Elles le sentaient.
Elles sentaient que la partie rationnelle de leur cerveau s'effaçait quand elles entendirent le hurlement de leur mère.
Une brèche sur une paroi de la chambre laissait une brève ouverture afin d'épier la scène de la cage d'escalier. Mme Wilson alors ne parlait plus, ou tout du moins avait du perdre l'usage de la parole. Elle avait la bouche écumante, les yeux bouffis cernés par deux poches violettes et la léthargie d'un cadavre. La pauvre femme se balançait frénétiquement, le dos rond sur la chaise en mordant le bout de ses doigts ensanglantés. Elle avait perdu la raison et cette estimation prompt offusquait les deux jeunes filles.
Cela ne fut cependant point la seule chose qu'elles virent. Deux hommes ,aux côtés de Mme Wilson surement à l'origine de ses tourments, tâchaient avidement de trouver quelque chose. Leur regard embrassaient cette pièce nue et de leur farouche détermination s'évertuaient à trouver LA chose. Alors Alicia s'était mise à trembler, vouée à de violents spasmes.
"-Calme toi!" ordonna sa demi-sœur tout en la secouant.
La jeune fille avait parlé trop fort. Aussitôt l'un des hommes avec un canon pointé vers le bas et des rangers, lui conférant l'image notoire d'un soldat, leva la tête vers la cage d'escalier. Il fit signe au second de le suivre et chacun montèrent à l'étage obscure, comme avalé par les ténèbres mais ne suffisant pas à les repousser.
Alicia tout juste ayant retrouvée ses esprits, se souvenait alors d'une pièce secrète dissimulée dans la chambre et elle se mit aussitôt à tâter les pierres au sol jusqu'à sentir une dalle prête à bouger sous ses doigts. Les deux filles la poussèrent pour la faire branler et le sol se déroba sous leur pieds. A deux mètres de la elles virent une trappe puis se hissèrent sur la pointe des pieds pour y parvenir. La petite pièce était on ne peut plus sombre et cachée l'odeur nauséabonde d'un être en décomposition , sûrement une souris. Enfin, les deux jeunes femmes entendirent les pas étouffés des soldats dans l'escalier puis leur voix guttural qui pénétrèrent peu à peu dans la chambre.
"-Eh Aramis disait l'un des soldats, tu pense quoi de la mère des gamines?"
Ils les provoquaient en proie à les irriter, à éveiller chez elles leur courroux incoercible. Cependant les deux adolescentes d'un calme manifeste restèrent ainsi lové dans leur cachette.
"- Son con de mari doit bien en profiter continua t-il plus enjoué."
Ce fut la phrase de trop. Sans plus réfléchir, Alicia bondit hors de la cachette pour parer à l'attaque en creusant des reins. Seulement, cette dernière avait omis que les deux soldats portaient alors contre leur tempes deux armes avec un doigts crispé sur la détente. Elle se retrouvait donc piégée, cernée par deux espiègles soldats. Quant à sa demi-sœur, elle n'avait point daigné sortir de la cachette.
L'un des deux hommes apporta alors une petite machine au creux de la paume de sa main qui projetait un hologramme. L'espèce de laser encadra le visage d'Alicia puis le diagnostic tomba.
"-Bordel Aramis souffla le soldat, c'est bien la mutante."
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Pour la première fois depuis des mois, Alicia avait plongé dans un profond sommeil. A vrai dire les doses notables et dérisoires de somnifère engloutit la veille avaient été bénéfique à ce sommeil de plomb. En effet après avoir trouvé Alicia, les deux soldats lui avaient administré des médicaments afin de la transporter plus facilement.
Elle se réveilla alors, un peu sonnée et les membres rompus. La notion de réalité lui échappait tellement la situation semblait onirique. Son corps quant à lui se trouvait flasque, engourdit et assit sur une chaise métallique qui détonnait de l'ensemble de la pièce d'un blanc immaculé. Plusieurs questions se confrontaient en lamentation dans son esprit au sujet de sa sureté perdue : Ou était elle? Que faisait elle?
Enfin quand le battant métallique coulissa et qu'un vieille homme apparu, elle eut la conviction que lui seul serait répondre à ses questions.
"-Alicia Wilson n'est ce pas? "demanda son étrange interlocuteur
Elle n'osa d'abord point répondre et se renfrogna en triturant machinalement un bout de son t-shirt . Cependant, piquée par une curiosité maladive elle observa cet homme dont l'âge approché les soixante ans. De petites rides lézardant son visage blême aspiraient à une retraite prochaine quant à ses yeux l'intensité et l'ardeur qui s'en dégageait témoignées de bien autre chose.
"-Dites moi vous avez perdu l'usage de la parole? Si je me souviens bien quand vous vous êtes faite agressé vous saviez toujours parler..."
Il n'en fallut ni plus ni moins pour éveiller la curiosité brûlante d'Alicia.
"-Comment le savez vous? murmura t-elle en remuant à peine les lèvres
L'homme tout en affichant un grand rictus sur les lèvres, souffla un peu déconcerté par le manque de perspicacité de cette dernière. En réalité, cela l'amusait de la tourmenter et de l'importuner de la sorte.
"-Je sais simplement tout affirma l'homme. Vous a t-on dit pourquoi vous êtes ici?"
Alicia répondit que non puis il débita:
"-L'état il y a quelque mois de cela a créé un programme d'insertion, afin de minimiser les accidents "mutants", visant à regrouper tout les jeunes mutants en deux groupes distincts : ceux ayant connaissance de leur mutation et ceux qui l'ignore encore. Dans votre cas je suppose que vous l'ignorez encore. Nous avons pu alors vous retrouver grâce à votre agression du soir dernier qui a révélé que vous possédez des gênes mutants."
Elle restait prostrée. Les mots se dérobaient quand bien même Alicia tentait d'aligner ne serait-ce qu'une phrase. Selon elle, les mutants n'était qu'une branche fictive dérivée de l'espèce humaine, un fantasme.
"-Impossible" insista la jeune fille
Cette fois ci le vieille homme s'impatienta.
"-Ma foi dit il, vous devriez savoir à votre âge que rien n'est impossible. Je vous laisse avec Angus, il vous montrera votre campement."
En maugréant, il se dodelina jusqu'à la porte coulissante qui s'ébranlait à son passage.
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Mutante
Science FictionMUTANT Mort. Unité. Terreur. Angoisse. Nation. Traumatisme. Ainsi son les six mots qui fondent l'humanité qui fait face à la menace "mutante". Exclus, rejetés ,leur différences engendre la peur comme la peur engendre leur différence. Enfin, pour...