Chapitre 16: Chapitre 15

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Chapitre 15 : Où les flocons de neige et les sapins de Noël gouvernent le monde

Le chêne se dressait, isolé, entre quelques parterres de fleurs nus et un ou deux buissons dépouillés. Ses branches décharnées se tendaient vers le ciel dans un espoir inlassable de percevoir bientôt les premières traces d'un radoucissement de l'air. La sève à l'intérieur de son tronc parlait de soleil et d'eau, de vent et de pluie. Elle se souvenait d'autres saisons froides, parfois bien plus rigoureuses que celle-ci. L'arbre savait que l'hiver revenait toujours. Mais il ne s'en lamentait pas, car il savait également qu'immuablement, le printemps le suivait.

Avec un soupir, Harry caressa une dernière fois l'écorce rêche de la paume de sa main, puis recula un peu, ses pas crissant dans la neige fraîche. Si seulement sa vie avait pu être aussi simple que celle d'un arbre… Si Voldemort avait pu n'être qu'un simple hiver contre lequel il suffisait de courber le dos en attendant le redoux, tout aurait été tellement plus simple. Mais l'hiver n'avait pas de conscience, lui. Il ne se rendait pas compte que sa venue apportait chaque année la fin de certaines existences. Voldemort, lui, non seulement le savait mais encore s'en délectait.

Harry leva les yeux vers le ciel gris et couvert, plongé dans ses pensées. Ce que lui avait appris Anne ne lui disait rien qui vaille, loin de là. Si Voldemort perdait son temps en des subtilités telles que l'utilisation du Polynectar au lieu de simplement enlever et torturer toutes les personnes concernées, c'était probablement qu'il ne tenait pas à éveiller l'attention du Ministère. Avec un peu de chance, c'était peut-être parce qu'il n'était pas encore certain que les recherches de Mme Potter pourraient lui apporter quoi que ce soit de valeur, mais Harry en doutait.

Donc, Anne possédait des connaissances ou un objet qui intéressaient très fortement le Seigneur des Ténèbres, et, bizarrement, Harry doutait qu'il puisse s'agir du prochain modèle de balai de course qui sortirait sur le marché. Toute la discrétion que les détenteurs de ce secret s'efforçaient d'appliquer à l'affaire lui disait qu'il était sans aucun doute question de quelque chose de très dangereux et que, si Lewis venait à en entendre parler, alors tout ne deviendrait qu'encore bien plus embrouillé.

Et pour arranger le tout, Harry n'avait toujours pas réussi à apaiser les suspicions de Anne à son égard. Leur conversation précédente avait confortablement — si l'on pouvait vraiment utiliser ce terme — dévié sur un autre sujet, mais il savait que dès qu'elle aurait pris les mesures qui s'imposait dans sa situation, elle aurait à nouveau à cœur de trouver le fin mot de l'histoire. Sonhistoire. Et que pouvait-il lui dire ? Certainement pas la vérité, en tout cas. Harry tenait à ce que sa véritable identité reste inconnue de tous, ou presque, le plus longtemps possible. Il n'avait pas fait tous ces efforts afin de garder sa couverture pour se démasquer dès que la première personne venue, même s'il s'agissait de sa grand-mère — ou pseudo-future grand-mère… — avait des doutes à son propos, tout de même !

Il ne lui resterait donc plus qu'à improviser, puisque son esprit semblait vouloir s'acharner à tourner en rond sans trouver une quelconque solution.

Oui, cela devait être vraiment bien d'être un arbre… Personne ne se prendrait de l'idée saugrenue de demander son emploi du temps des derniers mois à un cyprès, après tout.

Des cris lointains sortirent finalement Harry de ses contemplations moroses des nuages, lui évitant par là même un méchant torticolis. Le jeune Auror tendit immédiatement l'oreille, sur ses gardes. Un vieux réflexe, acquis de haute lutte, lui fit porter la main à sa baguette, passée à sa ceinture. Il ne lui fallut pas longtemps pour se détendre, reconnaissant avec soulagement des cris de joie portés par le vent.

Curieux, il regagna l'un des multiples sentiers du jardin des Potter en soufflant sur ses mains rougies par le froid avant de remettre ses gants. Il pressa le pas le long des bosquets qui se détachaient sans problème sur le fond totalement blanc du sol et se retrouva bientôt sur le grand espace dégagé qui faisait face à la porte d'entrée des Potter.

Changer Le Passée {FINI}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant