Un coup de feu retentit. Ma mère s'écroula au sol. Mes yeux s'écarquillèrent, ma bouche s'ouvrit, mais aucun son ne sortit de là. Ma gorge semblait paralysée par le choc. Non, elle ne pouvait pas... Elle ne devait pas mourir aussi vite !
Mes pupilles fixaient la masse recroquevillée à terre, même si quelqu'un près de moi tentait de me couvrir la vue de ses mains. Je laissais l'image imprégner mes rétines. La colère et la soif de revanche montèrent en moi. Les poings serrés, je repoussai la présence à mes côtés pour l'éloigner et me diriger vers le meurtrier. Sa tête était cachée par une sorte de cagoule noire. J'essayais de l'arracher, mais l'agresseur parvenait parfaitement à éviter mes coups.
— Je vois que j'ai touché une corde sensible, non ? lança l'homme.
— Elle n'était pas censée mourir comme ça ! Ma vision ne montrait pas ça ! hurlais-je, de nouveau sous l'emprise de mon ami qui tentait de me calmer par ses bras.
— Disons que j'ai un peu forcé le destin, soupira l'autre. En tout cas, c'est ce qui arrivera si tu ne changes rien.
Je relevai la tête vers lui, cessant de me battre avec mon acolyte. Venait-t-il de dire que cela allait arriver ? Je regardai ma mère. Elle commençait à bouger, à se relever. Le trou béant dans sa poitrine s'était refermé, la flaque de sang résorbée. Elle reprenait ses esprits. Hormis de l'incompréhension, il n'y avait plus aucune trace de haine sur mon visage. Seulement le besoin pressant d'enlacer ma mère.
— Prend ma main, reprit l'homme en s'approchant de moi. Touche-la, prédit moi ma mort !
— Fais-le Evanna, et il laissera ta famille tranquille, chuchota Timéo à mon oreille.
Je me retournai vers mon Ange, abasourdie par ce qu'il venait de dire. Le blond me poussait plus ou moins gentiment vers le presque meurtrier qui attendait patiemment, sa main tendue dans ma direction.
Je refusai, gesticulai dans tous les sens. Je n'étais pas une bête de foire ! Quel débile voudrait voir la façon dont il allait mourir ? En tout cas, moi, je ne voulais pas m'infliger une telle vision !
L'homme soupira encore une fois, visiblement amusé de mon comportement. Il posa ses deux mains sur mon visage apeuré. Il enleva sa cagoule, dévoilant le bas de son visage, et sourit à pleines dents.
— Souviens-toi toujours Evanna, que c'est moi qui mène la danse.
Alors que son rire disgracieux emplissait mes oreilles, il attrapait une de mes mains et s'y agrippait comme si sa vie en dépendait.
— Dépêche-toi Evanna, tu vas être en retard pour ton tout premier jour de cours ! cria ma mère.
Je me réveillai en sursaut. Mon réveil sonnait déjà depuis cinq minutes, à en croire l'heure notée sur le cadran. Je soupirai, me passant une main sur le visage. Mes cheveux étaient collés à ma peau à cause des litres de sueur que je venais de déverser dans mon lit. Encore et toujours ce même cauchemar, pensai-je en me dirigeant vers la salle de bain. Ces derniers temps, il revenait régulièrement. C'était toujours la même chose, rien ne changeait jamais. Mais à chaque fois, tout semblait tellement réel que je m'en réveillais bouleversée. J'avais bien besoin d'au moins une petite douche pour oublier ça et me préparer à la dure journée qui m'attendait.
Après avoir passé les mois de juillet et août enfermée dans cette maison, je n'avais aucune envie d'aller dans un lycée d'humains. Mon seul contact social, depuis ces derniers mois, était ma mère. Même si elle se démenait comme une brute pour nous faire vivre une vie à peu près « normale », je n'arrêtais pas de lui rappeler d'où nous venions. Nous n'étions pas de cette dimension-là. Ma place n'était pas ici, tout comme la sienne. Nous n'étions pas normales.
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Reborn : recognition ( réécriture )
FantasiReborn tome 1. Evanna pourrait être une jeune lycéenne tout à fait normale, si seulement elle était humaine, démunie de tout pouvoirs dangereux et que le diable en personne ne la traquait pas. A peine âgée de 17 ans, l'enchanteresse devra mener à b...