J'étais donc la, sur le chemin du retour, après un samedi cruellement banal et comme tous les autres, c'est pas comme ça que je profiterais au mieux de mon week-end.. Soudain, mon regard se pose au milieu de la rue, sur une fille de mon âge, et sur sa chevelure rousse qui venait casser l'obscurité du soir, ses petites taches de rousseur enfantines, et ses jolis yeux verts. Je connaissais cette fille, enfin pas vraiment, mais j'avais des amis en commun, et j'avais déjà vu cette bouille sur Facebook, ou un réseau du même genre. Je me connais, toujours en manque d'amour, et après ces quelques secondes je sentais mon coeur commencer à s'emballer et mon esprit commencer à s'imaginer toute sortes d'histoires.
Mais franchement, je suis réaliste. Qu'est ce que j'espère ? Je la croises par hasard et la recroiserais probablement que quelques fois dans ma vie, et toujours par hasard, sans un échange de mots, de regards.. Puis c'est pas comme si j'allais aller l'aborder en pleine rue, je suis largement trop timide pour ça ! Mais tout de même, je savais que je retiendrais cette jolie bouille.
En arrivant face à chez moi, je vérifies machinalement que j'ai bien rangé ma conso dans mon pantalon, puis je rentres. Et là, à peine rentré, même pas le temps de ranger mes affaires que mon père commence. Il viens me casser les couilles par rapport à mon Histoire, me dire de réviser, de bosser. Putain que c'est chiant, c'est le même discours en boucle encore et encore. Je sais m'occuper de moi, je sais que je dois bosser, pas la peine de me harceler. Surtout qu'honnêtement l'histoire je supportes pas, enfin, sauf les dictatures, je trouves ça intéressant. Mais franchement à quoi ça peut me servir d'apprendre que tel couillon à écris telle lettre parce qu'un roi de l'autre bout du monde était pas très gentil y'a des centaines d'années ?! Enfin, bref, après avoir bien gueulé, je me réfugie dans ma chambre, je caches mon tabac et mon shit, puis j'allume l'ordi.
J'ouvre deux trois trucs, et je survoles un peu mon Facebook, blasé. Là, comme toujours, mon premier réflexe quand je suis contrarié : je vais en parler à des potes. Notamment Hugo. D'ailleurs, j'avais remarqué que mon amie connaissant la rouquine croisée plus tôt était connectée, alors je décides amusé de lui dire que je l'avais vue, puis j'en profite pour faire une allusion discrète au fait que je l'avais trouvée vraiment mignonne, mais c'est pas si important, revenons à Hugo. Alors qu'il essaie de me remonter le moral aussi bien qu'il peut, avec ses conseils pas vraiment bons et son côté pessimiste, entre deux blagues douteuses, il me reparles de cette après-midi, me nargue que si on avais moins fumé, je pourrais me permettre de refumer maintenant pour me calmer, puis il propose de me donner pour 20 euros ce qui en vaudrait 30 en beuh, tant que j'en revend pour le même prix à mon lycée, histoire de lui faire de nouveaux clients potentiels. et ça j'envisage très sérieusement à l'accepter. Enfin, je suis même pratiquement certain d'accepter, plutôt.
Puis nos discussions divaguent, on discute de tout et de rien, même si avec ce toxicomane, ça tourne souvent autour de la drogue et du cul. Il en arrive à me demander si j'ai envie de racheter du DXM. Lui il a l'habitude, mais moi j'en ai pris pour la première fois lors de ma dernière soirée samedi dernier. C'est marrant le DXM, c'est peut être vu que c'était la première fois, mais je me sentais pas défoncé du tout, je me sentais normal. Mais le lendemain matin après la soirée, d'une part je sentais l'envie d'en reprendre, et j'ai pas du tout aimé l'image de drogue dure que ce manque donnait, mais en plus, je me suis rendu compte que je faisais absolument n'importe quoi la veille. C'est des souvenirs vraiment drôles, mais tout ce qui me paraissait normal sur le moment était en fait totalement n'importe quoi.. Enfin, c'était spécial, mais je lui ai dis que très exceptionnellement de temps à autres je pourrais me laisser tenter. Ensuite, je suis parti jouer un moment à tous les jeux qui me passaient sous la main.
Alors qu'il est maintenant plus de 2h du matin, et que les heures s'enchaînent vite, mes parents recommencent. Cette fois c'est ma mère qui beugle depuis l'étage qu'il est tard et que je dois me coucher, que je dois garder le rythme ou je ne sais quoi, clairement elle gueule sans raison pour le plaisir de gueuler. C'est pas grave de me coucher tard, demain c'est dimanche, je peux dormir jusqu'à 17h si ça me chantes, le dimanche y'a que ça à faire, dormir. Tu me diras ça me coûterais rien d'aller me coucher maintenant. Là, je glande devant des épisodes des Simpsons que j'ai déjà vus en discutant de banalités sur mon tel. Ca donne un bon aperçu de ce en quoi va consister mon dimanche, d'ailleurs : de la glande en traînant sur tous les réseaux que je trouverais, et à la limite quelques heures en ville pour pouvoir encore fumer avec les gens qui en auront le courage, peu importe qui. En tous cas probablement pas mes potes habituels, ils glandent aussi, et fument chez eux, eux. Je ferais aussi mes devoirs, probablement en moins d'une demie heure, et sans motivation. Et après cette journée ennuyeuse recommenceras une autre semaine de routine si banale, où la seule chose qui me détendras et m'amuseras après les cours qui sont toujours les mêmes, entouré des cons qui sont toujours les mêmes, sera le son de ma musique autour d'un énième pétard avec mes amis.
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Psychotrope
Novela JuvenilEthan, 16 ans, peu bosseur et à moitié toxico, toujours avec ses amis, un ado comme les autres, rieur, toujours à faire le con, c'est sûr qu'il donne l'image d'un mec heureux, même si au fond il a toujours cette manie de se rabaisser pour tout et n'...