Atlanta, la ville aux mille lumières [EN PAUSE]

Courir ou mourir

Je cours à perdre haleine. Je ne cesse de repenser aux paroles effrayantes de Miss chignon. Nous sommes piégés dans un monde qu'ont  imaginaient idéal.

Les employés se dirigent à toute allure dans ma direction. Ils me talonnent. J'accélère, regardant  dans tous les sens une issue de secours. Je cherche le tunnel par lequel je suis arrivée.
J'aperçois du coin de l'œil le regard implorant de Lukas. Il se tourne vers moi, je parviens à lire sur ses lèvres les mots : "sauve- toi !" .
Je ne peux pas l'abandonner. Je dois le sauver Pensais -je.
J'hésite. Il ne pourra pas suivre la cadence. Mais je ne peux pas le laisser. Surtout dans cet état.
À grandes foulées,  je me dépêche d'atteindre le jeune garçon. Mais une main m'en empêche et m'attrape par le cou.

- Tu ne croyais pas t'en sortir comme ça ? Ricane l'un des hommes en costard.

Je pousse un petit cri de surprise. Je me tourne vers mon interlocuteur et le mord à la main.
Il hurle en poussant un juron.
Je m'élance à nouveau vers Lukas mais à ma grande stupeur il est déjà détaché.

- Mais comment ? Dis-je essoufflé.

Il secoue ses cheveux sales lui tombant dans les yeux, un sourire ressemblant plus à une grimace, s'illumine sur son visage.
Il se redresse de toute sa hauteur. Je le regarde sans bouger.

À ce moment précis, la femme rousse m'attrape, me serre la gorge en  pointant  un pistolet juste sur ma tempe.

-Non ! hurle Lukas en tendant la main vers moi.

- Tu vas nous suivre gentiment où elle meure. Aboie celle-ci.

- Écoutez ! Lance Lukas  en agitant les mains en signe d'apaisement.

- Pas le temps ! Elle réplique.

La femme resserre son emprise. Respirer devient difficile. Je me débat comme je peux, mais elle est trop forte.
Je parviens à murmurer:

- Lukas fait quelque chose !

Les gardes se rapprochent.
Lukas jette des coups d'œil inquiets vers eux puis me regarde incrédule. Il se positionne ensuite les mains devant le visage comme un lutteur prêt à attaquer.
L'un d'eux s'avance, avec prudence et le toise d'un regard plein de haine.
Je commence à me tortiller je ne veux pas voir cela. Je tente de me libérer mais la femme ricane me forçant à me tourner vers le garçon aux yeux verts.

- Regarde ton petit ami souffrir !

Deux hommes s'élancent avant de se jeter sur Lukas qui parvient à esquiver à la dernière minute.
Ils ne s'arrêtent pas là. Un cercle d'hommes se construit autour de lui.

Mon cœur bondit. Je ne peux pas rester bêtement sans rien faire. Je remarque l'inattention de la femme rousse et en profite pour lui asséner un coup de coude dans le menton. Celle-ci me lâche pas pour autant.

Je plante mon couteau dans sa main me permettant de me libérer de son emprise, puis de l'envoyer d'un geste fluide et rapide en direction du jeune garçon.
Il l'attrape au vol, puis le fait passer d'une main à l'autre en défiant ses adversaires.

L'un d'eux s'approche trop près, par réflexe Lukas tend le bras, la lame est déjà rentrée dans la poitrine du jeune homme en costard noir qui s'immacule de rouge. L'homme s'écroule sous les yeux ahuris de ses camarades.
Le garçon aux yeux émeraudes se crispe. Il contemple le corps meurtri étalé sur le sol, les yeux remplis d'une lueur de frayeur.
Je m'élance vers lui, le sortant de sa torpeur, avant de l'inciter à me suivre. 
Celui-ci s'exécute, mais il n'est pas assez rapide. Miss chignon le montre du doigt entraînant l'arrivée brutale de ses employés dans notre direction. Je suis déjà loin, lorsque Lukas est plaqué au sol.
Il pousse un gémissement de douleur et s'écroule.
La femme au chignon ricane sous les yeux effrayés du jeune garçon.
Tout en continuant à courir je m'oblige à réfléchir.
Ce n'est pas réel pensais -je
Tu dois sortir de là, et vite!

Je m'arrête brusquement, ne sachant où aller. La voix résonne dans ma tête.

L'estrade, Ambre, l'estrade ! La voix semble affolée, haletante.

Je monte les escaliers menant à l'assemblée quatre à quatre, affolée. Les mots de Lukas me reviennent à l'esprit:
C'est un test...
Qu'attendent-t-ils de moi ?
Que dois-je faire ?
Serait-ce seulement le fruit de mon imagination ?

Je me déplace avec habileté entre les rangées de chemises blanches qui s'écartent sur mon passage. Soudain j'ai la grande surprise d'apercevoir un visage familier.

Non pas cela ! Non , non !

Le regard vide de Ryan apparaît devant moi une fraction de secondes. Puis quelques rangées plus tard, celui de mes amis, James, Julia...

Je suis prise de panique, l'assemblée est à présent constituée d'adolescents au teint livide, au regard inexpressif.
J'allonge  ma foulée entre les rangées de sièges. Soudain, un jeune garçon plus jeune que moi se lève, mécaniquement, sort un pistolet de sa poche et le dirige droit vers moi. Une goutte de sueur tombe doucement le long de ma tempe. Je reste immobile.
Le garçon aux cheveux de jais, ne frémit pas, ne tremble pas. Il reste impassible. Il est tout à coup propulsé en arrière. La silhouette de Lukas apparaît droit devant moi. Le malheureux s'écroule, j'enjambe  le cadavre en récupérant l'arme à feu au passage. 
Je le remercie d'un signe de tête avant d'être entraînée d'une main solide.

Lukas s'élance dans une série de boitillements. Je lance un dernier regard en arrière. Au centre, les employés gisent sur le sol, immobiles. La femme rousse et celle au chignon ont miraculeusement disparues.

Lukas me prend la main.
Nous parvenons enfin  au tunnel. Notre  seule chance de sortie.
Soudain, il s'écroule en toussant. Son corps se convulse. Sa respiration est hachée.

- Lukas ? Je demande inquiète.

Nouvelle quinte de toux plus violente cette fois -ci. Puis du sang coule de sa bouche avant d'expulser un minuscule objet.
Sa respiration s'apaise et il ferme les yeux en soupirant.
Je m'avance, attrape entre deux doigts le petit objet baigné de sang, qui s'avère être une pastille verte.

Qu'est-ce que ...