- Chapitre 5 -

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Notre avancée souterraine continua dans le silence le plus complet et le plus tendu qu'il soit.

Je réfléchissais beaucoup, je me posai trop de questions, je commençai à perdre mon assurance et ma confiance en moi. Alors je décidai de mettre mes pensées de côté et de me concentrer sur ma marche. Quantin avait cessé de faire des bruits pénibles et avait reprit une marche normale. Ce qui m'arrangeait énormément. Soudain, je dû m'arrêter.

- Y'a une porte, informais-je Quantin.

Sans attendre de réponse de sa part, je l'ouvris, me demandant ce qu'il pouvait bien y avoir derrière.

Je ne pensais certainement pas à ça. Il y avait une grande salle, toujours avec des murs en béton, avec, au centre, quatre pièces de verres comportant chacune deux compartiments. A l'intérieur de celles-ci, il y avait une chaise et une table. Nohan et Violaine en occupait une, une fille à la peau basanée et un garçon aux lunettes rondes en occupaient une autre.

-Bien, Elliko, Quantin, je vous prie de vous rendre dans la troisième boîte. Elliko, tu vas dans la pièce qui a des feuilles sur la table. Nous allons attendre le dernier duo avant de commencer. Vous allez voir, ce sera amusant ! Très amusant...

J'haussai un sourcil. Amusant ? Nous ne devions probablement pas avoir la même définition de ce mot. Je ne comprenais pas ce qu'il nous arrivait et cela m'agaçait. Ça ne me plaisais également pas d'obéir, mais nous n'avions pas d'autre choix. Une fois installés, je jetai un coup d'œil à la pile de feuilles et grimaçai. J'espérai que ça ne soit pas un test de connaissance, dans ce cas-là j'étais fichue. J'avais déjà du mal à me rappeler ce que j'avais dessiné la veille en cours, alors recracher des trucs sur une feuille n'était pas dans mes intentions. Mais je restai tout de même sceptique...

Un test ? C'est quoi le but de tout ça ? Vérifier si on a bien appris nos leçons ? Pff...

L'attente me paru interminable, et quand Katarina et Antony émergèrent des escaliers j'en fus presque soulagée. Le duo se rendit dans la dernière salle de libre. La brune lançait des regards inquiets. Antony, lui qui possédait un calme et un sang-froid légendaire, semblait légèrement agacé. Et il m'agaçait aussi, avec son air supérieur... Ce n'était qu'un microbe, une personne aussi insignifiante qu'un grain de sable... Ce fut lui qui pénétra dans la pièce aux feuilles. Il me lança un regard interrogateur. Je lui rendis un regard froid.

- Fort bien, tout le monde est présent, nous allons pouvoir commencer. Veuillez retourner vos feuilles.

Nous obtempérâmes. Je n'avais toujours pas envie de lui obéir, mais de toute façon, avais-je un autre choix ? Non. Nous étions bloqués, pris au piège, tels des poulets attendant sagement de se faire dévorer par le renard.

Des mots, des phrases, des questions.

Un test.

1) Citez quatre capitales européennes.

Avec une certaine lenteur, j'écrivis « PARIS ». Puis reposai le stylo. C'était déjà pas mal. Mais je ne pouvais pas faire plus.

Qu'allait-il advenir de moi si je ne réussissais pas ce test ? Et des autres s'il le réussissait ? J'en avais marre. Je n'avais pas envie de réfléchir. J'avais envie d'enfoncer mon stylo dans l'œil de monsieur Frangie. Après un long soupir, je regardai Quantin assis en face de moi. Il me fixait. Il essayait de faire un regard furieux, plein de mépris, comme je le faisais d'habitude. Mais il n'y arrivait pas. Il n'arrivait qu'à se rendre ridicule. Je parti dans un énorme éclat de rire. Son idiotie était plutôt plaisante à voir. Ceux qui ne participaient pas au test me fixaient avec effroi. Les autres étaient trop concentrés pour me voir, et j'en fus un peu déçue...

