Wake up, Sleeping Beauty !

⊰ Chapitre 53 ⊱

J'entends la porte s'ouvrir, puis être refermée doucement. On s'approche, s'assoit à côté de moi, et une main se pose sur mon épaule. Je regarde par la fenêtre, fatiguée d'avoir pleuré. Les larmes ont laissé place à un vide, et je n'ai plus l'impression d'être vivante. C'est comme si j'étais devenue un fantôme à la place du mort. 

"- Comment vas-tu?

Je n'ai pas envie de répondre. Pas envie de nommer la tristesse et la culpabilité qui m'étreignent. Dès que j'essaie de penser à quelque chose, les souvenirs reviennent, et son visage s'impose, et des questions surgissent. Toujours plus de questions. Et je ne peux pas y répondre.

- Ambre, chérie. Parle-moi.

Je me retourne lentement. Ma mère me regarde, une expression indéfinissable sur le visage, mais une inquiétude certaine dans ses yeux.

- C'est de ma faute, murmuré-je. 

- Non.

- Si.

Elle soupire, vient caresser mes cheveux. Cette conversation, on l'a eu de nombreuses fois. Ça ne s'est jamais bien terminé.

- Je te l'ai déjà dit. Le camion roulait trop vite.

- Je n'aurai pas dû aller sur la route.

- C'était un accident.

- C'était un meurtre.

Ma mère se crispe, et sa main se resserre sur mon bras. Je n'ose pas la regarder. Mes yeux me piquent, ma voix est cassée. Ça fait tellement mal. Pour moi, pour elle. J'ai privé le monde d'un ange. J'ai longtemps prié pour qu'on me le rende. 

- Je t'interdis de dire ça.

Je peux entendre la douleur dans sa voix. Et cela me ferait mal au cœur s'il était encore en état de ressentir quoique ce soit d'autre.

- C'était un accident, Ambre. Le véhicule allait trop vite, le conducteur n'a pas eu le temps de freiner. Tu le sais, quand vas-tu enfin le comprendre?

- J'ai causé l'accident.

- Pourquoi? Parce que tu es allée sur la route quand on t'avait dit de faire attention? Tu étais une enfant. Tu n'avais pas conscience des risques.

- Ça n'excuse pas tout.

- Non. Mais ça ne fait pas de toi une assassin.

Je ne réponds pas. 

- Je suis fatiguée, Ambre. Et tu l'es aussi. Tu as eu une dure journée. Repose-toi. On en parlera plus tard."

* * *

Elle se penche pour déposer un baiser sur ma tempe, puis me lâche et s'en va. Je n'essaie pas de la retenir. Elle m'abandonne, comme l'a fait tous les autres, et comme le feront ceux qui pensent encore pouvoir se tenir à mes côtés. Je suis perdue. Tout simplement. Et je n'ai même plus la force de bouger. J'attends quelque chose, un signe peut-être, mais rien ne se passe. Je ferme les yeux. Je n'ai plus envie de réfléchir. Le dos voûté, je me demande à quoi aurait pu ressembler mon existence si je n'avais jamais joué avec ce stupide ballon. Si il avait toujours été là. Si...

Des bras m'entourent, et je me retrouve dans une étreinte chaude, rassurante, comme celle qu'il avait l'habitude de me donner. Je me sentais tellement en sécurité avec lui, je ne pensais que rien ne pourrait nous arriver, qu'on ne pourrait jamais nous séparer. C'est agréable, alors j'en profite. Je n'ai pas envie d'ouvrir les yeux, de faire face à la réalité. Que ce n'est pas lui, car il était parti de puis bien longtemps.

Nate ne dit pas un mot. Il reste là, me prenant dans ses bras, n'ayant aucune intention de me lâcher. Sa main caresse mon dos, remonte dans ma nuque, glisse sur mon bras et se saisit délicatement de main. Il vient poser son front contre le mien, et nous ne bougeons pas. Pour combien de temps exactement? Je ne pourrai le dire. Quelques secondes, quelques minutes, plusieurs heures : quelle importance?

Il s'allonge finalement sur le lit, m'entraînant avec lui. Ses bras s'enroulent autour de moi, et il me serre contre lui. Je me remets alors à sangloter. Non pas de tristesse, mais parce que je me sens coupable. Il est si gentil avec moi. Le sera-t-il encore quand il saura l'impardonnable vérité? Je n'ai pas envie de lui en parler, même si il est le seul auquel je veux me confier. Je ne veux pas le perdre, je ne veux pas qu'il me fuie. Je veux qu'il reste, je le veux pour moi. Je veux ses bras autour de moi, et que le temps s'arrête.

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Hello. Petite upload d'un petit chapitre de transition. J'espère qu'il vous aura plu. Merci d'avoir lu.

-C.