Chapitre 1 : Le mariage

58 4 3
                                    

  Elle venait d'arriver au château Sadida. Le temps était pluvieux, l'ambiance lourde, et le château silencieux.

Zelda avait enfilé son costume d'ambassadrice, s'était coiffée en accord avec son costume, et n'attendait qu'une chose : en finir vite avec cette histoire.

Elle arborait un visage fermé, froid. Le moment n'était certainement pas à la plaisanterie : le monde des Douze, déjà à moitié submergé, venait d'encaisser une nouvelle crise de larme du géant Ogrest. Cependant, autant le monde avait plus ou moins pu prendre des mesures correctes, autant cette fois-ci c'était le Royaume Sadida tout entier qui risquait de disparaitre, comme la cité de Sufokia. Mais c'était très loin d'être ce qui lui posait problème.

Zelda regardait à travers le paysage la pluie qui tombait dans la mer, qui submergeait déjà une partie de la forêt. D'habitude, le bruit de la pluie la calmait, mais ce jour-là, même ça ne pouvait l'apaiser.

On leur avait accordé une petite chambre, en attendant le début de la réception.
Dans la pièce d'à côté, des bribes de conversation lui parvenait : "Nous ne t'avons pas confié deux ...que tu les échange bêtement...en les...trope"

Elle soupira de fatigue. Elle savait dans quelle affaire elle s'était embarquée, mais l'idée de continuer la répugnait.

Une jeune Sadida frappa alors à leur porte, la tirant de sa rêverie.
"Maitre Joris, Maitre Zelda, si vous voulez bien me suivre..."

Dans la grande salle de réception du palais, les places avaient été organisées en cercle, avec une chaise pour chaque représentant.
Cependant, seuls se tenaient dans cette grande salle le roi Sadida, son fils et sa fille, ainsi que Maitre Joris et Zelda en tant que représentant de la ville de Bonta.
A part eux, la salle était vide. Aucun représentant n'avait répondu à l'invitation du roi.

"Aucun d'eux n'est venu Père. Aucun. C'est dire l'importance qu'ils accordent à notre royaume.
Même le roi de Bonta-"

"Nous a envoyé Maintre Joris et Maitre Zelda, qui vont nous être d'une aide précieuse.", le coupa le roi Sheram Sharm.

A l'appel de son nom, Zelda se redressa sur sa chaise.
"Je sais que les rois du monde prennent votre royaume en grande estime, Magesté."

"Mais bien sûr, Maitre Joris, leurs fauteuils vides en attestent !", lui répliqua le prince Armand d'un ton acerbe.
Zelda balada son regard dans la salle effectivement et désespérément vide.

"Chaque royaume a du faire face à la nouvelle vague de larme. Je suis sûre qu'une fois les mesures et les aides mises en place dans leurs royaumes respectifs, les représentants des autres royaumes répondront à l'appel."

Le prince Armand allait lui répondre lorsque le tourbillon lumineux caractéristique d'une téléportation attira leur attention : la famille Percedal ainsi que l'Alchimiste Maitre Otomai venaient de faire leur apparition au centre de la pièce, suivi par le reste de la Confrérie du Tofu.

La suite fut un court moment de câlin général, qui aurait rendu cette situation touchante si elle ne se trouvait pas TOTALEMENT déplacée en vue des circonstances.

Ce fut le roi qui interrompit ces joyeuses retrouvailles.
Il invita Maitre Otomai à exposer la situation aux nouveaux arrivés :
Ogrest, le géant du Mont Zinit, détenteur des Six Dofus Primordiaux, venait d'avoir une nouvelle crise de larme. Les conséquences de cette crise avaient été particulièrement malignes pour le royaume Sadida, qui avait vu sa forêt totalement engloutit, sa faune comme sa flore.

Tous dans l'assemblée prirent un air grave tandis que l'alchimiste racontait son histoire.

Même Yugo, le petit Eliatrope, dut ce rendre à l'évidence, l'eau était aux portes de la capitale Sadida, et ce n'était qu'une question de temps avant que le royaume entier ne se fasse submerger.

"Yugo, nous avons envisagé toutes les solutions, mais une seule nous a semblé viable. Maitre Joris, Maitre Zelda..."

"Afin de contrer Ogrest, les Rois du monde nous ont demandé de chercher les Six Dofus Eliatropes."

"QUOI ?!" Adamai se redressa d'un coup "De quel droit ?! Ces Dofus appartiennent à notre peuple !"
"Laisse le terminer, Adamai."

Zelda se sentait mal à l'aise. Avoir Adamai bouillonnant de rage en face d'elle n'était pas une partie de plaisir. Ele tripotait une mèche de cheveux de sa main valide en détournant le regard, cherchant à éviter celui furieux du petit dragon.

"Je sais que nous aurions du vous consulter. Toi aussi, tu es un roi Yugo, même si ton peuple n'est pas sur notre monde."

"Un roi qui ne vieillit pas et dont on n'a jamais vu les sujets."
"Grrrrrr ! Je n'aime pas le ton que vous employez, Prince Armand !"
"Du calme Adamai."

