Jour 3 L'adolescence

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La soirée battait son plein, la musique résonnait même à l'extérieur de la maison. Allongée sur un transat dehors j'observais les gens qui dansaient dans le salon. Je ne sais même plus qui m'a invité ou avec qui je suis venue. Je crois que la dose d'alcool que j'ai consommé n'aide pas. Me yeux fixèrent mon verre à moitié rempli avant que je ne le porte à mes lèvres. La baie vitrée s'ouvrit et un garçon sortit. J'avais déjà dû le croiser au lycée car son visage m'étais familier. Il s'assit par terre à côté de moi et son regard s'encra dans le mien. Ça à duré quelques instants et puis mon regard s'est à nouveau posé sur le salon.
- Qu'est-ce que tu fais dehors toute seule ?
Je le connaissais mais son nom m'échappait. Oh et puis c'est pas la question !
- J'observe
Il me regarda d'un air mi-amusé, mi-intrigué.
- Et tes observations t'ont mené où ?
Je ris, rendue sociable par la boisson, moi d'ordinaire si timide.
- À une révélation.
Son rire accompagna le mien un moment.
- Développe.
Il avait l'air intéressé par mon propos, ses yeux étaient rivés sur moi. Alors qu'en temps normal j'aurais rougis je me suis contentée de sourire.
- Très bien.
Je m'éclairci la gorge un instant.
- Tu vois la vie c'est pas facile. Que ce soit les adultes ou nous, les jeunes. Mais contrairement aux problèmes d'adultes les nôtres sont dénigrés, sans importance.
- Pourquoi ça ?
Je soupirais doucement et observait encore la soirée mouvementée.
- Parce qu'on le cache plus. La fatigue, la tristesse, l'ennui apparaissent moins sur notre visage que sur celui des plus grands. On ne veut pas décevoir nos potes, on a pas envie que les profs nous posent des questions ou que nos parents s'inquiètent, sauf si nos parents nous font peur. Chacun d'entre nous à sa raison de sourire, ou du moins faire semblant, de cacher ses blessures ou ses cicatrices. Pour palier à nos problèmes, puisque on ne peut pas en parler on sort, on fait la fête, on boit on danse jusqu'à oublier.
- Comment tu sais que tout le monde cache ses problèmes ?
- Parce qu'à force d'en avoir j'ai appris à analyser ceux des autres. Tu vois la blonde qui danse là bas ?
- Oui.
- Elle est battue chez elle, je le sais parce que malgré son rouge à lèvres j'ai vu sa lèvre fendue et qu'elle a mal appliqué son fond de teint sur le bleu sous son œil. Le mec aux lunettes en train de boire est dépressif, il se scarifie, la preuve il est tout le temps en manches longues, même par une chaleur pareille, et il s'assure que personne ne le regarde quand une d'elles se remonte. La petite rousse au fond n'aime pas vraiment son corps, elle ne met jamais de vêtements révélateurs, elle ne mange jamais au lycée, et si elle le fait tu peux être sûr de la trouver aux toilettes en train de vomir le contenu de son estomac.
- Et le grand au fond ?
- Lui ? Il est amoureux, follement amoureux, mais il ne se l'avoue pas. La fille qu'il aime le tourne en bourrique et il est perdu.
- Donc tu penses que tout le monde va mal ?
- Non regarde, le groupe de filles au fond en train de rire. Elles vont bien, une relation stable avec leurs parents, pas de problèmes au lycée pas de soucis dans la vie. Pas tout le monde souffre, ceux qui n'ont pas de problèmes aident les autres à garder le sourire. Comme toi par exemple.
- Comment t'as su que j'allais bien ?
- Je te l'ai dit ça se voit.
Je laissé échapper un soupir
- C'est quand même compliqué être adolescent.
Je tourne la tête vers lui, je ne me rappelle toujours pas de son nom mais je l'aime bien.
- T'as tout compris l'ami. C'était le fin mot de ma théorie, après il faut pas généraliser, on a pas tous les mêmes degrés de complexité.
Cette rime nous fit rire en cœur. Définitivement je l'aime bien. C'est quand même surprenant un adolescent.

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Voilà mon troisième texte, plus long cette fois ci comme promis. J'espère que ça vous plaît ! Bisous et à demain

Défi d'écriture 30 jours Where stories live. Discover now