Cependant, je remarquai dans ses yeux... De l'espoir ? De la... confiance ? Comptait-il sur moi ? Sa survie dépendait-elle de la mienne ? Mon rire se stoppa tout à coup. Je venais de comprendre quelque chose. J'étais utile. Utile. Utile. Ce mot sonnait comme une mélodie à mes oreilles... Nous semblions étroitement liés. Un faux pas de ma part, et nous tombions tous les deux. Quelqu'un comptait sur moi, quelqu'un me faisait confiance. Même si j'avais été désagréable avec lui, il continuait à être positif. Je fus tellement surprise de constater cela que j'en eu le souffle coupé. J'avais oublié à quel point le sentiment d'exister pour quelqu'un était agréable... Mais ce sentiment m'énervait aussi. Je me sentais perdre mon assurance petit à petit. Et ce n'était pas un bon présage.

Je fixai d'un regard vide la feuille.

Je ne compris même pas les questions suivantes. Les mots se mélangeaient et formaient un immonde amalgame d'encre noire. Les tourments que j'avais tentés de mettre de côté revenaient. Je posai ma tête sur la table, perdue et déboussolée pour la première fois depuis longtemps.

Le meuble bougea. Intriguée, je baissai les yeux. Un petit papier était posé sous un pied de la table. Je le saisi du bout des doigts. Il y avait des mots, néanmoins mon cerveau faible et surchargé était incapable de les reconnaître. J'en fis alors un avion, que je lançai.

Il s'écrasa pitoyablement sur la vitre. Il me fit penser aux Hommes... Un être de papier, fragile et faible, qui s'écrase au moindre petit obstacle...

- Tout le monde a fini, parfait ! s'exclama joyeusement le professeur quelques minutes plus tard. Veuillez sortir des pièces, et veuillez vous placer devant les boîtes !

Je n'avais strictement rien fait. J'essayai de me ressaisir et adoptai mon visage habituel, froid ferme, haineux.

- Ok, je vais donner les résultats du test !

- Les résultats ? Mais vous n'avez même pas regardé nos réponses ! s'indigna la fille à la peau basanée.

- Les résultats ne m'intéressaient pas, ce qui comptait pour moi, c'était votre honnêteté.

- Notre honnêteté ?

- En effet. Sous la table, il y avait les réponses du test. Je voulais voir si vous alliez les utiliser ou pas.

C'était donc cela, le petit papier...

- Diana ne s'en est pas rendu compte. Elle sauve son équipier et elle-même. Antony les a remarqué et a vu le contenu de la feuille mais dès qu'il s'est rendu compte que c'était les réponses, il a arrêté de lire. Il sauve également son équipe.

Blondinet eut un immense sourire de satisfaction. Il faisait beaucoup trop le fier à mon goût. Il faisait partie de cette catégorie de gens qui ne peuvent s'empêcher de clamer leur victoire partout où ils passent, ne se souciant que d'eux-même.

- Elliko... En... A fait un avion en papier... souffla-t-il comme s'il était exaspéré. Très joli, cela dit. Elle sauve son équipe.

Il fit une pause.

- Nohan, quant à lui, a vu le papier, et a recopié les réponses SANS M'INFORMER ! Il s'est CACHÉ, il a triché ! Il ne sauve pas son équipe ! Vous avez donc PERDU !

Il semblait vraiment en colère. Violaine blêmit.

-Quoi ?! Mais je n'ai rien fait moi ! s'insurgea-t-elle.

-Vous fonctionnez en binôme ! Ce n'est pas à moi qu'il faut s'en prendre !

La jeune fille se tourna vers Nohan qui avait le visage cramoisi de honte.

- Toi ... !

- Désolé ! Je suis vraiment désolé ! Je...

- Tu n'as aucune excuse !

- Mais Violaine, je...

- CESSEZ DE VOUS ENGUEULER ! Vous allez être puni !

- Pardon ? s'enquit Violaine, soudainement inquiète.

Une trappe s'ouvrit juste sous leurs pieds. Je me rappelle encore du long cri d'effroi qu'ont poussé les deux adolescents lors de leur chute. Je me rappelle qu'il ma glacé le sang.

Une question s'insinua instantanément dans mon esprit.

Mais quel était donc le but à tout cela ?

Elliko. [ARRÊT DÉFINITIF]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant