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D'indécentes et avides lèvres longèrent la peau sensible de son cou. Au lieu de paniquer ou de frapper l'inconnu osant perturber son sommeil tant souhaité, Amara s'arqua pour mieux s'exposer aux caresses. Il s'agissait d'un de ces étranges rêves ou tout lui paraissait si réel, qu'elle ne parvenait même plus à distinguer le vrai du faux. Enfant, sa mère l'avait amenée consulter des spécialistes en quête d'une solution miracle. Ses terreurs nocturnes étaient si terribles, qu'il lui arrivait de se réveiller avec des blessures.
Conséquence d'une absence de figure paternelle, avait-il diagnostiqué l'un des psychologues. C'était à mourir de rire! Son père fantôme n'avait aucun lien avec ses cauchemars de guerre, de torture, ou de tout autres horreurs qui auraient fait rougir Stephen King et Alfred Hitchcock. Chassant les songes de ses souvenirs, Amara se laissa ensevelir par l'odeur virile d'épices d'automnes et de sapin émanant de l'homme aux mains baladeuses. Aucune de ses alarmes internes ne retentissait.
Pas la moindre intuition négative ne murmurait à son oreille de déguerpir. Détendue comme jamais elle ne l'avait été, la jeune femme fronçait soudain ses épais sourcils. Elle connaissait l'identité de cet inconnu, sans parvenir à y mettre un prénom. Sa prestance masculine, le rythme des battements de son coeur et sa profonde respiration perçaient son âme, telle une mélodie inoubliable. C'était complètement absurde, même pour un rêve érotique. Ensorcelée, Amara s'abandonnait aux caresses de son fantasme.
Avec possessivité, les mains expertes bougèrent sur son corps peu vêtu, remontant de sa hanche à sa clavicule. Oh oui, elle n'avait plus aucun doute maintenant. Elle avait plus d'une fois rêvé de lui. L'homme aux yeux aussi ombrageux que l'océan lors d'un ouragan de catégorie cinq. Il ravageait son sommeil, depuis que ses hormones s'étaient manifestées. Court-circuitant ses réflexions, les forts bras de l'homme la pressèrent contre son torse. Elle ne pouvait empêcher ses mains de le toucher avec la même avidité. Haletante, Amara eut l'étrange impression d'être à la place qu'elle devait être. Dans les bras de cet inconnu qui ne cessait de la hanter... Ils s'emboîtaient l'un à l'autre ne formant qu'une seule entité. Ses longs cheveux bruns en batailles s'entremêlèrent aux doigts de l'homme. Il la vénérait sans aucune pudeur.
D'un mouvement aussi vif que maîtrisé, il la fit pivoter pour qu'elle soit emprisonnée sous son imposante masculinité. L'inconnu encadra son visage avec ses deux grandes mains et la regarda droit dans les yeux, sa bouche n'étant plus qu'à un millimètre. D'une tentation insoutenable, il prit tout son temps. Frôlant la commissure de ses lèvres jusqu'à son cou pour ensuite remonter... Folle du désire de capturer sa bouche aguicheuse, Amara ouvrit les yeux en retenant son souffle. Les prunelles ombrageuses de l'homme luisaient d'une intensité irréelle, autour d'eux l'air crépitait. La peur prit le relais sur le désir. Les yeux de l'homme illuminaient d'une lueur argentée, bordel!
— Amara, j'ai besoin de toi... murmura-t-il l'ensorcelant d'avec sa voix rauque.
Son cerveau déserta, hypnotisé par le regard onirique de l'homme au-dessus d'elle. Amara ne pouvait empêcher son âme de palpiter. La caresse de ses doigts sur son visage éveilla ses sens psychiques sans qu'elle ne puisse les freiner. Le cisaillement d'énergie passa d'elle à lui tel un ruisseau fluide sans cascade.
— Elle doit se souvenir, elle doit se souvenir! résonna la voix masculine dans sa tête.
Venait-elle d'entendre les pensées de l'homme? Cependant, lorsqu'il captura ses lèvres des siennes, plus rien n'eut d'importance. L'Électrifiant toute entières, elle se cambra encore plus. Amara empoignait les imposantes épaules de son amant. Brisant l'intimité, un fracas métallique retentit non loin d'eux. C'est alors que cela vira au cauchemar. Le froid se déversa la faisant frissonner. La pièce devenait de plus en plus noire d'encre.
L'atmosphère se gorgeait de flammèches de pure violence et l'homme toujours en appui au-dessus d'elle articula des paroles qu'elle ne comprit pas. Sa voix étouffée ne parvenait pas à percer le brouillard obscur! Même en usant de sa connexion énergétique, rien de résonnait. Les traits sévères de son visage se contractèrent de douleur et Amara baissa les yeux. Une plaie béante marquait maintenant son torse auparavant intact... Du sang dégoulina sur elle, accentuant l'horreur.
Amara hurlait à sans broyer les cordes vocales tentant en vain de l'aider. Elle fit une compression sur la blessure en utilisant un morceau déchiré de couverture. Elle invoquait l'énergie curative de se manifester en vain. Pas le moindre fourmillement ne se produisait. Quelque chose entravait sa force psychique faisant barrière à ce qu'elle puise guérir l'inconnu! L'hémorragie ne s'arrêtait toujours pas, faisant couler le liquide vital jusqu'à sa dernière goutte. Il n'y avait plus que du sang sur elle. Partout. L'homme la regardait avec sérénité, devenu aussi translucide qu'un cadavre. Les larmes embuèrent les sombres yeux d'Amara et le noir l'engloutit...
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NOUVELLE VERSION / 2019
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Flagellas : L'éveil du psychisme RÉÉCRITURE
FantasíaVous connaissez l'histoire du vilain petit Canard? Ce petit animal faisant tache parmi les siens. Voilà une analogie qu'Amara Dassilva adore, puisqu'elle-même est aux antipodes de sa famille. Bientôt ses dons parapsychiques la plongeront dans des s...