- JUNGKOOK -

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"La passion est encore ce qui aide le mieux à vivre"

 - Emile Zola


Cela fit seulement une semaine depuis notre retour en Corée, beaucoup de choses avaient changé depuis, les rues, les commerces, l'environnement tout entier. Ayant eu quelques difficultés à trouver un nouveau logement d'urgence, mon oncle nous avait prêté main forte. C'est ainsi que nous nous sommes retrouvés à partager leur habitation, dans cette magnifique et somptueuse demeure à un étage, située en plein cœur de Gagnam. Mon oncle avait deux enfants, l'ainée, âgée de 11 ans et le dernier, âgé de 6 ans. Il est le second fils de la famille Jeong, tandis que père, quant à lui, en est l'ainé. Depuis une semaine je partageais donc la chambre du dernier. Je n'ai connu aucun de mes deux cousins et cousines, cela est donc la première fois que je les rencontre.

Alors que je terminais d'ajuster convenablement ma veste sur mes épaules, je jetais un bref coup d'œil par la fenêtre, observant Séoul se réveiller tout doucement, d'une longue nuit de sommeil. Comment allais-je gérer tout cela ? Bien que je sois né sur ce morceau de terre, j'avais la sensation de ne pas y appartenir, comme si je ne l'avais connu. Dans un sens, cela peut être vrai, j'ai finalement grandi une partie de mon enfance et mon adolescence dans le pays voisin, apprenant ses coutumes et sa langue, m'habituant tout doucement, j'ai grandis et vécu là-bas.

Collant le bout de mon nez à la fenêtre, je traçais un cercle invisible sur cette dernière, tout en songeant à la question. Est-ce que je parviendrai à m'intégrer à la société ? Me ferai-je des amis ? Est-ce que mon coréen est suffisamment bon pour que l'on me comprenne ? Allait-on me juger ? Me discriminer, peut être ? Multiples questions sans réponse fusèrent dans mon esprit, en l'espace d'un instant. Je me forçais à ne pas trop y songer, cependant la peur ancrée en moi demeurait toujours. Alors qu'une boule au creux de mon ventre commença à se former, me rongeant tout doucement de l'intérieur, je fis demi-tour et m'en allais rejoindre le reste de la famille, au rez-de-chaussée.

« Yaaah, notre Jungkookie s'est enfin réveillé ! » (Note : J'utiliserai ce surnom, comme si cela lui avait été donné par les membres de sa famille) Me faisant signe de la main d'approcher, mon oncle afficha un large sourire, puis tapota de sa main, la chaise libre à ses côtés, comme s'ils n'attendaient plus que ma venue pour commencer à prendre le petit-déjeuner. « As-tu faim, Jungkook ? » Me questionna ma tante. « Allez, assis-toi donc, et mangeons. » M'ordonna père. Cela me paraissait étrange. Depuis tout petit je n'avais, ou presque, reçu une attention comme celle-ci, aussi chaleureuse et familiale. Pour vous expliquer, bien que je sache, que je compte énormément pour mes deux parents, qu'ils feraient tout pour moi, j'ai reçu très peu d'attention de ce genre. Nous ne mangions jamais ensemble, en famille. Rare étaient les sorties familiales. Père rentrait du travail très tard le soir, quant à maman, elle partait très tôt, travailler le matin, et lorsque je rentrais de l'école, elle était affalée sur le canapé, épuisée par le dur labeur qu'elle accomplissait chaque jour. Je me suis débrouillé comme j'ai pu. Je ne leur en voulais pas, car je devinais combien cela devait être dur pour eux.

Papa était un grand médecin de renommé qui n'avait pas choisis de rester stable dans son job, préférant opter pour la mobilité, il m'avait toujours dis, « Tu sais Jungkook, trouver sa passion est une chose extraordinaire. Rare sont les personnes qui ont la possibilité de faire de leur passion une réalité, chaque jour. Je te souhaite de la trouver. » Est-ce que je devais lui en vouloir après tout cela ? Père avait raison, et j'espérais trouver une passion aussi ardente que la sienne.

Je quittais le domicile familial après que nous ayons terminé de prendre le petit déjeuner. Je souhaitais profiter de ce dernier jour d'évasion avant que la routine ne s'installe. Nous étions en période scolaire, cela faisait une semaine que les jeunes coréens étaient en vacances, pour certains du moins. Demain, tous allaient retrouver leurs habitudes, immergés entre le stress et la compétition. Je ne pouvais critiquer la société actuelle, puisqu'au Japon cela en était de même. Je crois bien que cela n'est pas coutume qu'à une seule société. N'importe quel parent souhaitait la réussite de son enfant, de sa chair. N'importe qui souhaitait que son enfant brille et représente la fierté familiale. Simplement, peut être, le degré différait selon le type de société.

Tout en me souciant de mon avenir, je continuais à longer les murs de chaque habitation, traversant plusieurs passages piétons, croisant d'immenses immeubles, avant de gagner le métro. Errer dans la rue, marcher sans réellement avoir en tête, de point d'arrivé. Se vider tout simplement l'esprit, pour penser à autre chose.

Tandis que la brise du matin venait frapper tout doucement dans ce décor qui prenait plus de couleurs, à chaque minute écoulée, je finis par m'installer dans un coin, laissant mon regard se perdre parmi la rivière Han. Remontant le col de mon manteau d'hiver, je ramenais mes jambes contre mon buste, avant d'y déposer le menton sur mes genoux. Si seulement nos craintes pouvaient s'en aller, tout comme s'en va le courant, vers d'autres horizons, je me porterais sans doute mieux. La tête enfouie entre mes bras que j'avais déposés sur mes genoux, je tentais de me rassurer du mieux que je pouvais. « Ce n'est qu'une étape de la vie. Tout ira bien. »

Les minutes s'écoulèrent, puis les heures. Avant que la foule n'arrive en masse, je décidais de me rendre à l'Université, tenté de m'accoutumer une dernière fois, à l'environnement. Qu'importe, de toute évidence, demain je devrais y faire face, prêt ou non, je n'avais le choix.

Lorsque j'arrivais à destination, je sortis ma carte étudiante qui me donnait accès à l'intérieur des bâtiments. Des personnes du public semblaient déjà travailler depuis bonne heure. Quelques étudiants étaient également présents. Lâchant un léger soupir pour faire disparaître ce stress, je finis par rentrer à l'intérieur avant de m'incliner face au gardien des lieux, en guise de salutations. Je pénétrais d'avantage, m'engouffrant sans même savoir où j'allais. Et ce fut seulement à quelques mètres après avoir atteint le second étage, dans l'un des nombreux couloirs du bâtiment, que je remarquais une personne de l'autre côté du couloir. Une silhouette féminine si l'on en jugeait le vêtement que la personne portait. Je m'avançais lentement sans faire de bruit, tandis qu'elle restait immobile sur place, comme si, elle semblait préoccupé par quelque chose.

I AM WAITING FOR YOU, MY LOVEWhere stories live. Discover now