Zelda risqua un oeil vers son partenaire, qui l'incitait du regard à prendre part au débat :
"Nous aurions du vous consulter tous les deux avant de partir à leur recherche, mais l'enjeu était trop grand pour permettre que vous refusiez. Nous sommes sincèrement désolés d'avoir empiété sur votre culture. Nous espérons juste sincèrement que nous pourrons nous mettre sur un point d'entente."

Comme pour approuver ses propos, Yugo clama : "Je compatis aux problèmes du royaume Sadida.
Maitre Joris, qu'avez-vous fait des Dofus Eliatropes ?"

"Rien. Ils avaient tous disparus à mon arrivée."

Cette nouvelle cloua les deux jeunes enfants sur place. Comment avaient-t-on pu faire disparaitre leurs Dofus ?

"Disparus ? Mais.. c'est impossible ! Chacun d'entre eux étaient cachés et placés en lieu sûr !"

"J'ai suivi leurs piste mais je n'en ai retrouvé que deux pour l'instant. Ils sont chez un vieil ennemi : le comte Harebourg."Comme pour approuver ses propos, un éclair jailli, éclairant toute la pièce. "Il les cache sur Frigost, une île dont il est le maître absolu".

Le roi Sheram Sharm changea d'espression. Il lui était pénible d'annoncer la nouvelle.

"Et ce comte nous a fait une...proposition..."

Le prince Armand coupa court à tout espoir : "Il nous donnera les Dofus en échange de l'unification du royaume de Frigost et du royaume Sadida."

Eva en demeura stupéfaite : "Non... Amalia il-il a demandé ta main ?!"

"HEY MAIS C'EST SUER CA ! AMALIA VA SE MARIER ! FELICITATIONS !", s'écria Tristepin (qui n'a pas tout saisi je crois).

Yugo en étai bouche bée... "Et...et tu as accepté ?"

Amalia avait le visage sérieux : "Bien sûr que j'ai accepté, Yugo. C'est mon rôle de Princesse, et c'est un faible prix pour sauver nos forêt !"

Armand termina d'achever la Confrérie : "Le comte souhaite que la princesse vienne accompagnée de peu de personnes, pour le mariage. Il demande à ce que seule la confrérie du Tofu l'escorte."

En entendant cela, le chevalier Iop s'esclama d'un ton joyeux : "Non mais pour qui il se prend ce type ? Il achète la main d'Amalia et pose des conditions ?!
Moi j'ai une autre idée : on va sur son île lui casser quelques dents et on revient avec les Dofus !"

"Pour créer un incident diplomatique sans précédent ? Très bonne idée."

"Nous avons sauver le monde plus de fois que ne saurais le compter un Iop, et Amalia était avec nous ! Ce n'est pas un objet qu'on échange, le mariage c'est sacré et-"

"Silence Tristepin."

Zelda sursauta. LA princesse, qui jusqu'ici n'avait pas prononcé un mot, avait un regard et un ton sérieux qu'elle ne lui avait jamais vu jusqu'à lors.

"Ma décision est prise. Si vous ne venez pas avec moi, j'irais seule."

La princesse traversa la salle, sous le regard surpris et attristé de l'assemblée.

Eva la rattrapa au dernier moment : "Nous t'accompagnerons, Amalia. Tu le sais."

La princesse marqua une pause devant la grande porte de la salle.

"Nous sommes tes amis, tu peux compter sur nous. Vous êtes d'accord ?"

La confrérie approuva joyeusement ces paroles.
Zelda ne put s'empêcher de remarquer le regard triste de Yugo.

Elle se leva, puis interpella le roi : "Si cela ne vous dérange pas, je vous accompagnerai dans ce voyage."
La confrérie, surprise, regarda Zelda.
"Je sais que seule la confrérie a été appelée, mais je serais plus tranquille en accompagnant la princesse et en sachant les relations avec les royaumes et l'avenir du monde assuré. Sauf si quelqu'un émet une objection."

Son regard se posa sur celui de Joris, qui la regardait d'un air surpris.

Aucune objection ne s'éleva.

La princesse sourit : "Merci. Dans ce cas je vais me préparer."



Lorsque l'assemblée fut dissoute et ses membres dispersés, Joris tira Zelda dans leurs quartiers et ferma la porte :

"Qu'as-tu fais ?!"

"J'ai suivi ce que vous m'avez demandé. Maintenant je veux récupérer mon dû."

Le petit homme empoigna le bras de la jeune femme : "Aurais-tu oublié ce qu'il se passera si tu ne te tiens pas au plan ?"

Zelda dégagea son bras de son emprise : "BIEN SUR QUE NON ! C'est pas le genre de chose que j'oublie."

Joris et Zelda restèrent ainsi, droit, l'un en face de l'autre, sans bouger.

Joris brisa le silence : "Je partirai avec Otomai et Adamai, comme prévu, mais je te préviens : à présent, plus rien ne vous protège. Ni toi, ni aucun d'eux."

Chacun de ces mots perça le coeur de la jeune femme, rebondissant dans sa tête.

"Je sais. J'ai rempli ma part du contrat. Laissez-les partir."

"Vous n'aurez qu'à demander à Harebourg !"

"Oh compte sur ça, je vais lui demander !"

Sur ces mots, Zelda sortit, et grimpa les escaliers pour retrouver la princesse.  



AZURITE [En réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant