J'attendais Maritza, à la fois excitée et angoissée à l'idée d'aller voir Jade. Il s'était passé tellement de choses les jours précédents que je n'avais pas pu aller lui rendre visite, et je me sentais tellement coupable. J'avais l'impression de l'avoir laissée tomber. Elle avait toujours été là pour moi, et je ne l'avais pas été. Je me devais de la protéger comme elle m'avait toujours protégée. Je devais aller la voir et lui dire que désormais tout se passerait bien. J'avais besoin de la prendre dans mes bras, de la sentir contre moi et surtout de lui dire à quel point je l'aimais. Je devais lui dire que si j'avais tenu c'était grâce à elle. Parce qu'elle m'avait donné la force de le faire. Je n'avais pas su la protéger comme je le devais, il fallait donc que je me rattrape. « Tiens bon Jade », pensais-je. « Je serai bientôt à tes côtés. »
*
J'arrivai dans le centre spécialisé avec Maritza. Selon sa description, le bâtiment était immense et l'intérieur semblait encore moins chaleureux que la façade. En effet, je pouvais ressentir une aura des plus sombres qui me faisait penser plus à une prison qu'à un hôpital.
- Mesdemoiselles, dit une voix grave derrière moi. Vous ne pouvez pas rester ici.
- Nous venons voir notre sœur, dis-je en me retournant.
- Vous avez une autorisation ? Rétorqua-t-il d'un air mauvais.
Maritza sortit une feuille de son sac et la lui donna.
- C'est bien joli tout ça mais comment j'sais moi que vous êtes de la famille ? Grogna-t-il.
Je pouvais entendre la graisseur de ses cheveux lorsqu'il en plaqua une mèche du peu qu'il lui restait sur le dessus de sa tête.
- C'est ma jumelle. On a la même tête.
- Et vous croyez vraiment que j'connais toutes les têtes de tous les fous qui sont internés ici ?
À ces mots je sentis mes muscles se contracter et mon visage se crisper.
- Retirez ce que vous venez de dire.
- Quoi ? Ria l'homme..
- Ma sœur n'est pas folle.
- Si elle est ici, je doute du contraire !
- Je vais vous dire moi ce que ...
- Quel professionnalisme, me coupa Maritza en s'adressant au réceptionniste. Vos devez vous sentir important assis derrière votre bureau à rabaisser tous ceux que vous voyez. L'homme se contenta de grogner à nouveau. Je suis agent. Je pourrais vous embarquer si je le voulais, reprit-elle d'une voix assurée. Je n'aurais qu'à trouver un motif et boom, vous vous retrouveriez derrière une belle grille. Alors ne me tentez pas.
Fière de ma sœur, je resserrai mon étreinte sur son bras. J'entendis alors des papiers se mélanger, se frotter, avant de sentir la douce brise indiquant que l'homme grossier donnait les informations nécessaires à Maritza.
- Merci de votre amabilité, lança-t-elle ironiquement avant de m'emmener plus loin.
Nous marchâmes plusieurs mètres avant de nous arrêter.
- Vous devez être Mesdemoiselles Cabello, dit une voix féminine.
- C'est bien nous, répondit Maritza. Et vous êtes ?
- Je m'occupe de votre sœur. Si vous voulez bien me suivre, je vous emmène la voir ? Dit-elle gentiment. Elle est dans la salle de repos en ce moment. Elle vient de prendre ses médicaments, alors elle risque d'être un peu molle et fatiguée. Ne vous inquiétez pas, c'est normal.