Atlanta, la ville aux mille lumières [EN PAUSE]

Découvrir la verité

Sous les yeux attentifs du passeur, nous trottinons dans une direction aléatoire.

Nous ne savons où aller mais nous avons un seul et unique but; s'enfuir.

Le passeur passe devant, sort une sorte d'épingle de sa poche et se jette sur une porte qui se tient brusquement entre nous. Celle-ci ne cède pas. Il sort l'aiguille et l'insère dans la serrure.

La porte s'ouvre en grand, notre guide se tourne vers Lukas et esquisse un sourire malicieux.

Mon ami grimace, et le fusille du regard. L'individu est déjà avalé par l'obscurité. Au bout de quelques instants, une main en sort.

- Venez la voie est libre! Lance le passeur.

Je jette un petit regard interrogateur à Lukas avant de mettre un pied à l'intérieur de la pièce plongée dans la pénombre, celui-ci sur mes talons. Je lance un regard circulaire autour de moi, mes yeux s'adaptent vite à l'obscurité.

C'est une salle de contrôle semblable à celle où défilait les profils de chaque êtres humains dans ce monde.

Des dizaines d'ordinateurs éteins sont installés sur des bureaux de bois aux fauteuils vides.
Les caméras de surveillances fonctionnent, le garde n'est plus en état de nuire, il est inconscient, la tête écrasée contre le sol.

Mon regard s'attarde sur l'un des écrans, je reconnais mon groupe d'amis allongé sur la pelouse. Lukas me rejoint et regarde à son tour la scène.

Soudain, trois hommes en uniformes noirs font irruption, les adolescents se lèvent brusquement, les mains derrière la tête.

- Lukas... murmurais-je.

Il me prend la main sans cesser de regarder l'écran.

- J'ai un mauvais pressentiment.

- Non, ne t'inquiète  pas c'est juste une inspection, rien de plus.

Sa voix se brise, il ne semble pas penser une seule seconde ses paroles. Je ne suis pas dupe. Quelque chose est en train de se produire. Un danger les guette.

J'aperçois la silhouette de James qui recule, sa bouche est ouverte et son visage rempli de terreur.

Le passeur dont nous ignorons le nom, enclenche le son.

- Julia ! Écoute-les ! Scande James ses mains positionnées en signes d'apaisements.

- On a rien fait ! C'est quoi votre problème ! Aboie aux gardes la fille aux tresses rouges.

-Où est Ryan ? Je demande à Lukas.

Son regard passe de droite à gauche puis il montre du doigt une silhouette à l'écart.

- Ryan... Mais ?

Il recule de plus en plus. Personne ne semble l'avoir remarqué. J'ai compris.

Il veut s'enfuir.

Je remarque la main des soldats crispé sur une pochette accroché à une ceinture autour de leur taille.

Soudain, le jeune homme s'élance, sous les yeux ébahis de ses amis. L'un des hommes sort son arme et la pointe vers lui pendant que les autres tiennent en joue le reste du groupe.
Ryan court à perdre haleine, de plus en plus vite.

Je suis stupéfaite, les yeux captivés et bloqués sur l'écran, ma respiration se coupe quelques instants.  Lukas reste interdit.
Un coup de feu retentit. Le jeune homme s'écroule sous l'impact de la balle qui vient de rencontrer sa colonne vertébrale.

- Non ! Ryan !  Je hurle.

Je tourne les talons à toute vitesse et me dirige vers la sortie. Lukas m'en empêche. Je me tortille et tente de m'échapper sans quitter l'écran des yeux.
Lukas resserre sa prise et reçois un coup de coude dans la mâchoire par mes gardes.

- Aïe ! Il s'écrie.

Puis j'aperçois le cadavre du pauvre garçon, interdise.

Non, non ... C'est de notre faute... J'aurais pu le sauver... Si j'étais normale...

Des bras viennent m' encercler, la tête de Lukas se pose sur mon cou, ses mains caressent mes cheveux.

Le passeur rompt le silence.

- On doit réagir, il est mort c'est trop tard.

- Quoi ? Je lui hurle.

- Tu connais l'amitié mon vieux ? Tu sais ce que sais de perdre un proche ? Non sûrement pas ! Je réplique en le foudroyant du regard.

Il se tait en me fusillant du regard. Puis au bout de quelque instants qui paraissent durer une éternité sa bouche s'ouvre:

- Si je connais ça ! Je connais ce sentiment insupportable que tu ressens quand tu te sens impuissant, quand tu restes là sans rien faire et que tu regardes celui que tu aimes mourir devant tes yeux ! Tu me connais pas princesse !

Je baisse les yeux, abasourdie par ses mots. Lukas nous contemple sans rien dire, il est tout autant surpris. Il croise les bras et demande:

- Qu'est-ce qu'on fait ?

Je réfléchis, personne ne bouge, Lukas lève un sourcil. Je tourne les talons m'élance vers un micro et un casque posés sur un des bureaux, enfile celui-ci et hurle en regardant les caméras de surveillance.

- Ce monde est un mensonge ! Vous êtes contrôlés ! Ne touchez plus à ses pilules, ne faites plus ce que l'on vous dit !

J'aperçois des têtes se tourner dans tous les sens cherchant la source en tendant l'oreille.

Je reprends ma respiration.

- Miss chignon tu peux aller te faire foutre avec tes médocs ! Tu nous auras pas !  Je hurle dans le micro.

Lukas éclate de rire et le passeur esquisse un sourire.

Des pas assourdissants retentissent dans le couloir. Une série de cris se font entendre.

- Vite ! Ils arrivent ! Ils nous ont repérés !

Le passeur se dirige vers une armoire quelconque épaule en avant, et heurte dans sa grand fracas la porte qui cède.

Il s'engouffre à l'intérieur, Lukas et moi sur ses talons.

Tout est noir.  Les cris ont disparus.

Soudain, le sol sous nos pieds se détache nous entraînant dans sa chute. Je dégringole, dégringole.

Puis brusquement, mon corps vient heurter l'asphalte. Une lueur vive m'éblouit. Une odeur de brûlé envahit mes narines. Un Klaxon lointain se fait entendre.

Mais ...

Je suis dans la rue....

Nous sommes revenus dans le monde réel ...

    À suivre