⊰ Chapitre 39 ⊱

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À la fin de mon maigre récit, Flora se lève, bouillonnante de rage. Je l'attrape par le poignet juste avant qu'elle ne se mette à dévaler les gradins.

«− Quoi?, grogne-t-elle.

− Qu'est-ce que tu comptes faire?

− Trouver Shayne, et lui coller une beigne.

J'en étais sûre.

− Flora, j'apprécie vraiment ton geste mais... Non. Ne vas rien lui faire.

− Pourquoi pas?

− Il ne mérite même pas une telle attention.

Je la vois réfléchir. Ses muscles, contractés jusqu'alors, finissent par se décontracter. 

− Tu as raison.

Voyant qu'elle ne cherchera plus à partir en furie, je la lâche. 

− Mais quel connard, siffle-t-elle. Je te jure que si je le vois, je lui refais le portrait.

− Et après direction exclusion? Sûrement pas. 

Flora semble soudain prendre conscience des conséquences qu'auraient pu avoir ses actes. Elle frissonne. Se faire renvoyer... Il n'en est pas question. Elle est capitaine : elle se ferait destituer de son poste, voir certainement exclure de l'équipe. Le lycée et très à cheval sur ses représentants sportifs. 

− Hum... Il est vrai que ce serait embêtant...

− Complètement stupide, oui.

Je n'ai absolument pas envie que ma cousine doive quitter l'établissement à cause d'un minable. 

− Attention ! 

Flora et moi nous nous tournons vers le cri. Je vois le ballon arriver, orange et noir. Et puis le choc. Ma tête part en arrière, et en reculant, je heurte une des marches du gradins. Je m'affaisse sur un des bancs, toute étourdie par le ballon que je viens de recevoir violemment en pleine tête.

− Ambre !, s'écrie Flora en se rapprochant de moi. 

− Aïe...

Un goût acre me rempli la gorge et je sens un désagréable liquide me couler sur le menton. Je viens presser ma manche contre mon nez, après avoir vu quelques gouttes vermeilles tâcher mon haut.

− Je saigne du nez..., dis-je le ton pincé.

− Mais c'est pas possible !

Flora se retourne vers le terrain, fusillant du regard le lanceur. Le coupable est un grand brun. Il se passe la main derrière la nuque, penaud.

− Désolé !, lance-t-il.

− Désolé ? Simplement? Viens ici tout de suite !, fulmine Flora.

− C'est bon..., marmonné-je.

L'attention générale s'est portée sur nous, et c'est assez embarrassant. 

Le joueur soupire, puis se met en route. Quelques minutes plus tard, il nous a rejoint. 

− Excuse-moi, vraiment. J'ai mal tiré.

− C'est pas grave..., lui réponds-je.

− Bien sûr que si c'est grave !

Flora ne décolère pas. J'avais presque oublié qu'elle était d'un caractère flamboyant qui pouvait s'embraser à n'importe quel moment.

− La base du basket, c'est de savoir viser un panier, non?, continue-t-elle, piquante. Pas les gens !

Wake up, Sleeping Beauty !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant