La petite musicienne

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Elle était là. Toujours là. Chaque jour, chaque soir.
Elle était là, avec ses cheveux bruns coupés en carré long.
Elle était là, avec son visage de porcelaine et son sourire aux lèvres roses.
Elle était là, avec son air concentré, ses tenues qui semblaient sorties de comédies musicales.
Elle était là, avec ses mains délicates, aux poignets fins parés de fines chaînes d'argent.
Elle était là, mince silhouette gracieuse dans la grande salle vide, les yeux fermées, enchantée.
Elle était là, parfois rieuse, parfois les larmes aux yeux, en jouant, doucement, de son violon.
Elle était là, quand l'orchestre la rejoignait, s'asseyant aux premiers violons, à sa place.
Elle était là, et pourtant, semblait venue d'un autre monde.
Née pour le violon, talentueuse et passionnée...
Nombreux étaient ceux qui disaient qu'elle en ferait son métier.
Pourtant, elle n'en tirait pas de fierté, et était toujours prête à aider une amie.
Souriante, sincère, amicale et loyale, mais également réservée et lumineuse.
Elle possédait son caractère, et était à elle seule un Oiseau de Feu. Féérique.
Elle restait souvent silencieuse, évoluant sur des mélodies qu'elle seule connaissait.
Elle était là, différente, captivante, ne se souciant pas de ceux qui se moquaient. Elle était belle.
Elle était la jeune fille au violon. Elle était la petite musicienne. Elle était elle-même, et elle était unique.

Et il était là. Toujours là. Chaque jour, chaque soir.
Il était là, avec ses longues mèches de jais lisses et soyeuses.
Il était là, avec sa peau pâle et ses yeux bleus légèrement en amande.
Il était là, avec sa passion pour le violon, son application, ses vêtements ordinaires.
Il était là, avec ses doigts agiles virevoltant sur le manche de son instrument.
Il était là, derrière la porte, l'observant en silence par la vitre, avec admiration et envie.
Il était là, pour la voir rire et pleurer, silencieux, sur ce violon qu'ils aimaient tant tous deux.
Il était là, au milieu de la marée de jeunes prenant leur place à l'orchestre, parmi les seconds violons.
Il était là, et ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle n'appartenait pas à son monde.
Protecteur, déterminé, doux, tendre et trop impressionné par elle pour l'approcher.
Et depuis les ombres, il observait son Oiseau de Feu s'envoler. Féérique.
Il était là, différent, captivé, ne se moquant pas comme les autres. Il la trouvait belle.
Elle était la jeune fille au violon. Elle était la petite musicienne. Elle était elle-même, et il l'aimait.

La jeune fille au violonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant