Chapitre 39

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«Je me relèverai parce que c'est la seule chose qui me reste à faire. » 

Point de vue d'Abigail.

Je me levai le morale encore plus bas que la veille. J'avais perdu ma place à Harvard et Justin s'en était allé en Australie sans jamais avoir eu le courage de me le dire en face. Je ne savais pas ce qu'il y avait de pire : que la personne que vous aimez s'en aille loin avec votre cœur et votre rêve ou que vous aimiez la personne qui vous a tout pris. J'allais mal parce que je savais que je ne le reverrais plus jamais. J'allais mal parce qu'il était loin et que j'aurais peut être voulu qu'il reste près de moi. 

J'allais mal parce qu'il avait avoué qu'il m'aimait et que j'avais rien fait pour l'empêcher de partir. 

Pourquoi était-ce plus dur maintenant que je savais que nos sentiments étaient réciproques ? 

J'avais l'impression que nous étions en train de tout gâcher. Il me manquait horriblement. Peut être que c'était mieux qu'il soit là et que je le haïsse au lieu qu'il ne soit plus là et que je regrette. Mais s'il ne m'avait rien dit c'était que je n'avais pas mon mot à dire alors je me taisais et j'essayais de souffrir en silence. Mon père avait tout fait pour me remonter le moral après la remise de diplôme et j'avais trouvé ça très gentil de sa part. Mais le comble était que j'étais plus triste du départ de Justin que de ma non-intégration dans mon école de rêve. 

Je n'avais aucune idée de ce que je ferais cet été. Peut-être que je devrais passer mon code et mon permis pour commencer à être indépendante. Et il fallait que je recommence à travailler pour mettre de l'argent de côté. C'était bizarre de me dire que c'était fini. Les cours, les profs, les repas au self, les bonnes notes,  tout ça. J'avais du mal à m'y faire. Bien sûr, j'avais rêvé d'une meilleure fin à ce "tout ça" mais on ne pouvait avoir tout ce qu'on voulait dans la vie. J'étais déjà très contente d'avoir fini deuxième de la promotion et première de ma classe sans compter les examens. 

Briana était déjà partie avec Paul et sa famille en vacances à Los Angeles. Ils comptaient faire un tour du pays. Elle m'avait proposé de venir mais j'avais refusé voulant rester avec mon père. Je lui avais fait lire avant son départ le devoir que Justin m'avait donné, elle avait été très choquée d'apprendre que Justin était en réalité amoureux de moi. Moi aussi j'avais été choquée. Justin m'aimait. J'avais tellement cru au contraire, qu'il me détestait, qu'il me voyait seulement comme sa rivale et pas autrement. Mais il m'aimait et même si j'aurais préféré l'entendre me le dire en vrai, de sa propre bouche, ça venait quand même de sa main et c'était écrit. 

Ce devoir m'avait ouvert les yeux sur pas mal de choses et je comprenais un peu plus certaines de ses actions. J'étais contente pour lui qu'il puisse refaire sa vie en Australie avec sa famille c'est-à-dire sa mère, Jazmyn et Thomas. Il le méritait. Il m'avait aidé avec mon père alors c'était une sorte de récompense de la vie. 

Je décidai d'aller sur la tombe de ma mère. J'avais beaucoup de choses à lui dire, beaucoup de choses à lui expliquer.  Je m'y rendis après le déjeuner. Assise devant sa pierre, je la regardai quelques instants avant de sortir mon carnet et un stylo. 

 «Maman, 

Je sais que tu me regardes de là haut et que tu dois être déçue et bouleversée. Je me rappelle de ce que tu m'avais dit : fais attention, les garçons sont de très grands joueurs et il est difficile de les battre. Ils gagnent la plupart du temps et c'est ton cœur qui en paye les frais.
Malgré tes conseils et tes maintes avertissements, j'ai voulu jouer et j'ai perdu. Mais même si la défaite est amère et la chute dure à supporter, j'ai aimé jouer et encore plus avec lui. Tu sais maman, parfois il est bien de perdre parce que tu en ressors souvent plus fort. C'est vrai, j'ai pleuré, c'était presque aussi déchirant que ta mort et je pensais pourtant que rien d'autre ne pouvait me faire plus de mal que ta perte mais je sais maintenant que mes pleurs valent les moments vécus avec lui. Tu dois le haïr et tu souhaiterais sûrement qu'il te rejoigne pour que tu puisses venger ta fille - même si tu es la personne la plus gentille du monde - mais je te demande de le pardonner. Parce qu'il a rendu ta fille heureuse et même si c'était éphémère, c'était réel, intense et unique. Si seulement tu avais pu ressentir ce que j'ai ressenti. J'avais l'impression de voler avec lui, d'être sur un nuage. Il m'a rendue heureuse même si parfois on se déchirait. Il m'a appris ce que c'était de pardonner et de donner une seconde chance.  Et grâce à lui, papa est toujours à mes côtés aujourd'hui.  Il a réussi à nous réunir. Je crois que tu ne devrais retenir que ça. Parce que la famille est plus importante que tout. Je vais bien, je te le jure. Même si ça me déchire encore aujourd'hui. Je vais bien parce que je sais que tu veilles sur moi et que tu me réserves de plus belles choses. Je crois au destin et s'il a décidé de nous séparer c'était qu'il y avait une bonne raison à cela. J'accepte ma défaite, j'accepte de devoir changer de chemin tant que tu es là, quelque part avec moi. 

Je me relèverai parce que c'est ce que tu m'as appris, parce que c'est la seule chose qui me reste à faire. Et je te promets que tu seras fière de moi. 

Je t'aime maman, plus que tout et pour toujours

Ta fille. »

... 

J'étais chez moi et je cherchais déjà du travail sur mon ordinateur. Si je voulais me changer les idées, il fallait que je sois active et débordée. Je consultai mes mails pour voir si je n'avais pas des offres. Quand je vis le nom d'un expéditeur qui attira toute mon attention. C'était l'école d'Harvard. Pleins de questions fusèrent dans ma tête instantanément. Pourquoi me contactait-elle ? Était-ce pour me dire qu'elle était contrainte et déçue de ne pas me permettre de poursuivre chez elle ? Ou était-ce autre chose ? Mais alors quoi ? Je cliquai sans plus attendre sur le mail même si je m'attendais déjà à ce que ce dernier contiendrait.

«Bonjour Mademoiselle Waller

Nous sommes contraints de vous dire que votre candidature pour intégrer notre école a été refusée étant donné que vous n'avez pas réussi à terminer première de votre promotion, bien que vos deux semaines chez nous ont été bonnes et convaincantes. Cependant, un élève admis, qui n'a pas souhaité donner son nom, nous a demandé de vous donner sa place puisqu'il ne pourra pas intégrer la promotion à la rentrée prochaine. C'est donc avec joie que nous vous annonçons que vous êtes prise dans notre école d'Harvard. Nous avons hâte de vous voir dès fin août dans nos établissements et nous espérons que vous serez aussi investie que si vous aviez été choisie dès le départ. 

Bonne vacances,

Harvard University. »

Good Grades (w/ Justin Bieber)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant