Chapitre 10: Chalousie.

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L'eau fraîche coule sur mon visage. Je m'asperge encore une fois, puis lève les yeux. Je vois mon reflet dans le miroir.
C'est le reflet d'un homme perdu.
Ou qui a perdu. Certainement pas la partie contre ce chat, non, lui était mort. Mais qui a perdu ses amis, sa copine, et probablement la raison.
Fou..., seul.
C'est le reflet d'un garçon, apeuré, détruit.
J'arrache mon regard du miroir et sort des toilettes. Le silence plane à l'extérieur: pas un cri, une parole; pas une personne ou un médecin circulant.
Je me mets à marcher, vers je-ne-sais-où. Déambuler, voilà la seule chose que je peux encore faire correctement. J'avance sans but ni direction, essayant de réfléchir, mais rien ne me vient. Quelque chose, et en même temps tout, m'empêche de penser.
Tout ce sur quoi je me reposais, tout ce que je pensais réel en ce mois qui c'est écoulé: tout, tout avait été détruit par cette phrase.
"Ivre, elle était ivre!"
La petite voix de la raison me crie dessus que c'est ma faute, et je le sais très bien.
Je suis
"Comme les autres, Julien! Rien ne sert de le nier, t'es banal, quelqu'un de normal!"
confus, sais ce qu'il convient de dire... mais pas ce que je dois vraiment dire.
Je devrais aller m'excuser auprès de Bri' et de TheMiss... m'excuser auprès de ce fichu docteur et évidemment auprès de Clémence.
Lui dire qu'elle pouvait me quitter, que je comprendrais.
Me suiciderais, aussi, probablement... mais comprendrais.
Je devrais... mais n'en ai pas le courage.
Je n'ai aucune confiance en moi, rien, rien ne me permet de parler devant les autres, de...
Je ne savais pas exactement pourquoi je suis arrivé à cette idée, aussi. Ou peut-être, ne souhaitais pas le savoir.
Sortant de mes pensées, je vois où je suis.
Devant sa porte.
Est-ce mes pieds qui m'ont conduit ici?
Ou ma partie encore raisonnable?
Le couloir était encore vide. Totalement, même pas une infirmière qui s'occupe du linge. Brioche et la québécoise devaient être partis à ma recherche...
Ou ils n'en n'ont absolument rien à foutre de moi.
Quant au docteur... Clémence ne doit pas être sa seule patiente.
J'inspire, et rentre. Encore une fois.
La chambre est bien plus sombre cette fois. Je referme la porte doucement, comme pour qu'elle ne m'entende pas.
Mais elle dort.
Je m'approche d'elle, sans bruit. N'importe qui aurait pu me prendre pour un assassin, en fait.
Mais au lieu de l'égorger, je prends la chaise à côté d'elle et m'assieds à son chevet.
Sa respiration est lourde et bruyante. Le filet de sang n'est plus là, mais je peux encore voir un peu de sang séché sur le bord de ses lèvres.
Elle dort d'un sommeil étrange, visiblement agité. Je prends sa main, douce malgré les égratignures. Elle tremble un peu, aussi.
Et je revois cette larme unique couler sur sa joue.
C'est mon tour maintenant. Je sens mon coeur se pincer, en voyant ce que j'ai réellement fait, avec ma paranoïa débile.
-Je...je suis désolé..." murmure-je.
Inutile de parler, elle est certainement sous médocs.
Mais moi je ne le suis pas, et j'ai besoin de m'excuser.
-Je... je ne sais ... vraiment pas ce qui m'a pris, je..."
Et soudain, je le vois.
Je vois pourquoi.
-Julien, c'est quoi ce devoir que tu m'as rendu?"
La maîtresse à l'air très fâchée.
-Qu'est-ce... qu'est-ce qu'il y a, Mademoiselle Janssen?"
Mais Julien le sait pertinemment, ce qu'il y a.
Il a copié.
-Tu le sais très bien, Julien! Tu as exactement les même réponses que ton ami Romain! Tu as copié!"
Honteux, Julien rougit.
-Dis-moi, Julien;"
Elle s'abaisse, et regarde Julien dans les yeux.
-Veux-tu devenir comme tout les autres?"
Puis Mademoiselle Aurélie se lève et crie:
-Comme tout les autres? Banal?
Sans personnalité?
Qui veut de quelqu'un de fade, de normal? Personne, Julien! Absolument Personne!"
Et le petit Julien est comme tout le monde.
Banal.
Normal.
Qui veut d'un petit Julien normal?
Personne...
Absolument personne.
Je ressors de mon souvenir, et presse la main de Clémence assez fort, avant de me rendre compte d'où j'étais.
Je desserre mon étreinte, convaincu de lui avoir broyé quelques os.
-J'ai toujours eu peur d'être comme les autres, Clémence. Ce qu'on m'a répété longtemps, enfant ou adulte. Un être banal... comme les autres...
Et j'y ai pensé.
Comment peut-on aimer quelqu'un de banal? Qu'est-ce qui, toi, te retenais d'aller voir ailleurs?"
Les larmes coulent maintenant en silence, par fins filets.
-Je me sentais nul, je ne voyais pas en quoi tu pouvais m'aimer.
Puis ma tristesse c'est transformée en jalousie, non pas parce que je te voulais entièrement pour moi, mais parce que chaque personne que je voyais était forcément mieux que moi. Chaque personne était un danger pour moi.
J'en suis venu au chat... et je pense que jamais ma peur ne s'est autant manifestée. Ma douleur était grande... mais pas autant que la tienne. Je t'ai abandonné, lâchement, et la boisson... fut ton refuge.
Alors, je te le dis maintenant et je te le dirais encore quand tu ne seras plus endormie:
Si tu veux me quitter, je comprendrais absolument. Ma faute, en rien la tienne."
Ma voix se meurt. Le silence prend place.
Je m'attendais à une réponse, à ce qu'elle ouvre ses yeux et me dise qu'elle m'aime... mais cela, ce n'est que dans les films. Je vais devoir attendre, pour qu'elle me dises que c'était fini. Tout mon être le crie.
Mais quand je lâche sa main, elle tombe anormalement... avec un peu de retenue. Le temps de comprendre quoi que ce soit et elle avait passé son bras derrière moi, pris ma nuque par la main et avait relevé sa tête.
Ses lèvres avaient le goût du sang, mais plus que tout son goût à elle.
Le baiser, certainement le meilleur de toute ma vie, dure quelques secondes, qui me paraissent des heures... et quand elle fait marche arrière, elle plonge son regard dans le mien et me dit:
-Tant que tu ne me fais plus cracher du sang, ça va.
Je t'aime, Julien. Et t'es le seul que j'aime."
Elle prend un petit sourire et murmure:
-Ça fait de toi... quelqu'un d'unique."
Unique.
Ce mot, c'est ma nouvelle devise.
Et je l'embrasse de plus belle.

Et voilà! C'est la fin d'une longue histoire, mais bon Dieu qu'est-ce que j'ai aimé l'écrire... à la base je ne m'imaginai pas aller aussi loin. Je voulais écrire une histoire pas trop longue, partant d'un délire de jalousie féline.
Mais... mais quelqu'un m'a fait aller plus loin. Elle m'a montré et fait comprendre ce qu'était vraiment la jalousie.
Pas un besoin, une envie de tout avoir pour soi, mais un sentiment que la chance qu'on a n'est pas à notre hauteur, qu'on ne la mérite pas.
Cette personne m'a poussé à bout, loin dans mes pensées et mes envies.
Cette personne, c'est moi.
Bien évidement, je ne suis pas le seul dans la création de la folie de Siph', ma bien-aimée aussi m'a inspiré et a déclenché cette réaction en moi, ainsi que Mushu, chat aux yeux dorés.
Et tout les aspects psychologiques de Julien viennent majoritairement de ma légère culture au niveau de l'esprit...
Mais cette fureur d'écrire, vient de ma Miss, de Stephen King, maître en la matière, et de vous.
J'ai eu énormément de plaisir à voir vos réactions, vos commentaires, suspicions et autres. Vous m'aidez plus que tout, et je me suis dépêché d'écrire pour votre bon plaisir.
La seule chose que je vous demande, si vous lisez ceci, c'est de voter. Ainsi je sais combien de gens ont lu en entier mon histoire! Et commentez si vous avez des questions ou remarques ;)
Retenez ceci: personne n'est vraiment un enfoiré.
Je vous aime!!
TheLordEdragon.

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