1 - Une Journée Comme Une Autre

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Mon réveil sonne, j'ouvre difficilement les yeux pour regarder l'heure : 12h47. Tiens, c'est rare que je me lèves aussi tôt un samedi, enfin, il faut dire que c'est aussi rare que je sortes pas en ville le vendredi soir.. D'habitude au réveil le samedi je me souviens à peine de mon nom ! D'ailleurs, vous le connaissez pas encore, vous.

Je m'appelle Ethan, et je suis comme tous les ados de 16 ans, un peu timide mais assez sociable, à moitié toxico, et gros rieur. Si malgré ma banalité vous vous intéressez un peu à moi, je suis quelqu'un qui donne une image d'incarnation de la joie de vivre, demandez à mes amis, je suis toujours en train d'écouter ma musique bien fort, de danser de chanter, partout et tout le temps. Je suis toujours avec un grand sourire ou bien en train de rire aux éclats, à faire des grimaces, à mettre un petit coup amical, à taquiner ou même à me moquer. L'image typique du mec positif et optimiste, jamais triste.

Pourtant, comme certains de mes amis, et même pas les plus proches d'ailleurs, le savent, je manque cruellement de confiance en moi, et je suis du genre à me prendre la tête tout seul pour un rien. Même si je donne cette image de mec heureux, au fond de moi je passe mon temps à me rabaisser, à me dévaloriser, mais je le montres pas, parce que je sais que j'ai pas à me plaindre, j'ai pas une vie malheureuse et mes amis sont la pour m'écouter. Au moindre mal, c'est toujours ma première réaction, en parler à un ami !

En parlant de mes amis, faut que je voie si on fait un truc ce soir ! C'est à partir de là que ce samedi deviens comme tous mes autres samedis : Je descends grignoter un truc en coup de vent, je dis bonjour à ma mère et récupère mes 10 euros d'argent de poche, puis je remontes me laver, m'habiller, puis je redescend et, au dernier moment, demandes 5 euros à mon père pour m'acheter un truc à boire en ville. Puis je sors, je descend au bureau de tabac en face de mon lycée, j'achète mon tabac avec mon argent de poche, puis j'appelle mon pote Alexis, ensemble on va s'acheter une barrette de shit, c'est là que partent les 5 euros donnés par mon père. Ensuite, et toujours comme chaque samedi, on va au parc avec sa copine Mallaurie et quelques potes à nous pour fumer, on rigoles, on écoute de la musique, on fait un petit basket, un petit foot, quelque fois une petite bataille d'eau.. on profite de la jeunesse, et de notre drogue.

C'est fou quand on est défoncé, une heure peut durer une éternité, et les 5 suivantes partir en coup de vent, une après midi est souvent vite terminée, et ce week-end j'ai pas de pot, personne peut faire de soirée vu qu'ils en ont tous fait une hier, sauf moi.. Mais Hugo, un ami d'enfance, un de ceux dont je suis le plus proche, me dit qu'on peut aller manger au kébab avant qu'il ne rentre. Ducoup je me retrouves seul avec lui, et on discute. Depuis quelques temps il a commencé à dealer, enfin plus ou moins, à sa manière : celle d'un galérien comme on l'est tous dans notre groupe de potes. Donc en discutant j'en arrives à lui demander : "Ducoup toi tu deales toujours gros ? Ca se passe comment ?" "Bah écoutes ouais, mais en ce moment j'ai plus rien, faut que j'attende que mon "supérieur" se réapprovisionne pour que je puisse lui en reprendre, je te tiendrai au courant" "Ok pas de soucis t'inquiète, et ducoup c'est comment ? T'arrives à te faire beaucoup d'argent avec ça ?" Il me répondit alors que oui, sur le coup on arrive à tenir pas mal de liquide entre les mains, mais qu'une bonne moitié au moins ne sert qu'à se réapprovisionner, puis il me raconte quelques anecdotes sur comment il compte maximiser ses bénéfices et tout ça, puis il me dis que si ça m'intéresses, il peut me faire de très bons prix pour de grosses quantités que j'irais vendre dans mon lycée. Parce qu'il faut savoir que la plupart de mes amis sont dans le même lycée, un des plus grands de la ville, mais pas celui où je suis moi. C'est vrai qu'au fond de moi ça m'attires de dealer, mais je sais bien que je saurais pas gérer ça, alors ça ne restes qu'un plan de secours si un jour je tombais trop bas.

Après notre petite discussion, et notre repas, chacun rentre chez soi. Avant de sortir du restaurant, je me roules plus ou moins discrètement un dernier joint et part en direction de la sortie, pour le fumer sur le trajet du retour, ça me réchaufferas au milieu du froid des nuits d'hiver. Je sais même pas vraiment pourquoi je fumes, ça me fait un peu chier, même si au fond de moi je me fous de l'impact sur la santé, chaque pétard me fait un peu moins d'effet que le précédent, et pour moi le shit est pratiquement devenu une clope normale tant j'y suis habitué, mais je continue, peut être pour l'adrénaline du sentiment d'illégalité, peut être parce que ça m'aide énormément sur ma confiance en moi, ou que ça me permet de me lâcher et moins me prendre la tête, à ne plus penser à rien. Et surtout pour les soirées ou c'est le bonheur pur, des fous rires, du grand n'importe quoi, on a pu rire de choses tellement conne ou insensées, et quelques fois avec la fatigue ces calins de groupe qui marquent l'esprit aussi défoncé soit-on. Au fond je sais pas quoi penser de ça, j'aime moins fumer qu'à mes débuts, car en moi je sais que je suis dépendant, mais en même temps j'adore tout ce que ça m'apporte. Puis de toute façon j'en ai besoin, toujours à me rabaisser, j'ai l'impression d'être le mec facultatif de tous les groupes de potes, habitué aux râteaux j'ai l'impression que je finirai ma vie célibataire.. Alors en regardant le nuage de fumée qui sors de ma bouche, je me dis que sans lui je me sentirais bien trop seul.


PsychotropeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant