La femme préfère les chocolats chauds au rosé.

Les pensées de la Marguerite.

Parfois, il arrive qu'une femme s'enflamme. Sans rien demander, sans réellement s'en rendre compte. Le feu démarre dans une nuit d'ivresse, la femme ouvre les yeux quelques instants. Elle regarde le haut plafond, allongée sur son vieux divan jaunâtre, le bras dans le vide, suivit d'une cigarette allumée. Elle remarque le petit trou dans la grande poutre en bois, à peine visible au premier regard, se demande s'il était déjà présent avant. Alors, elle fume. Alors, elle divague.

La femme s'imagine. Elle qui aime tant qu'on l'appelle Marguerite. 'Se pose des tas de questions complètement ridicules, pas vraiment fondées, à croire qu'elle passe son temps à vouloir remplir son esprit d'histoires qui ne sont pas les siennes. C'est ainsi que petit à petit, la jolie fleur qui fût un jour l'oiseau, elle y croyait, tombait de son nid douillet.

La femme chavire. Dépourvue et quelque peu sonnée, elle fait tous les jours de son mieux, c'est pas forcément ce qu'elle cherchait mais apparemment ça fait le bien autour de sa petite personne bien conservée. Cependant le soir rien n'est pareil elle le sait, tout détonne et tout lui plaît.

Alors la femme s'entête. Les mains sont livides, forcément, les cendres froides, et le ton assuré. Les oiseaux du bout du monde se sont arrêtés de chanter, et depuis combien de temps, elle n'ose le deviner. La femme pense à l'homme ; la petite fille apeurée se souvient du garçon de son école qui la faisait s'évader. Alors les deux ingénues ferment leurs yeux humidifiés sans se demander ce que sera l'après, parce qu'après tout mieux vaut penser à un chocolat chaud posé sur le bord d'une fenêtre entre-ouverte, plutôt qu'un énième déjeuner silencieux autour d'une table bien trop grande et espacée, un verre de rosé à la main, une clope de l'autre.

La femme saigne.

La femme s'enivre. Elle préfère écrire pour sentir sa tête tourner. Tourne le manège de ses pensées.