- Je veux parler à ma sœur ! S'écria-t-elle. Lâchez-moi je vous dis ! Je ne suis pas folle ! J'ai dit tout ce que je savais ! Laissez-moi parler à ma sœur, je vous en prie ! Camila !
Je l'entendais se débattre alors que la foule s'agitait. Sa voix s'était brisée lorsque mon prénom résonna dans la salle, ce qui me fendait le cœur. Jamais je n'avais encore entendu ma sœur pleurer. Jamais je ne l'avais sentie profondément triste, et ce, même après que notre mère fut internée dans un autre état. Je sentis alors des bras se resserrer autour de ma taille et savais sans le moindre doute de qui il s'agissait.
- Sortons d'ici, me dit-elle tristement.
Je la suivis sans dire un mot hors de la salle d'audience. Elle voulait pleurer,je le savais, mais ne laissait rien paraître. Elle était comme ça ma grande sœur. Un cœur tendre sous des airs de gros dur. Ellen'aimait pas montrer ses émotions en publique. Et son travail ne lui permettait pas de le faire. Mais à moi, elle ne pouvait rien cacher.Après tout, j'avais passé dix-neuf ans à ses côtés.
Des bruits de pas s'intensifièrent jusqu'à s'arrêter près de nous. Je sentis une main délicate se poser sur mon épaule, puis une pression amicale sur celle-ci, avant qu'elle ne se retire et que la chaleur ne se dissipe.
- Je suis désolé, dit le jeune homme. J'ai fait tout mon possible.
- Sauf votre respect Maître Waters, je ne vois pas comment ça pourrait être pire.
- Je comprends ce que tu ressens Camila, répondit l'avocat compatissant, mais ta sœur aurait pu finir en prison. Avec toutes les preuves qui l'accablaient et les antécédents dans votre famille, seul plaider la démence pouvait lui éviter la prison.
- Ma sœur n'a pas sa place dans un asile. On vous a payé pour plaider son innocence, et non la démence.
- Jade est accusée de meurtre, tout la désignait coupable, reprit-il. Les jurés et le juge avait déjà leur opinion sur la situation. L'avocat de Shawn Mendes a joué de ça et s'en est servi comme arme pour démolir ta sœur. Elle risquait un minimum de cinq ans derrière les barreaux.
- Et maintenant, grâce à vous, elle est enfermée à vie dans un hôpital psychiatrique, rétorquai-je énervée. Beaucoup mieux en effet.
- Pas si elle ne montre aucun signe de folie. Les médecins peuvent décréter que son état est stable et dans un an tout au plus elle pourra reprendre une vie normale.
Ses paroles se voulurent rassurantes, mais sa voix le trahissait. Il essayait lui-même de se convaincre qu'une telle chose était possible. Mais mes sœurs et moi étaient bien placées pour savoir qu'un tel miracle n'arrivait jamais.
- Maritza, dis-je soudainement en posant ma main sur celle de ma sœur qui avait toujours son bras autour de ma taille. J'aimerais rentrer s'il te plaît.
- Bien sûr trésor, on y va. Je repasserai sûrement à ton bureau dans la semaine Augustus, finit-elle par ajouter en me poussant doucement pour que j'avance.
- Pas de problème, répondit le jeune homme en s'éloignant de nous.
C'était sans un mot que le trajet en voiture se déroula. Cependant, le silence n'était pas embarrassant, mais relaxant. Après cette dure et longue journée, nous en avions toutes les deux besoin. Je voulais me vider la tête de tous les événement de ces dernières semaines. Depuis le meurtre de mon voisin le mois dernier, à l'internement de ma sœur ce jour-là. Je ne pouvais pas vivre sans elle. Depuis notre naissance, nous n'avons pas passé plus de deux jours séparées.Certains le voyaient comme une bénédiction et enviaient notre statut de jumelles, d'autres pensaient que c'était un fardeau à porter, et que si quelque chose arrivait à l'une des deux, l'autre ne pourrait s'en remettre. Les deux étaient vrais, mais que pouvions-nous y faire ?
