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Le détenu est là, dans un coin, rabougri, sale, il pue. Ses cheveux sont longs, en bataille, graisseux. Ils coulent sur son visage tels de sinueux filets d'huile de moteur usagée. La moiteur accentue l'effet. A sa chevelure s'entremêle sa longue barbe rêche et clairsemée. Son âge lui vaut des poils blancs noircis par la crasse et la poussière rémanentes.

Qu'importe, le noir le couve depuis, depuis... Sa chemise colle à sa peau. Par endroits à cause de la sueur. Par endroits à cause de la saleté accumulée. Par endroits à cause de plaies suintantes. Par endroits à cause de boutons purulents. Inutile de décrire en détails l'état d'un tissu jamais entretenu depuis des années, plus proche du linceul que de l'étoffe d'officine.

Pas mieux pour son pantalon. Il n'en reste pas beaucoup, coupé de nombreuses fois pour se frotter le visage ; cracher dessus pour tenter de se rafraîchir un peu dans les moments les plus pénibles ; panser les premières plaies. Depuis longtemps ces mouchoirs sont devenus des conglomérats de tissus, associés en une boule nauséabonde. Par alternance elle lui cale la nuque ou soulage son cuir chevelu du contact du mur.

Ses tortionnaires ne l'ont même pas attaché. Sa cellule close de toutes parts, l'ancienne fenêtre est barricadée de planches de bois. Evidemment il s'était cassé plusieurs ongles à tenter de briser leurs solides jointures. Vainement. Pas fous les geôliers.

Les bourreaux avaient soudé aux barreaux des plaques de métal auxquelles ils avaient superposé ces lattes de vieux bois pas assez pourri pour s'effriter. Juste pour s'assurer qu'aucun rayon de soleil ne filtrerait à l'intérieur.

Il reçut cinq coups de bâtons lorsqu'ils constatèrent les meurtrissures au bout de ses doigts.

Un bambou long et souple, entaillé longitudinalement mord le torturé à chaque frappe. Au début, la chair des prisonniers, assez ferme, résiste aux morsures du fouet végétal. Les interstices longitudinaux pincent la peau la première fois et attendent leur heure pour la manger, l'arracher, la déchiqueter. Petit morceau par petit morceau.

Le PriPoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant