Souvenire~1

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  J'étais une erreur. Ils n'avaient jamais voulu de moi. Ils me détestaient secrètement depuis ma naissance. Apparemment, quand elle a découvert ma présence dans son ventre, il était trop tard.


Ils m'ont dit à mes dix ans qu'ils me haïssaient. Mes parents ne m'aiment pas. À cet âge où je croyais encore aux fées, je me suis retrouvée dans un monde de cauchemar. Car comme je savais la vérité, ils n'avaient plus besoin de se cacher. Ils ne me frappaient pas. Juste ils me haïssaient. Pour eux, j'étais la fille qui avait ruiné tout leurs projets.


J'ai rapidement appris à ne plus manger le soir, car les dîners étaient devenues un véritable enfer pour moi. Leurs regards me transperçaient et leurs remarques me tuaient. 


À douze ans, j'ai arrêté le collège parce que mes parents ne voulaient pas que l'on me voie. Ils disaient qu'à cause de ma maigreur, je risquais d'effrayer les gens. Ils disaient que j'étais un monstre. Une abomination.


Mais j'ai dû reprendre à cause de l'administration. Je l'ai beaucoup regretté, car je me suis immédiatement fait harceler à cause de mon allure délabrée, telle un bateau en naufrage.


À cette époque, mes cheveux blonds étaient perpétuellement gras et mes yeux verts toujours cernés de noirs. Quand je me regardais dans un miroir, je donnais raison à mes parents, car je me rendais bien compte que j'étais laide. Car, en plus de ma mine de morte-vivante, j'ai une grosse tache de vin sur près de la moitié de mon visage. Quand j'avais cinq ans, ma tante disait que c'était des fées qui avaient renversé un peu de leur peinture sur mon visage et pendant qu'elle me contait cette fabuleuse histoire, ma mère souriait. Dire que son sourire était faux.


J'étais au plus bas. Je n'allais plus voir le médecin, car mes parents craignaient un contrôle. Je ne faisais plus de sport, car la encore, mes parents avaient peur que je me montre avec peu de vêtements.


À quatorze ans, je voulais déjà mettre fin à mes jours. Je n'en pouvais juste plus ! J'étais tellement fatiguée et brisée ! Les gens dans mon collège continuaient leurs moqueries, et même les plus petits me traitaient comme un monstre. Quand des enfants de dix ans vous disent que vous leur faite peur, forcément, la vie ne vaut plus le coup.


J'avais prévu de mourir pendant les vacances d'été histoire que mes parents me détestent jusqu'au bout.


Mais, alors que je planifiais tout, et que j'allais sur des sites pour voir si mon cas était isolé, je l'ai rencontré.


Il parlait de ses problèmes. 


Je l'ai d'abord critiqué, car ses problèmes étaient tellement futiles, tellement d'inexistant que le fait qu'il ose se plaindre comme ça me faisait enrager.


Mais, après quelques commentaires enflammés, nous avons commencé à discuter par mail puis par SMS puis enfin, j'ai entendu sa voix au téléphone. Tout cela est allé très vite.


Je ne le connaissais pas, mais il disait s'appelle Théo et avoir dix-sept ans. Et je l'ai tout de suite crue. J'en avais alors quinze.


Il était pour moi la corde de secours qu'ont tous les alpinistes et dont on oublie l'existence. Jusqu à ce qu'elle nous sauve la vie.  

Il me faisait penser au grand frère que je n'ai jamais eu. À ce grand frère qui aura ait su m'écouter, me consoler et me protéger.


Ses problèmes étaient pareils aux miens. Il faisait juste en sorte de les abréger quand il les décrivait. Sans doute pour se voiler la face. Ce qui n'était pas mon cas.


Il était mon seul ami. Je lui faisais entierement confiance.


Les autres me regardaient avec pitié. Mes parents avaient raison, ma maigreur les terrifiait.


C'est à seize ans que je me suis un petit peu réveillé. J'ai recommencé à manger, car il me disait de le faire. Je lui obéissais. Tous les soirs, je lui envoyais une photo de la balance.


Mon poids augmentait et mon physique s'améliorait.


Quand j'ai fait mon arrivée au lycée, j'étais métamorphosée. Mes cheveux étaient roses et mon teint parfait. J'avais appris durant les vacances à camoufler mon immonde tâche. Je voulais lui faire plaisir, qu'il soit fier de moi.


Et ca a marché. Un jour, la veille du nouvel an, il m'a proposé de partir. De partie seule avec lui. Je n'avais plus personne. Ma grand-mère était morte, mes parents ne m'aimaient pas et les gens qui m'observaient avec admiration n'étaient pas mes amis.


Alors j'ai dit oui.


Il est arrivé le deux janvier, j'avais 17 ans et mon anniversaire venait le lendemain. J'attendais depuis un quart d'heure et la température avoisinait les moins deux degrés. J'avais très froid. Je me souviens de mes doigts gelés sur l'écran de mon téléphone.


J'avais fugué donc je n'avais pas beaucoup d'affaires sur moi. Je n àvais pris que mon petit sac avec les poissons rouges. Dedans, il y avait à peut près tout ce qui m'appartenait c'est à dire deux trois jeans, cinq teeshirt deux pillés et je crois ma brosse a dent ainsi que ma brosse a cheveux. Et il y avait aussi mon doudou fétiche, un petit mouton violet en forme de ballon.


D'ailleurs, je l'avais sorti après avoir rangé mon téléphone et je le tenais dans mes mains quand sa voiture c'est approchée.


J'ai tout de suite su que c'était lui. Un grand métis au cheveux bruns bouclées. Ses yeux pétillaient et c'est en riant que nous nous sommes enlacés pour la première fois. Son corps était chaud. J'étais bien. Pour la première fois depuis sept ans, j'étais vraiment bien.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 18, 2016 ⏰

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