Je suis pourtant venu.

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Des mots coincés dans mon cou, je ne savais que faire devant une telle scène. Nuit égorgée, à écouter le murmure des réverbères, je perdais toutes couleurs comme le font les fleurs d'hiver. Espoirs envolés, crier la mélancolie sous une lune de minuit. Tout se meure doucement, les rêves s'endorment, tout pèse, le souffle est lourd, le coeur aux cernes bleutées. Désireux(se) de repartir, je m'en suis allé(e), les larmes retenues, assassiné(e) par ces images que seule la nuit gardera. Des échos, la lueur des arbres, croissant de lune elle aussi meurtrie. Mes lèvres désireuses, en attentes de toi, contre ma langue, se résignaient à l'abandon d'un espoir tant de fois revisité. Le regard vide, et sombre aussi. Un visage quelque peut ataraxie, que plus rien ne pouvait ébranler. Je te revois, là, sans cesse au pas de la porte, tes cheveux ébouriffés, tes lèvres salées, ta peau porcelaine. La surprise redessinant tes traits, et puis là, aux escaliers, cette personne vêtue de ton habit, qui avait surement déjà gouté à tout ce que je venais te désirer. Je l'ai entendu descendre les marches une à une, de ses pieds nus contre ton carrelage glacé. Curieuse de savoir qui venait ainsi vous déranger. Mon coeur s'est étouffé, ton regard s'est perdu à terre, un silence. Rêves poussiéreux, devant moi cette affreuse peinture d'un instant corrosif qui ronge encore et encore mon coeur à présent, alors que je divague aux crépuscules des cauchemars. D'abord la vitesse, puis la fièvre, une fièvre brulante, et les murmures, des échos me supplient encore d'oublier la vision qui ne cesse de se répéter sans ruptures aux creux de mon être. Ça t'étais égal n'est-ce pas ? Ma voix morte, le feu s'est répandu à la mer que je contemple, certaines vagues me rappellent le temps ou tu arborais un sourire tendre. Mais à cet instant même la lueur du jour semble  avoir un goût de cendre.

Ce ne sont plus des enfantillages.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant