que maintenant c'est la faim... Je crois.

Je marquai un temps d'arrêt. J'étais à la porte de ma chambre. Il était écrit :

Ne pas hanter.

J'avais fait un jeu de mots stupide avec " entrer ". D'ailleurs c'est Maya qui en avait eu l'idée. Et dire qu'à une époque j'en étais fier. J'arrachai nerveusement le papier à la porte. Quand je pense que c'est dans cette pièce que tout va se jouer cette nuit.
J'ouvris lentement la porte grinçante. Une odeur de renfermé et surtout d'humidité m'envahit les narines. J'aérai en vitesse la pièce.
Je fis un petit ménage illico presto.
J'allais peut-être mourir cette nuit alors inutile de s'attarder à des futilités. Je dis encore peut-être parce que l'espoir fait vivre n'est-ce pas? J'espère que ça s'appliquera à moi.

Il me fallait un plan. Mais que faire contre le dévoreur ? Il semblait immortel. La hache cette nuit là ne lui a rien fait.

De l'ail? Mauvaise idée. Ça ne marchait que sur les vampires et encore ce n'était qu'une légende.
Je pourrais peut-être m'essayer à l'exorcisme. Comme çi je savais par où commencer.

Une idée vite.

-Maddy à table!

Mais oui! C'est ça! La réponse était juste là et je ne l'avais pas vu. Ça sera difficile mais j'ai pas le choix. Ça m'évitera peut-être le pire.
Je vais tout être un mauvais repas!

Je descendis fier de ma trouvaille. La nuit était déjà tombée.

-Waaaaaaaaahhhhh?!!!!??!!
-Mais Maddy qu'est-ce qu'il y a??
-Vous... vous n'avez...

Ils s'avancèrent vers moi.

-N'approchez pas!

Je retournai en criant dans ma chambre et m'enfermai à double tour.

Mon enfer avait déjà commencé.

Ils se mirent à tambouriner la porte me suppliant presque de leur ouvrir.

Je pleurais, criais.
Il était trop tard pour eux et moi aussi.
Avait-il anticiper ce que je m'apprêtais à faire?

Dans ma crise je me mis à m'arracher les cheveux de la tête. Le sang coulait mais qu'étaient quelques gouttes de sang face à ma détresse?

Dark StoriesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant