Loin de moi

Bonus 4

5 ans plus tard

Tom

Je regarde notre album de mariage. Nous. Nos enfants. Les gens que nous aimons. Ils étaient tous là. Cinq années de bonheur avec elle et nos bébés qui ont bien grandis depuis. Milan va avoir 10 ans et sa soeur, Hannah 7 ans. Ils sont ma fierté. Mon bonheur chaque jour qui passe. Et je les aime plus que tout au monde. Eux et ma merveilleuse épouse, Charlie.

Je sens que mon fils va prendre mon chemin, il est dingue de tout ce qui touche à l'armée. Je sais que ça effraie sa maman, mais voilà, si c'est ce qu'il veut faire, pourquoi l'en empêcher? Ma fille, elle, me mène par le bout du nez. Imaginez une Charlie miniature m'invitant moi, son papa, à prendre le thé dans des minuscules tasses de dînette et être obligé de subir le maquillage plus qu'approximatif qu'elle a voulu m'imposer, parce que selon elle, je n'étais pas assez coquet pour prendre le thé avec elle et ses poupées. Imaginez moi bien!! Et rigolez bien aussi!! Car c'est dans cet accoutrement que j'ai ouvert la porte d'entrée à David et Julie, qui sont restés figés avant d'éclater de rire. Une véritable crise de fou rire. Dont nous rigolons encore aujourd'hui.

"Foutez vous bien de ma gueule, je leur ai dit ce jour là. C'est un véritable calvaire que je subis"

Cinq ans déjà que nous sommes mariés. Cinq ans qu'elle m'a fait cette magnifique surprise, réussissant à tout organiser dans mon dos sans que je me rende compte de quoi que ce soit. Je dois dire qu'elle avait de sacrés complices : David et Julie, nos meilleurs amis, les gars de mon unité aussi qui se sont fait un malin plaisir à me faire faire tout et n'importe quoi, et le commandant. Le commandant! Qui ce jour là m'avait fait tourner en bourrique, à m'emmener à un soi disant vin d'honneur qui n'existait pas. Qu'est ce qu'on en a rit après. Je referme l'album et pose ma tête contre le dossier du canapé. Dans quelques jours, un anniversaire un peu particulier aura lieu. On ne fait pas de cadeau pour ce genre d'événement mais je voulais faire quelque chose. Pour elle. Pour juste lui prouver qu'elle était vivante. En référence à une phrase qu'elle ma répété lorsqu'elle m'a raconté ce jour là.

Je ne vais pas vous cacher que ce fut facile. Loin de là! Les relations entre flics et militaires ne sont pas toujours au top, et les portes se sont fermées très souvent devant moi et mes demandes. J'étais dépité au point d'abandonner, quand le commandant m'a trouvé un matin, pensif dans mon bureau, après un énième refus. 

"Vous êtes bien pensif Capitaine"

"Commandant! Oui je tourne en rond sur quelque chose et je ne sais plus du tout quoi faire"

"Vous m'expliquez?"

"Je ne veux pas vous ennuyer"

"Vous ne m'ennuyez pas. J'ai tout mon temps. Je vous écoute!"

Je me lève. Ferme la porte du bureau. Retourne m'asseoir. Et je me lance. Charlie. La fusillade. Ce policier, probablement un gars du RAID, qui l'a porté pour la sortir de là. Ce type que je veux retrouver. Malgré le temps qui est passé. 

Le commandant était au courant de cette histoire. De cet attentat. 

"Pourquoi vouloir le retrouver?"

"Pour Charlie. Après ça, elle s'est accrochée. A la vie. Elle aurait pu sombrer mais non. J'ai une chance inouïe qu'elle soit présente. Qu'elle soit ma femme et la mère de mes enfants. Je ne suis rien sans elle. Elle est vraiment tout pour moi. Ce jour là, ce gars lui a dit qu'elle était "vivante". Je veux retrouver ce gars pour elle. Qu'elle prenne conscience de la signification de ce mot. Qu'elle lui montre qu'elle est vivante. Qu'elle lui montre le chemin accompli depuis."

"Vous avez quoi comme éléments?"

"Pas grand chose malheureusement. A vrai dire rien du tout" je soupire