Chapitre 5

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Ce matin, toutes les filles se sont mises particulièrement jolies dans l'espoir d'être celle qui détiendra le premier rendez-vous de la Sélection. Moi, honnêtement, je m'en fiche un peu. Je ne crois pas être sortie du lot, et le matin à sept heures n'est pas le meilleur moment pour y changer quoi que ce soit. J'ai toujours été une lève-tard. Je sursaute lorsque, le déjeuner terminé, le prince tapote l'épaule de Summer, à ma droite, pour lui parler un instant. Lorsqu'ils se sont éloignés, toutes les filles bouillonnent en imaginant leur premier rendez-vous, alors que Dylan revient sans elle. Aurait-il réfléchis pendant la nuit et éliminé Summer le lendemain?

Au Boudoir, Rebecca me raconte qu'elle a entendue dire - une rumeur, autrement dit - que Summer aurait été renvoyée chez elle parce qu'elle aurait insulté le roi Easton alors que le prince était à quelques pas non loin de là. Elle aurait soi-disant dit à une amie que le roi était ridicule et misérable depuis la mort de la reine. Toujours sensible au sujet, Dylan, sur la défensive, aurait renvoyé cette fille insultante. Visiblement, le prince ne la voulait pas une princesse qui déteste le roi comme femme.

Cette Sélection est spéciale, puisque la reine n'est pas au Boudoir et n'y sera jamais; elle est morte il y a deux ans de cela. Je sort mon carnet de ma poche et je dessine Rebecca qui lit son livre. Elle est extrêmement immobile, ce qui est surprenant mais idéal. Je dessine son visage sérieux, qui malgré les émotions parcourues à travers les pages, ne change pas. Je poursuis avec ses cheveux blonds. Puis, avant d'arriver au livre, elle retourne la tête brusquement.

- Tu n'as donc rien d'autre à faire que de me dessiner?
- Non. C'est plutôt ennuyant.

Elle hésite puis me demande:

- Alors, ça donne quoi?
- Tu es un plutôt bon modèle, lui dis-je en lui présentant le carnet.
- Tu parles! Moi je dit que c'est l'artiste qui est talentueuse.
- Merci.

Je rougis. Je n'aime pas vraiment recevoir ce genre de commentaire. Des gens qui me complimentent sur mes dessins alors que leurs facultés sont dix fois plus utiles et intéressantes que les miennes. Rebecca prend mon épais carnet et regarde les dessins du début, ceux qui remonte à plus de deux ans. Elle me présente un air défiant, avant de se lever et d'aller montrer un de mes dessins à Violet, assise non loin de Willow et Shadow, qui se rapprochent pour voir. Violet et Rebecca pouffent de rire tandis que mes deux autres amies me regardent d'un air admirant. Je me demande bien quel dessin elle a pu dénicher. Je ne crois pas avoir fait de dessins honteux, si? Je ne suis pas stressée le moins du monde.

Elle revient et me lance le carnet.

- C'était celui du treize juillet deux milles quatre cent soixante-et-un.

J'ouvre le cahier et trouve le dessin dans les premières pages. Oh!... J'ai soudain très honte je sens le rouge me monter aux joues. Rebecca s'en réjouit et rie de moi. J'aurais envie de descendre sous terre - quoi que c'est plutôt facile avec ces quatre sous-sols. Je sort à la hâte de la salle pour aller dans le seul endroit qui aura le pouvoir de me détendre: ma chambre.

À mon arrivée, je dépose mon carnet toujours ouvert sur ma table de chevet et je m'élance sur mon lit. Amy me demande si je vais bien et je lui retourne la question. Elle me laisse seule à ma demande et je me pers dans mes pensées. Ceci était sans-doute ma pire honte à vie. J'avais quinze ans lorsque j'ai dessiné ce portrait. J'était dans cette période où je ne faisais que des portraits alors que je n'en possédait aucune expérience - ce qui est déjà une honte en soi. Mais ça n'explique pas pourquoi j'ai ce portrait de Dylan Schreave sous mon nez.

J'ai honte même maintenant, seule dans toute mon intimité. Je déteste cela plus que tout. Cette situation est particulièrement humiliante. Comme si j'observais chacun des gestes du prince, que j'étais une fan inconditionnelle.

Puis, une demi-heure plus tard, l'on cogna à la porte. Je m'étais déjà remis en partie mais je me sentie rougir en voyant le prince devant ma chambre.

- Bonjour ma chère.
- Bonjour Vôtre Altesse.
- Quelle est la raison de votre visite?, tentai-je, craintive.
- Eh bien, je suis venu voir ce portrait.
- Vous plaisantez?, auseai-je d'une manière voulue détendue.

Je senti mon coeur faire un tour. C'est pas vrai. Une Sélectionnée lui a raconté?

- Absolument pas. Je sais que lorsque l'on me l'a dit cela ne démarrait pas d'une bonne intention mais, je comprends tout à fait que j'étais simplement un visage de télévision à recopier comme un autre.
- D'accord. Mais je n'étais pas très douée. J'avais quinze ans.

Je n'arrive pas à croire ce qui se passe. C'est ridicule. Ont dirait des enfants... Un simple portrait, les filles ne cherchaient qu'à m'embêter. Je n'entrerai pas dans leur jeu; enfin, si il n'est pas trop tard. Le prince examine le portrait noir et blanc et me fait remarquer:

- Mon front est si grand?

Malgré moi, j'éclate de rire. Heureusement, il fait de même.

- Ce portrait est l'un des premiers que j'ai fait. Je me suis améliorée d'ici là et je compte bien continuer!
- Eh bien, mademoiselle Destiny, heureux de vous avoir inconsciemment aidé à progresser.
- Merci énormément Vôtre Altesse.
- Ce n'est rien!, dit-il suivi d'un petit rire avant de quitter.

Je rentre rapidement dans ma chambre. C'était à la fois la journée la plus malaisante, gênante, étrange, amusante et drôle que je n'ai jamais vécue.

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